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Miracle suisse et chutes d'idoles : Le Top 100 de l'US Open (80-71)

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/09/2020 à 16:33 GMT+2

US OPEN - Après Roland-Garros et Wimbledon, place à notre Top 100 des rencontres les plus marquantes de l'US Open depuis le début de l'ère Open. A découvrir tout au long de la quinzaine new-yorkaise.

Le Top 100 de l'US Open.

Crédit: Eurosport

Dossier réalisé par Laurent Vergne, Maxime Battistella et Rémi Bourrières

80. Vitas Gerulaitis - Roscoe Tanner

Edition : 1979
Demi-finale
Vainqueur : Vitas Gerulaitis (Etats-Unis)
Adversaire : Roscoe Tanner (Etats-Unis)
Score : 3-6, 2-6, 7-6(5), 6-3, 6-3
Ce 8 septembre 1979 est une date mémorable pour le tennis américain. Les quatre demi-finalistes du tableau masculin sont des "locaux". Un fait unique dans l'ère Open. C'était même une première depuis 1950 et cela ne s'est pas reproduit depuis. Si John McEnroe domine nettement Jimmy Connors (6-3, 6-3, 7-5) dans ce que beaucoup considèrent comme la finale avant la lettre, la seconde demi-finale, entre Vitas Gerulaitis et Roscoe Tanner, s'avère nettement plus intéressante.
En quarts de finale, Tanner a signé l'un des exploits de sa carrière en battant Björn Borg en quatre sets à la lumière des projecteurs. "Rocket" a fait parler toute sa puissance contre le champion suédois, au point de mettre le filet en miettes en fin de match ! Plus confiant que jamais (il vient également d'atteindre la finale de Wimbledon), Tanner marche sur "Geru" pendant deux sets : 6-3, 6-2. Mieux, il breake dès le début de la 3e manche.
En d'autres temps, Vitas le fêtard aurait peut-être lâché l'affaire, pensant dans les derniers jeux à la boîte de nuit dans laquelle il allait finir. Mais pas cette fois. "J'ai décidé de me battre, expliquera-t-il. Je me suis dit 'ne pars pas d'ici sans avoir essayé autre chose pour le perturber." Dans le jeu suivant, Tanner relâche un peu la pression et, sur l'une de ses rares doubles fautes, concède le débreak. "Si j'avais tenu mon service, à 2-0, je pense que ça aurait été terminé", regrettera le gaucher au service de plomb.
Il suffit parfois d'un rien pour qu'un match bascule. A partir de là, Gerulaitis va jouer au chat et à la souris avec Tanner, usant et abusant de son slice de revers pour casser le rythme et ne surtout pas en donner. Pas sexy, mais terriblement efficace. Quand il arrache le 3e set au tie-break, l'écœurement change de camp. Un dernier break à 4-2 dans la 5e manche plie pour de bon cette affaire à la drôle de tournure.
Parce qu'il s'agissait autant d'un succès sur lui-même que sur son adversaire, Gerulaitis considèrera cette victoire comme l'une des plus significatives de sa carrière. Elle va déboucher non seulement sur la première finale 100% américaine depuis un quart de siècle, mais aussi sur une finale 100% new-yorkaise. McEnroe va la remporter, marquant le début de son règne à Flushing.

