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Et là-haut, sur la montagne, Djokovic a retrouvé sa voie

Laurent Vergne

Mis à jour 10/09/2018 à 14:36 GMT+2

US OPEN 2018 – Incontestable homme de l'été, Novak Djokovic a raconté dimanche comment il avait tourné la page d'un Roland-Garros qu'il avait quitté sur une colère noire. C'est en se ressourçant dans les montagnes françaises que le Djoker a posé les bases de son nouveau départ.

Novak Djokovic, à nouveau au sommet.

Crédit: Getty Images

Trois mois séparent la conférence de presse surréaliste dans la petite salle d'interview, moins de quatre minutes après sa sortie du Suzanne-Lenglen où il venait d'être battu par Marco Cecchinato en quarts de finale de Roland-Garros, de celle de dimanche à Flushing Meadows. A Paris, les réponses n'avaient pas excédé deux mots. "J'étais très, très déçu après avoir perdu contre Cecchinato, explique-t-il. J'avais recommencé à bien joué à Rome, je jouais bien à Roland-Garros et j'avais l'impression d'être tout près. Ce jour-là, j'ai pensé que je m'étais laissé tomber moi-même."
Excédé, il avait même lancé qu'il n'irait peut-être pas à Wimbledon. Evidemment, avec le recul, cela fait sourire. Cette fois, Novak Djokovic a pris son temps pour parler. Sa première réponse après sa finale victorieuse contre Juan Martin Del Potro a probablement été plus longue que l'intégralité de sa dernière conférence de presse parisienne. Le Serbe s'est épanché. D'où il est revenu, où il se (re)trouve aujourd'hui… Et il a pointé un moment précis, entre Paris et New York, entre juin et septembre, qu'il voit comme un tournant. Ce n'était pas un match auquel il faisait référence.

Là-haut, sur la montagne

La scène se passe juste après Roland-Garros. Djokovic raconte : "Il fallait que je déconnecte. Avec ma femme, nous sommes allés dans les montagnes françaises pendant cinq jours. Nous nous sommes juste isolés et j'ai regardé les choses sous une autre perspective. Je me souviens d'un moment très précis. Nous étions vraiment très haut après avoir marché pendant trois heures. Arrivés au sommet, nous nous sommes assis et nous avons juste regardé le monde depuis là-haut. Juste pris notre respiration, chercher une nouvelle inspiration. J'ai pensé au tennis, à toutes les émotions que le tennis m'avait apportées. J'ai juste eu l'impression d'être envahi par une nouvelle vague d'énergie."
Pour la petite histoire, invité à dire de quel sommet il s'agissait, Nole a parlé de la "Montagne Victoire". La bien... et mal nommée. Il parlait, sans doute, de la Montagne Sainte-Victoire. Peu importe. "Je vous conseille vraiment de la gravir, plein de bonnes choses vont arriver dans votre vie après je pense", a-t-il ajouté dans un éclat de rire. Il ne suffit probablement pas de marcher trois heures en altitude pour redevenir le maître du tennis mondial mais toujours est-il que, depuis, Novak Djokovic traverse une période inédite pour lui depuis deux ans. "J'ai fait finale au Queen's, gagné Wimbledon, Cincinnati, l'US Open… Je vais retourner en montagne très bientôt".
Ses six derniers mois ont quand même de quoi donner le tournis. En mars, à Indian Wells et Miami, il avait presque touché le fond lors de son retour. Il n'était pas prêt et loin d'être au niveau requis pour jouer dans sa cour, celle des grands. "Si vous m'aviez dit en février, quand je me suis fait opérer, que je gagnerais Wimbledon, Cincinnati et l'US Open, j'aurais eu du mal à le croire, avoue-t-il. Mais en même temps, une partie de moi continuait d'espérer que je pourrais retrouver le niveau désiré. En fait, je pensais revenir assez vite après l'opération, mais il m'a fallu trois-quatre mois pour vraiment revenir."
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Novak Djokovic vainqueur de Wimbledon 2018

Crédit: Getty Images

Etre patient, ça n'a jamais été un de mes points forts
Au cours de ces douze mois qui séparent son abandon à Wimbledon en 2017 de son retour triomphal au même endroit en juillet 2018, Djokovic dit avoir "appris la patience". "Etre patient, ça n'a jamais été un de mes points forts, mais j'ai dû composer avec, admet-il. Il faut du temps pour que tout se remette en place. Je pense avoir pas mal appris sur moi-même pendant cette période."
Ce troisième doublé Wimbledon-US Open de sa carrière a quand même un parfum d'inattendu, il le sait. Pas question de toute façon pour lui de comparer avec les deux précédents, en 2011 et 2015, soit pendant ses deux périodes de domination les plus intenses sur le circuit. "Je ne veux pas penser à ce genre de trucs, prévient-il. Je sais que vous aimez me demander, en pourcentage, où j'estime me situer par rapport à il y a trois ou quatre ans mais ce n'est pas mon truc. Mon équipe sait ça, ma famille sait ça, je n'aime pas du tout jouer au jeu des comparaisons, dire 'c'est comment par rapport à telle ou telle année.'"
Il dit être aujourd'hui "sur un autre plan". Plus le même joueur, plus le même homme. "En deux ans, ma vie a été complètement chamboulée. J'ai vécu des choses différentes. J'ai été blessé, je suis père de famille. On peut bien sûr apprendre plein de choses en regardant son passé, mais je veux profiter du moment présent. Les deux derniers mois ont été fantastiques." Dimanche soir, Roland-Garros et son mois de juin semblaient plus loin que jamais de New York.
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