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Djokovic n'est pas le premier à être disqualifié en Grand Chelem : les autres cas qui ont précédé

Alexandre Coiquil

Mis à jour 07/09/2020 à 13:34 GMT+2

US OPEN - La disqualification de Novak Djokovic n'est pas une première dans l'histoire de l'Ere Open en Grand Chelem en simple messieurs. Il est officiellement le troisième joueur à subir une décision aussi radicale de la part des officiels. On vous propose de revenir sur tous les cas qui ont précédé celui du Serbe. Avec un cas spécial en prime.

John McEnroe lors de l'Open d'Australie 1990

Crédit: Getty Images

Open d'Australie 1990 : John McEnroe avait la langue bien pendue

8e de finale
Vainqueur : Mikael Pernfors (Suède)
Disqualifié : John McEnroe (Etats-Unis)
Score : 1-6, 6-4, 5-7, 4-2, def.
Qui d'autre que John McEnroe pouvait devenir le premier joueur de l'Ere Open à être disqualifié en Grand Chelem ? Et bien le Mac s'est évidemment exécuté, et cet événement sera une première dans sa carrière. Étonnant et tardif timing vu le pedigrée du bonhomme. Le 21 janvier 1990, l'Américain réussit l'exploit de se prendre trois avertissements lors de son 8e de finale face au Suédois Mikael Pernfors. Le Suédois est un visage connu du grand public puisqu'il s'était signalé quatre ans auparavant en atteignant (et perdant) la finale de Roland-Garros 1986.
Privé de succès en Grand Chelem depuis six ans et toujours en quête d'un premier sacre aux Antipodes, McEnroe, qui arrive presque au bout de sa carrière, va passer un sale moment face au Suédois. Plutôt sur la pente descendante, l'Américain joue pourtant très bien en début d'année 1990. Certains ne l'avaient plus vu à ce niveau depuis cinq bonne années.
Tout débute au troisième set de ce duel qui va passer en quelques minutes d'un bon match de tennis à un psychodrame. Les deux hommes ont chacun un set dans la besace. A 2-1 en sa faveur, après le changement de côté, McEnroe récupère des balles pour servir et se dirige vers une juge de ligne. Il la toise du regard tout en faisant rebondir une balle sur le tamis de sa raquette. Gerry Armstrong, sur la chaise, n'hésite pas : il colle un avertissement à l'Américain, peint à la crème solaire, qui vient parlementer près de la chaise après coup.
Rendez-vous ensuite au 4e set : le deuxième avertissement tombe après un jet épidermique de raquette de la part du teigneux gaucher, déjà énervé par les cris d'un bébé quelques minutes auparavant ("Donnez-lui à boire, il est affamé", criera Mac, avant de se faire chambrer par un membre du public une fois la pauvre maman sortie du stade : "On a le droit de respirer John ?"). Point de pénalité et jeu perdu pour la raquette. Appelé sur le court illico-presto par McEnroe, Ken Farrar, le superviseur vient entendre les plaintes de l'Américain qui ne comprend pas pourquoi il a été pénalisé. "Votre raquette est cassée", observe-t-il. "Cassée ? Non elle ne l'est pas. C'est cassé quand on ne peut plus jouer avec. Vous voulez jeter un oeil ?", lui retorque le Mac, furax.
Inflexible, le superviseur confirme la sanction et appelle au retour du jeu. Sauf que McEnroe lui glisse des mots doux bien audibles, avant de balancer un "F.... ...". Farrar fait volte-face et le signale à Armstrong qui annonce un dernier avertissement, mais celui-ci est synonyme de disqualification. Sans voix cette fois, McEnroe restera prostré un long moment et pliera bagages. Il prendra une amende de 6500 dollars. Un tel événement n'était plus arrivé en Grand Chelem depuis 1963 et l'exclusion de l'Espagnol (né en Colombie) Willie Alvarez à Roland-Garros.