79. Brad Gilbert - Boris Becker

Edition : 1987
Huitième de finale
Vainqueur : Brad Gilbert (Etats-Unis)
Adversaire : Boris Becker (Allemagne)
Score : 2-6, 6-7(4), 7-6(5), 7-5, 6-1
Avant de devenir l'un des entraîneurs les plus fameux et les plus respectés du circuit, Brad Gilbert a été un très bon joueur. 4e mondial en 1990, il n'a pourtant connu que deux quarts de finale en Grand Chelem, dont un à l'US Open en 1987. Sans doute le moment le plus marquant de sa carrière. En huitièmes de finale, sur un Grandstand bondé et surchauffé à la nuit tombante, l'Américain bat Boris Becker en cinq sets et 4h17. Il finit exténué mais heureux comme jamais.
Pourtant, l'Allemand, qui en appel cette année-là à New York après son gadin inattendu dès le 2e tour à Wimbledon, va d'abord largement dominer les débats. Il mène 6-2, 7-6, 3-1, service à suivre. Puis c'est la panne de courant pour Boum Boum. Deux doubles fautes, un débreak, et, à partir de là, un match qui va inexorablement lui glisser entre les doigts. A 5-6 dans le 3e set, Gilbert connait pourtant un moment délicat. A 30A, Becker est à deux points du match et l'Américain est contraint de changer de raquette. Mais il tient magistralement le point suivant à la volée, recolle à 6-6 puis s'accapare le tie-break.
40 minutes plus tard, Brad Gilbert semble cuit dans une fin de 4e manche étouffante, mais c'est lui qui breake à 6-5 dans une ambiance proche du délire. "J'étais épuisé, je m'en suis vraiment sorti grâce au public alors merci à lui, c'est une sensation extraordinaire", savoure le frisé californien. Grâce à Becker, aussi, un peu. Ses 15 doubles fautes et ses problèmes existentiels. A 19 ans, Boris commence à en avoir marre du barnum délirant autour de sa personne.
Alors, ce dernier set, il le balance un peu. "Je n'avais plus envie d'être là", avouera-t-il dans son autobiographie. Pour la première et dernière fois de sa carrière, il perd un match de Grand Chelem après avoir mené deux sets zéro. En conférence de presse, ne cachant pas son mal-être, il fait aussi cette promesse : "Je reviendrai, plus fort. J'ai 19 ans. Pas 32."

78. Mikhail Youzhny - Lleyton Hewitt

Edition : 2013
Huitième de finale
Vainqueur : Mikhail Youzhny (Russie)
Adversaire : Lleyton Hewitt (Australie)
Score : 6-3, 3-6, 6-7(3), 6-4, 7-5
C'est à l'US Open que Lleyton Hewitt est définitivement entré dans la cour des grands en 2001 après avoir étrillé Pete Sampras en finale, à 20 ans. Et c'est à l'US Open que, 12 ans plus tard, le (désormais) vieux lion australien, cabossé de partout, a rugi une dernière fois en y atteignant les huitièmes de finale, à 32 ans, après un parcours fantastique qui a pris fin sur un dernier duel mémorable face à Mikhail Youzhny.
On n'en attendait pas moins, sur le stadium Louis-Armstrong, entre deux des plus gros combattants des années 2000. Youzhny n'a pas le palmarès de Hewitt, bien sûr, mais lui aussi a fait de New York son tournoi du Grand Chelem le plus prolifique, puisqu'il y a atteint deux demi-finales en 2006 et 2010. Et le Russe a gagné en faisant du Hewitt : malmené durant toute la partie, il a fini par s'imposer en luttant de toutes ses forces jusqu'à la dernière goutte de sueur.
Tombeur de Del Potro au 2e tour après un bras de fer de 4 heures, l'ancien n°1 mondial a manqué de peu l'occasion de rallier les quarts à New York pour la première fois depuis 2006. Il a mené 2 sets à 1, puis 4-1 au 4e set, puis 5-2 au 5e set, à deux points du match. Il a aussi marqué un point de plus que son adversaire (146-145). Mais comme il le dira ensuite, fataliste : "Le dernier jeu est toujours le plus difficile à marquer."
Ni Hewitt ni Youzhny, qui prendront respectivement leur retraite deux et cinq ans plus tard, n'ont ensuite atteint à nouveau une deuxième semaine en Grand Chelem. C'était un peu leur jubilé, à l'un comme à l'autre.

77. Michael Chang - Jonas Svensson

Edition : 1988
2e tour
Vainqueur : Michael Chang (Etats-Unis)
Adversaire : Jonas Svensson (Suède)
Score : 5-7, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4
Le regretté Grandstand, dans son ancienne version s'entend, a vécu quelques moments épiques avant de céder à une enceinte du même nom plus moderne. Ce Chang – Svensson en fait incontestablement partie. Un an auparavant, le jeune Américain est entré dans l'histoire en devenant le plus jeune joueur à remporter un match à l'US Open. Il n'avait que 15 ans et demi. En 1988, il va accéder aux huitièmes de finale, où il s'inclinera contre Andre Agassi. Les deux jeunes Yankees, à eux deux, ont à peine 35 ans...
De ce parcours prometteur, reste surtout l'épique 2e tour face à Jonas Svensson. Le Suédois, demi-finaliste à Roland-Garros quelques mois plus tôt, est un client. Mais Chang ne se démonte pas. Porté par le public du Grandstand, il tient tête et surmonte ses crampes dès le début du 4e set alors que Svensson mène deux manches à une. La dramaturgie du 5e set décisif atteint des sommets.
Breaké d'entrée, l'adolescent américain revient aussitôt à hauteur. Puis c'est lui qui breake. A 5-4, physiquement à bout, Michael Chang sert pour le match mais se retrouve mené 0-40. Il sauve les trois balles de débreak, la dernière sur une merveille de lob de revers qui fait exploser le public.
Bluffé, Svensson lui-même applaudit son jeune adversaire. "On ne voit pas ça souvent", saluera Chang. Deux points plus tard, il conclut et signe la première très grande victoire de sa carrière. Dans neuf mois, il gagnera Roland-Garros, pour devenir le plus jeune vainqueur de l'histoire en Grand Chelem, record qu'il détient toujours.

