Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open - Naomi Osaka ne le doit qu'à elle-même

Louis Pillot

Mis à jour 09/09/2018 à 11:59 GMT+2

US OPEN - La polémique née des propos de Serena Williams envers l’arbitre ne doit pas le faire oublier : Naomi Osaka, victorieuse de son premier titre en Grand Chelem à seulement 20 ans au bout d’un match et d’un tournoi presque parfaits, ne doit sa victoire qu'à elle-même.

Naomi Osaka of Japan poses with the championship trophy after winning the Women's Singles finals match against Serena Williams of the United States on Day Thirteen of the 2018 US Open at the USTA Billie Jean King National Tennis Center

Crédit: Getty Images

La soirée devait s’achever en fanfare sur le court Arthur-Ashe samedi. Au lieu de cela, elle s’est terminée en cacophonie. Dans le bruit et la fureur, Naomi Osaka est devenue à 20 ans la première Japonaise à remporter un titre en Grand Chelem, en battant son idole Serena Williams (6-2, 6-4). L’exploit, véritable, a pourtant été étouffé. La faute aux invectives remarquées de son adversaire envers l’arbitre, après plusieurs décisions en sa défaveur. Pour autant, Osaka ne doit pas sa victoire qu’au scénario tragicomique de la rencontre, et au pétage de plombs de l’Américaine. Loin de là.
Ce serait, tout d’abord, omettre que la Japonaise a réalisé un tournoi quasi-parfait. Elle n’a perdu qu’un seul set, en huitième de finale face à Aryna Sabalenka (6-3, 2-6, 6-4), l’une des joueuses en forme du moment. Le reste du temps ? Deux bulles collées à Aliaksandra Sasnovich au troisième tour (6-0, 6-0), une leçon à Lesia Tsurenko en quarts (6-1, 6-1), et une victoire sans trop d’accrocs face à Madison Keys en demies (6-2, 6-4). Le tout, avec trois matches bouclés en moins d’une heure.
Sa finale n’a pas fait exception. En dépit du contexte forcément particulier, Osaka l’a gérée à la perfection, en particulier dans les moments chauds. Son débreak immédiat, alors que Williams menait 3-1 dans la deuxième manche, a définitivement fait basculer le match de son côté - et Serena du mauvais. Son dernier jeu de service, lui, a été un modèle, comme durant la majorité du tournoi. Une preuve supplémentaire, en plus du contrôle nouveau apporté à son jeu, de l’étoffement de sa palette - à 20 ans seulement, encore une fois.

"Je ne me sentais plus comme l’outsider"

Rien n’est jamais simple pourtant, lorsque l’on tutoie les sommets à cet âge. Les derniers mois de Naomi Osaka, depuis sa victoire à Indian Wells en mars, avaient été difficiles : élimination au premier tour à Cincinatti et à Montréal, au second tour à Washington… La Japonaise s’en était expliquée le mois dernier, via quelques lignes publiées sur Twitter : "J’ai subi beaucoup de pression au début de la saison sur dur, parce que j’ai ressenti beaucoup d’attente à cause d’Indian Wells et je ne me sentais plus comme l’outsider, ce qui est un sentiment totalement nouveau pour moi. À Cincinnati (...), j’ai enfin ressenti le plaisir de jouer au tennis, ce qui n’était pas le cas depuis Miami."
Rien de tout cela n’a transpiré samedi. Au contraire : c’est comme si Serena Williams, 37 ans et 23 titres de Grand Chelem, s’était fait avoir à l’expérience. Quand son adversaire perdait ses nerfs, la Japonaise était bien au chaud dans sa bulle : "Je n'ai pas vraiment entendu quoi que ce soit parce que j'étais tournée, donc je ne savais pas vraiment qu'il se passait quelque chose sur le moment. (...) J’ai senti que je ne devais pas me laisser submerger par mes nerfs, et que je devais simplement me concentrer sur le fait de jouer au tennis, car c’est ce qui m’avait amené jusqu’ici."

"Je suis désolée"

Devoir faire face aux huées après une telle démonstration de maîtrise a sans doute été l’une des épreuves les plus difficiles de la quinzaine d’Osaka. À tel point que la future 7e joueuse mondiale s’est presque excusée d’avoir gagné, après le match : "Je sais que tout le monde soutenait Serena, et je suis désolée que ça se termine comme cela." Il a fallu que l’Américaine, à l’origine du tapage, y mette un terme : "Elle a très bien joué, et c’est son premier Grand Chelem. Je sais que vous étiez derrière moi, mais faisons de ce moment le meilleur possible, et donnons du crédit à ceux qui le méritent."
La Japonaise, elle, ne s’est pas montrée rancunière en conférence de presse : "Je ne sais pas ce qui s’est passé sur le court. En ce qui me concerne, je me souviendrai toujours de la Serena que j’aime." Malgré la cacophonie, Osaka se souviendra également du moment où elle a soulevé le trophée - et où elle a failli le faire tomber. Sans doute par manque d’habitude. Cela devrait venir, dans les prochains mois. Et cette fois, les fanfares devraient prendre le dessus sur les huées.
picture

Osaka : "Je sais que tout le monde soutenait Serena, je suis désolée"

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité