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D'accusé de dopage à vainqueur de Grand Chelem à l'US Open, l'incroyable résilience de Marin Cilic

Sébastien Petit

Publié 09/09/2014 à 07:40 GMT+2

Occupé à laver son honneur l'année dernière, Marin Cilic était à cent lieux de penser qu'il serait le successeur de Rafael Nadal à l'US Open un an plus tard.

Marin Cilic vainqueur de l'US Open 2014

Crédit: AFP

Et dire qu'il y a un an, Marin Cilic passait la quinzaine de l'US Open chez lui, à ruminer. En regardant la victoire de Rafael Nadal à la télévision, il était encore très loin de se douter qu'il serait le prochain à soulever le trophée à New York. A l'été 2013, l'ITF révélait le contrôle positif du Croate à un stimulant lors du tournoi de Stuttgart au mois de mai. Son monde s'est écroulé d'un coup avec comme suite implacable une suspension pour neuf mois du circuit ATP, soit jusqu'au 31 janvier 2014. Après avoir été mis à l'écart quatre mois finalement, suite à une décision du TAS, il a finalement pu rejouer en toute fin de saison 2013. Avec la rage au ventre. Et la ferme intention de crier sur tous les toits que c'était une grossière erreur.
"Cela a été le pire moment de ma vie, témoignait-il à son retour à la compétition au Masters 1000 de Paris-Bercy. Les gens me téléphonaient et me disaient que j'étais un tricheur, que j'étais dopé. C'était l'inverse de ce que j’avais essayé de faire. Je ne me suis jamais dopé avec quoi que ce soit. ils m’ont accusé d’avoir pris une substance interdite, la nikethamide. Or c'était faux. J'ai été victime d'une erreur d'analyses. Je m'en suis rendu compte quelques jours plus tard. C'est ce qui a permis de résoudre l’affaire au bout du compte. Le choc a été énorme d'apprendre que j'étais positif à une substance qu'ils n'avaient pas vue dans les analyses. Je ne sais pas si c'est une erreur, une négligence, mais cela aurait pu avoir un impact énorme. Ils ont essayé de m'imposer une sanction de 24 mois... Si je ne m'en étais pas rendu compte, je ne serais pas là aujourd'hui."
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Marin Cilic champion de l'US Open 2014

Crédit: Getty Images

Le match en cinq sets contre Simon qui a été crucial
Et pas là non plus à New York, à se demander désormais comment il allait dépenser ce chèque de trois millions de dollars gagné à l'issue d'une finale rondement maîtrisée face à Kei Nishikori (6-3, 6-3, 6-3). "Quand je suis revenu sur le circuit, j'ai effacé tout le négatif et je n'ai gardé que le positif, cela m'a rendu plus fort, plus concentré sur mes objectifs", avait-il encore expliqué. Neuf mois plus tard, cela s'est effectivement vu lors de cette quinzaine où le Croate a passé tous les obstacles avec une imposante abnégation. Si sa victoire finale sur le Japonais a été le point final de sa quinzaine historique, celle-ci s'est dessinée lors des précédents matches lors desquels il a éliminé Tomas Berdych, puis Roger Federer de la même manière : en trois sets.
"C'est le match en cinq sets contre Simon qui a été crucial, rectifie Goran Ivanisevic, son entraîneur qui n'a eu de cesse de vanter les mérites de son poulain. Parce qu'il n'avait jamais battu Simon". Beaucoup d'observateurs avaient même misé les yeux fermés sur une victoire du Niçois lors de leur huitième de finale. Le Français a finalement perdu le match en cinq manches (5-7, 7-6, 6-4, 3-6, 6-3) après plus de quatre heures de jeu. Et le Croate a gagné ce match-référence qui lui a fait un bien fou. Comme Wawrinka l'avait eu face à Djokovic à l'Open d'Australie avant de s'y imposer en début de saison.
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Goran Ivanisevic

Crédit: Eurosport

Cela me paraît irréel d'être présenté comme un vainqueur d'un Grand Chelem
"Dans ce cinquième set, Marin a réalisé surtout qu'en étant agressif, il pouvait gagner. Et après ça, il y a eu un déclic dans sa tête qui lui a permis d'enchaîner neuf sets de suite contre Berdych, Federer et Nishikori", a-t-il expliqué. "Je ne savais pas qu'il pouvait jouer dix sets comme ça. Dix sets, vous vous rendez compte ? Personne ne peux jouer dix sets parfaits à la suite comme ça ! C'est ahurissant ! Il a joué aujourd'hui comme s'il avait déjà disputé vingt finales du Grand Chelem. Il était beaucoup plus relax que Nishikori et c'était la clé. Maintenant, je peux prendre ma retraite".
Depuis novembre 2013, moment où Cilic a pu reprendre une activité normale sur le circuit ATP, Goran Ivanisevic ne le quitte plus d'une semelle. Le vainqueur de Wimbledon 2001 avait flairé depuis longtemps le fort potentiel de ce garçon qui était déjà demi-finaliste à Melbourne il y a quatre ans, mais n'avait encore jamais franchi le pas de le prendre sous son aile à temps plein. Après cette période trouble, le grand Goran a décidé de porter son protégé. Ensemble, ils ont commencé par remporter deux titres à Zagreb et Delray Beach. Signé quelques victoires importantes face à Murray à Rotterdam, Isner en Floride, Berdych à Wimbledon. Accroché Djokovic à Londres et Federer à Toronto. Avant cette quinzaine magique qui a porté Cilic comme le deuxième nouveau vainqueur en Grand Chelem révélé en 2014.
"Goran est essentiel dans ma victoire, a tenu à souligner Cilic. Il m'a apporté son savoir du tennis et le plaisir. Il m'a dit que je passais trop de temps à penser à la tactique et pas assez à mon jeu. Il a fallu changer mon approche et mon état d'esprit, il a fallu cinq-six mois pour que j'intègre cela. Maintenant je suis sur le toit du monde ! Mais pour cet US Open, nous, le second cercle, nous avons eu de la chance. Murray est de retour d'une blessure au dos, Nadal n'était pas là, Wawrinka a des hauts et des bas depuis son titre en Australie. Cela me paraît irréel d'être présenté comme un vainqueur d'un Grand Chelem..." La victoire de Wawrinka à Melbourne a donc fait bien plus qu'inspirer les joueurs cachés dans l'ombre des Nadal, Federer et Djokovic. Alors, quels seront les autres à entrer dans la lumière en 2015 ?
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Ferrer, Raonic, Tsonga, Dimitrov et Berdych en 2014

Crédit: Panoramic

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