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L'US Open, sans Federer ni Nadal : "Ils finiront par prendre leur retraite, un jour…"

Cyril Morin

Mis à jour 04/09/2020 à 14:10 GMT+2

US OPEN - Pour la première fois depuis 21 ans, Roger Federer et Rafael Nadal manquent conjointement à l'appel d’un Grand Chelem. Les blessures de l’un et le choix stratégique de l’autre ont dépeuplé un US Open décidemment pas comme les autres. Mais les acteurs présents en conviennent : cela prépare à la suite et au monde d’après, sans ces deux monstres.

Roger Federer et Rafael Nadal

Crédit: Eurosport

Lamartine n’avait pas prévu ça. Sans le vouloir, le poète français est devenu le héros des accroches journalistiques et des récents célibataires aux cœurs brisés. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", paraît-il. À Flushing, il n’y a pas eu besoin de ça. Dépeuplé, le Majeur Américain l'est par un foutu virus. Pas de public, peu d’émotions. Mais il manque aussi une dimension à cette levée new-yorkaise, incarnée par "deux êtres" : Roger Federer et Rafael Nadal.
US Open 1999. Voilà la dernière fois qu'un tournoi du Grand Chelem s’est joué sans l’un, ni l’autre. Federer était alors tout juste majeur tandis que Nadal n’avait que 13 ans. Depuis, un de leurs noms a forcément été présent lors des traditionnels tirages au sort. Une longévité extraordinaire donc. Mais une satiété assez folle aussi : depuis 2003 et le premier sacre du Suisse à Wimbledon, 66 Majeurs ont été disputés. 39 ont été gagnés par le duo. Soit presque 60%. Avec le monstre Djokovic, bien présent à Flushing cette année, le chiffre grimpe à 56 (85%).
US Open 1999 : Dominic Thiem avait six ans, Daniil Medvedev en avait trois, Sascha Zverev deux et Stéfanos Tsitsipas soufflait à peine sa première bougie. Felix Auger-Aliassime, lui, n’avait même pas vu le jour. La chance de cette génération est d’avoir grandi avec ces deux-là, au moins dans leur plus tendre enfance. Alors, forcément, pour eux aussi, il y a comme un manque.
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Roger Federer, Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Djokovic : "Ils manquent terriblement"

"Leur absence n’est jamais bonne, a avancé Thiem au début du tournoi. Si je parle d’un point de vue personnel, j’adore les regarder en tournoi, même en étant joueur moi-même". Son de cloche similaire pour Tsitsipas : "C’est une perte pour tout le monde, pas uniquement le tournoi. Car on manque de personnalités, et qu’ils en sont de sacrées. Ils rendent notre sport plus grand".
Membre d'un trio décimé, Djoko a aussi eu des mots à l’égard des deux hommes, de sacrés concurrents qui l'ont aussi rendu plus grand : "L’influence de leur absence ? C’est évidemment quelque chose d’énorme pour le tournoi car ce sont des légendes de ce sport. Ils manquent terriblement".
Juste avant, le Djoker avait cependant séparé sa réponse. Sur le tournoi, l’impact est grand. Sur lui ? "Zéro". Voilà qui a le mérite d’être clair. S’il a longtemps couru derrière eux et leur popularité inatteignable, Djoko ne se définit plus en fonction de ce duo. Il les a suffisamment battus et rebattus plusieurs fois en Majeurs pour ne plus se laisser atteindre par leur présence. Pour les autres, en revanche…

Le drame de la génération d’après

La chance de cette génération post "Big 3" est d’avoir grandi en s'inspirant des meilleurs. Son drame c’est aussi d’avoir dû les affronter dans ces tableaux majeurs. Un privilège ? Oui, la première fois, histoire de vivre son rêve d’enfance. Mais tout champion en gestation doit tuer l’idole, un jour ou l’autre. Quand elles sont au nombre de trois, la mission devient impossible. Quand l’une des têtes de l’hydre est coupée, il faut se lancer à la conquête d’une deuxième. Trop pour un seul homme.
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"Même sur un tapis de salle de bains, Djoko, Federer et Nadal gagneraient encore"

Un constat amèrement exprimé par Thiem après sa défaite à Melbourne en début d’année : "C'était sans doute plus facile pour d'autres de gagner des Grands Chelems à d'autres époques, avait-t-il admis. C'est une situation unique, je pense, dans l'histoire du sport d'avoir les trois plus grands champions réunis sur une seule période. Pour nous, ça rend les choses très, très difficiles. Il faut en battre au moins deux des trois pour décrocher un titre. Pour l'instant, nous n'y arrivons pas".
Alors, quand deux tiers du trio sont absents, les perspectives s’ouvrent forcément. Avec son sourire désarmant, Tsitsipas l’a avoué sans détour avant son entrée en lice : "Pour le tournoi, leur absence est une perte mais pour les joueurs, beaucoup moins, car plusieurs joueurs ont plus de chances de performer désormais. Au moins, j’aurais moins de périodes compliquées que si j’avais dû les affronter".
Dans le futur, on jouera tous les tournois sans eux
Finalement, les circonstances de cet US Open laissent apercevoir le panorama futur. Sans eux, forcément, puisqu'ils semblent désormais bien plus proches de la fin que du début. "Bien sûr, sans eux, c’est différent. Mais, un jour, ils finiront par prendre leur retraite. Et on jouera tous les tournois sans eux", a résumé Zverev, dans une projection que les amoureux du Suisse ou de l’Espagnol espèrent la plus lointaine possible.
Le monde d’après commence donc à Flushing. Il n’est pas franchement réjouissant, sans public et donc avec une âme très partielle. Mais il a le mérite de préparer la suite. Celle sans eux. Celle où la "Next Gen" devient la génération gagnante. A moins qu’un troisième larron décide de retarder encore un peu la passation…
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Nadal - Federer - Djokovic : le trio infernal

Crédit: Eurosport

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