Wimbledon 1995 : Jeff Tarango invente l'auto-disqualification

3e tour
Vainqueur : Alexander Mronz (Allemagne)
Adversaire : Jeff Tarango (Etats-Unis)
Score : 7-6(6), 3-1 def.
Ce 1er juillet 1995, Jeff Tarango, 80e mondial, est un peu nerveux. Lui qui n'avait jamais gagné un match à Wimbledon a une occasion unique de rallier la deuxième semaine. Il vient d'éliminer Medvedev et part favori face à un adversaire classé 117e et surtout connu pour être l'ex de Steffi Graf.
Mais Jeff, crispé, perd le 1er set. Il est mené 2-1, 15-30 dans le 2e. Là, le gaucher de 26 ans sert un ace extérieur, annoncé faute. L'arbitre français, Bruno Rebeuh, overrule mais ne lui accorde pas l'ace. Il fait rejouer le point, à la grande fureur du joueur qui, en plus, le perd.
15-40, donc. Balle de break. Tarango fulmine. Quelques spectateurs le chatouillent. Il se tourne vers eux et leur hurle un "shut up" ("taisez-vous") qui lui vaut un avertissement. Cette fois, la moutarde lui monte au nez. Il réclame la venue de Gilbert Ysern, superviseur, français lui aussi, en qui il a confiance. Mais c'est le Suédois Stefan Fransson qui débarque et lui intime l'ordre de jouer.
Tarango s'y résout, non sans traiter Rebeuh d'arbitre "le plus corrompu du circuit". Ce qui lui vaut un point de pénalité, synonyme de jeu et donc de break. C'en est trop pour le bouillant Californien qui prend ses affaires et s'en va sans demander la note. A la stupeur générale, il devient le premier joueur à s'auto-disqualifier d'un Grand Chelem.
Mais l'affaire n'en reste pas là. En sortant du court, Bruno Rebeuh se fait gifler par l'épouse (française...) de Tarango. Cette dernière vient ensuite justifier son geste lors d'une conférence de presse surréaliste au cours de laquelle son époux est en train de vider son sac. Tarango accuse l'officiel français de favoriser ouvertement certains joueurs dont il est proche - il cite notamment Marc Rosset - et explique en avoir déjà été victime par le passé.
Mais ses explications ne seront pas retenues. Il écopera d'une lourde amende (plus de 60 000 $), plus une suspension de deux Grands Chelems, finalement réduite à un seul après avoir formulé des excuses écrites à Bruno Rebeuh. Ce dernier, lui, sera blanchi. Mais il ne se remettra jamais vraiment de cet épisode...

Roland-Garros 2000 : Stefan Koubek, un coup de sang de dernière minute

2e tour
Vainqueur : Attila Savolt (Hongrie)
Adversaire : Stefan Koubek (Autriche)
Score : 3-6, 7-5, 6-0, 5-2, def.
Dans sa longue carrière de coach, le sympathique Günter Bresnik en a chapeauté des talents et des caractères : Boris Becker, Thomas Muster, Henri Leconte, Ernests Gulbis... Au début des années 2000, l'Autrichien est aux côtés de Stefan Koubek. Le gaucher joue d'ailleurs son meilleur tennis au début de l'année 2000 et accède même à son meilleur classement en mars (20e).
A Roland-Garros, l'Autrichien accède facilement au 2e tour après une victoire facile contre l'Espagnol Galo Blanco. Au 2e tour, par contre, rien ne va. Koubek remporte le premier set face au modeste Attila Savolt, qui dispute son premier Grand Chelem, avant de plonger suite à des colères répétées et des frictions avec l'arbitre. Un peu du genre à perdre ses nerfs, Koubek va prendre trois avertissements pendant ce match. Le premier pour coaching lors du premier set, une décision qu'il contestera, le deuxième pour un jet de raquette et le troisième pour un excès de langage, qui lui occasionnera d'ailleurs un jeu de pénalité.
Le pire est pourtant à venir : A 5-2 dans le 4e set, alors qu'il est à un jeu de se faire éliminer, Koubek balance sa raquette et celle-ci vient percuter un malheureux ramasseur de balle. Stefan Fransson, l'arbitre de la rencontre, décide alors de le disqualifier. Obligé d'accepter sa sentence, Koubek s'excusera. "J'ai touché un ramasseur de balle avec ma raquette, mais sans le vouloir bien évidemment. Mais c'est arrivé. (...) Je suis déçu que cela soit arrivé, que tout cela soit allé aussi loin, mais c'est arrivé et je ne peux rien faire contre cela." Et le pauvre ramasseur ? "Je suis allé le voir pour lui dire que j'étais désolé. Il a bien évidemment eu peur." Colérique devant l'éternel, Koubek se fera disqualifier une nouvelle fois en 2007 lors d'un match face à Sébastien Grosjean à Metz... pour avoir insulté le superviseur !

