Avant d'affronter Roger Federer, Richard Gasquet a 100% de réussite en quart de Grand Chelem

Ce qui est bien avec les statistiques, c'est qu'on peut leur faire dire beaucoup de choses. Et il y en a une dont Richard Gasquet peut être quand même fier : celle de sa totale réussite en quart de finale de Grand Chelem. Peu de joueurs peuvent en dire autant. Alors à l'heure d'affronter Roger Federer à l'US Open, pour s'ouvrir à nouveau les portes d'un dernier carré, rien de tel qu'une bonne piqûre de rappel.

Le contexte: Aux portes du Top 10 mondial à l'été 2007, le Français arrive à Londres sur la pointe des pieds. Il a déjà joué trois huitièmes de finale en Grand Chelem, sans voir la lumière au bout, dont le dernier à l'Open d'Australie quelques mois plus tôt. Placé dans une partie de tableau désertée par Andy Murray, il réussit un parcours sans-faute en éliminant trois Français du 2e au 4e tour. Le dernier, remporté face à Jo-Wilfried Tsonga, le propulse pour la première fois en quart de finale d'un tournoi majeur.

Le match : Epique. Opposé à un Roddick alors double finaliste à Londres, qui n'a pas perdu un set de la quinzaine, et invaincu face au Biterrois, Gasquet semble s'engager dans un combat déséquilibré. Sentiment confirmé après la perte des deux premiers sets 6-4, 6-4. L'Américain mènera même 4-2 dans la troisième manche. Cela va sonner le réveil de Richard. Il parvient à refaire son retard pour finalement enlever la troisième manche au tie-break, puis la quatrième aussi au jeu décisif et repousser ses limites. La dernière manche, remportée 8-6, sera fabuleuse, faisant alors de ce match "le plus abouti de sa carrière".

La portée de sa victoire : Si son parcours s'est arrêté net au tour suivant face au futur vainqueur, Roger Federer, cela lui a permis d'entrer pour la première fois de sa carrière dans le Top 10 mondial, à la septième place. Il découvre qu'en se faisant violence et en lâchant ses coups, il peut rivaliser avec les meilleurs joueurs. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il va devoir attendre six ans avant de confirmer cela.

Le contexte : Après son coup d'éclat à Wimbledon, Gasquet a passé plusieurs saisons difficiles. Entre les changements de structure, les blessures et une sombre histoire de contrôle positif à la cocaïne en 2009, le Biterrois a mangé son pain noir. Et après 11 échecs de suite en huitième de finale de Grand Chelem, dont un épique face à Wawrinka à Roland-Garros en 2013, Richard sort enfin la tête de l'eau à l'US Open. Et ce, grâce à une victoire serrée face à Milos Raonic, au bout de 4h40 de jeu, en sauvant au passage une balle de match dans le 4e set (6-7, 7-6, 2-6, 7-6, 7-5).

Le match : Etonnant. Opposé à David Ferrer face à qui il accuse un ratio largement négatif, Gasquet fait la course en tête dans ce match en menant deux sets à rien. Mais l'Espagnol, en bon dur à cuire qu'il est, refait peu à peu son retard. Et emmène Gasquet dans un cinquième set où tout est possible. Au courage et surtout au mental, le Français parvient finalement à tenir tête au numéro quatre mondial en empochant la victoire en prenant le jeu à son compte.

La portée de sa victoire : Son image de joueur friable mentalement et physiquement en a enfin pris un coup. Après ses déboires, le joueur de 27 ans a fait preuve d'une maturité retrouvée et d'une attitude de gagneur peu aperçue dans sa carrière. Cela ne l'a pas empêché de perdre en demi-finale face à Rafael Nadal, futur vainqueur de l'épreuve (6-4, 7-6, 6-2). Mais à l'époque, le Majorquin était la terreur des courts, n'ayant perdu que deux matches sur ses 58 précédents. Pas trop de place aux regrets ici.

Le contexte : Après une saison 2014 où la Coupe Davis a pris le pas sur les prétentions personnelles, Gasquet reprend le fil en 2015. Il rejoue son premier huitième de finale majeur depuis un an et demi à Roland-Garros, où Novak Djokovic l'élimine sans ménagement (6-1, 6-2, 6-3). Puis tutoie de nouveau les sommets dans la foulée, sur le gazon de Wimbledon, là où il avait réalisé son premier coup d'éclat huit ans plus tôt.

Le match : Bluffant. Encore une fois, c'est en cinq sets que le Français a trouvé la voie du succès. Et encore une fois, c'est au prix d'un effort surhumain au bout d'un cinquième set au suspense haletant qu'il a été payé. Cette fois-ci, c'est Stan Wawrinka qui était en face. Le "nouveau" Stan, version double vainqueur en Grand Chelem et récent lauréat à Roland-Garros. Après avoir été frustré par le Suisse deux ans plus tôt à Paris, c'est le Biterrois qui a eu le dernier mot cette fois-ci. A 10-9, après trois balles de match, le Français a sorti un dernier jeu incroyable qui l'a propulsé au tour suivant. Au mental, une fois de plus.

La portée de sa victoire : Il a confirmé que mentalement et physiquement, Gasquet était largement un joueur de niveau Top 10. Malheureusement, pas encore de niveau "Big Four". En demi-finale, c'est encore le futur vainqueur, Novak Djokovic, qui a eu raison de sa belle quinzaine londonienne. Pas de chance. Encore une fois, peu de regrets ici, le Serbe évoluant sur une autre planète cette saison. Malgré toute sa bravoure, Gasquet n'avait pas les armes pour espérer aller plus loin ce jour-là.