La 3e étoile montante

A 19 ans, la tête de série n°9 de l'US Open est devenue la première joueuse russe à s'imposer à Flushing Meadows. Mais la 3e à s'imposer en Grand Chelem cette année. Avec Anastasia Myskina, en pionnière du genre à Paris, et Maria Sharapova à Londres, la toile russe s'étale aux quatre coins de la planète. Reste Melbourne en janvier... mais pour quelle Russe ?

Car c'est à présent la question que nous sommes en mesure de nous poser légitimement. L'essor du tennis russe, indéniable cette année, se cherche encore un leader. Si Myskina est la mieux placée, la n°3 mondiale n'en est pas moins talonnée de près par ses nombreuses compatriotes, Dementieva (n°6), Sharapova (n°7) ou encore Kuznetsova (n°9). Sans oublier Zvonareva (n°10) et Petrova (n°14), quart-finaliste et demi-finaliste à Roland Garros 2003, Bovina (n°19), quart-finaliste à l'US Open 2002 et Likhovtseva (n°24), finaliste du double dames avec Svetlana Kuznetsova à l'US Open 2004...

Et pourquoi pas Svetlana Kuznetsova ? Après Maria Sharapova, c'est la plus jeune des Russes dans le top 10. Peut-être l'une des moins expérimentées, cette native de Saint-Pétersbourg n'en est pas la moins titrée. A ce jeu-là, c'est Anastasia Myskina qui la supplante avec 8 titres à son actif, dont une victoire à Roland-Garros, contre 4 victoires et un succès à New York.

Rageant contre elle-même après avoir gâché une balle de match contre Myskina à Roland Garros, Kuznetsova s'était jurée de faire comme sa compatriote et de décrocher un titre du Grand Chelem. Elle pourra donc largement se consoler assez vite, en constatant également qu'elles ont, en 2004, le même palmarès. Même mieux car la jeune Russe est aussi en lice pour un doublé historique...

Car la domination russe sans partage sur le territoire américain s'étend même jusqu'au double féminin qui a failli voir une finale féminine similaire! Kuznetsova, en duo avec Elena Likhovtseva, jouera également en finale du double dames face à la paire n°1 mondiale Ruano Pascual/Suarez. Il faut savoir que les Sud-Américaines ont bénéficié du forfait de la paire Sugiyama/Dementieva en raison du match marathon entre cette dernière et Jennifer Capriati en demi-finales du simple dames...

2004 est l'année de révélation des poupées russes sur la scène internationale. Et ça, les Américaines l'ont bien compris. Impuissantes face à l'armada russe, les Williams, Davenport et Capriati ont payé le prix fort de leur montée en force. C'est notamment au classement WTA que cela est visible : cinq Russes sont désormais ancrées dans le top 10 contre seulement deux Américaines. Ce duo qui fait de la résistance n'est autre que Lindsay Davenport et Jennifer Capriati, demi-finalistes de l'US Open cette année, battues par Svetlana Dementieva et Elena Dementieva.

Mais n'était-ce pas prévisible ? Avec une marge de progression énorme, commencée par une présence deux années de suite en demi-finale de Fed Cup, confirmée avec trois victoires russes différentes en Grand Chelem cette année, la Russie devient indéniablement un grand cru du tennis mondial.

Au point de chasser les soeurs Williams du top 10 du classement mondial pour mieux s'attaquer maintenant aux joueuses belges Clijsters et Hénin. Amélie Mauresmo, toute fraîche n°1 mondiale, a du donc du souci à se faire. D'autant qu'elle s'est déjà faite une bête noire, Elena Dementieva, qui l'a battue deux fois en quart de finale de Grand Chelem...