US Open 2020 : Novak Djokovic, pour quelques centimètres...

8e de finale
Vainqueur : Pablo Carreño Busta (Espagne)
Disqualifié : Novak Djokovic (Serbie)
Score : 6-5, def.
C'est la dernière disqualification en date. Et elle est tombée sur la tête du joueur le plus important du tournoi : Novak Djokovic. En quête à New York de son 18e Grand Chelem, en l'absence de Rafael Nadal et Roger Federer, le n°1 mondial, invaincu en 2020, fait figure de grand favori à Flushing Meadows. A priori son 8e de finale face à Pablo Carreño Busta ne doit pas présenter de problèmes. L'Espagnol a au mieux pris un set à Djoko en trois confrontations.
Plutôt accroché, le premier set va virer au drame dans son acte final. Djokovic va rater trois balles de set à 5-4, dont une sur une attaque de coup droit de Pablo Carreño Busta, validée pour quelques millimètres par le Hawk-eye. Une intervention vidéo qui va valoir son pesant de cacahuètes et tout changer. Quelques instants plus tard, à 5-5, Djokovic va faire appel au kiné pour une alerte à l'épaule gauche. Puis, patatras, le Serbe concède le break. Sa réaction est désormais connue de tous : il va envoyer de colère une balle vers les bâches (ou plutôt le fond du court ici) - de manière non-intentionnelle selon lui - qui va finir sa course dans la gorge d'une juge de ligne.
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Le moment où tout a basculé pour Djokovic : son coup de sang synonyme de disqualification

Après avoir apporté assistance à la malheureuse, en difficulté pour respirer, Djokovic va aller s'asseoir sachant que ça ne sent pas bon pour lui. Pendant ce temps, le superviseur de la rencontre et les officiels ont déjà fait leur entrée dans le court. Pendant un quart d'heure, le sort du Serbe va être débattu. Il viendra d'ailleurs plaider sa cause au filet. Le n°1 mondial va tout tenter, avec diplomatie, pour sauver sa peau face à Andreas Egli, le superviseur et juge-arbitre Soeren Friemel, l'homme par qui la fatidique décision est arrivée : "Elle va bien. Elle ne doit pas aller à l'hôpital", tente d'expliquer Djokovic quand on lui annonce qu'il va être disqualifié.
"Vous pouvez me donner un jeu de pénalité, un set de pénalité. Vous avez plusieurs options (...) Ecoutez-moi. Vous devez prendre en compte son état de santé. Vous ne pas prendre de décision sans tenir cela en compte. Elle va bien, je ne l'ai pas envoyée à l'hôpital. Si je l'avais gravement blessée, là oui, absolument, je ne pourrais rien dire." Réponse du superviseur, qui suivra la décision du juge-arbitre : "Je ne peux rien faire de plus." Fin de l'histoire. Djokovic est disqualifié. Son exclusion est la première de l'histoire à l'US Open dans l'Ere Open.
Les quatre Majeurs ont donc chacun leur poulain. Et comme toujours, l'exception se situe... du côté de Wimbledon !
Avec Rémi BOURRIERES
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Djokovic a tout tenté pour plaider sa cause, en vain : L'annonce de sa disqualification

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