76. Novak Djokovic - Stan Wawrinka

Edition : 2013
Demi-finale
Vainqueur : Novak Djokovic (Serbie)
Adversaire : Stan Wawrinka (Suisse)
Score : 2-6, 7-6 (4), 3-6, 6-3, 6-4
Il est des joueurs qui se laissent abattre après une défaite traumatisante. Stan Wawrinka, lui, a au contraire tiré bénéfice de deux échecs particulièrement épiques contre Novak Djokovic en 2013 pour devenir le joueur qu'il est depuis.
L'histoire retient un peu plus volontiers son huitième de finale stratosphérique, l'un des plus beaux matches de tous les temps, perdu 12-10 au 5ème set en 8e de finale de l'Open d'Australie. Ce jour-là, le Vaudois comprit qu'il avait l'envergure pour rivaliser avec les tout meilleurs dans les plus hauts sommets.
Encore lui fallait-il en avoir la confirmation définitive : elle arrive quelques mois plus tard, à l'US Open, où il atteint sa première demi-finale en Grand Chelem. Et où, là encore, il fait plus que vaciller le n°1 mondial, contre lequel il mène 6-2, 4-2, 15-30, puis 2 sets à 1, avant de capituler, physiquement surtout, face à la résilience diabolique du Djoker.
Le duel, une nouvelle fois fantastique, est marqué notamment par un troisième jeu du 5e set ahurissant : un chef-d'œuvre long de 30 points et 21 minutes lors duquel Wawrinka sauve 5 balles de break avant de s'en sortir. A 10 minutes près, les deux hommes pouvaient battre le record du jeu le plus long de l'histoire, établi le 26 mai 1975 par Anthony Fawcett et Keith Glass à Surbiton (80 points, 31 minutes).
Wawrinka est ovationné mais c'est aussi son chant du cygne. Deux jeux plus tard, il lâche son service face à un Djokovic qui se hisse vers sa 4e finale consécutive à l'US Open. Mais le Suisse a beaucoup appris : quatre mois plus tard, il décrochera en Australie son premier titre majeur.

75. Stan Wawrinka - Daniel Evans

Edition : 2016
3è tour
Vainqueur : Stan Wawrinka (Suisse)
Adversaire : Daniel Evans (Grande-Bretagne)
Score : 4-6, 6-3, 6-7(6), 7-6(8), 6-2
Dans l'ère Open, 13 joueurs sont parvenus à décrocher un Grand Chelem après avoir sauvé une (ou plusieurs) balle(s) de match en cours de route. Novak Djokovic, le seul à avoir réussi deux fois cet exploit, est aussi le dernier à l'avoir fait (Wimbledon 2019 après l'US Open 2011, les deux fois contre Federer). Avant lui, il y avait eu Stan Wawrinka, qui avait frôlé la sortie au 3e tour en 2016 avant de triompher quelques jours plus tard contre -justement- Djokovic.
Le Britannique, 63e mondial et en pleine progression à 26 ans, dispute le match de sa vie sur le stadium Louis-Armstrong, qui sera détruit puis reconstruit au terme de cette édition 2016. Multipliant les coups brillants, il mène 2 sets à 1 et a de nombreuses occasions dans le 4e set, se procurant des balles de break à 3-3 et 5-5, menant 5 points à 3 dans le jeu décisif et surtout obtenant une balle de match à 6-5.
Dans ce moment crucial, Wawrinka n'écoute que son courage et va sauver sa destinée au filet. Puis il arrache la différence avec ses tripes en frappant notamment un ace sur 2e balle à 8 partout. Avant de s'envoler définitivement dans le 5e set pour s'imposer après plus de 4h. Un petit miracle pour lui qui s'était, en plus, tordu la cheville dans ce match, mais qui a su une fois de plus se montrer plus fort que la douleur.
Son titre lui permettra de devenir le 6e joueur à gagner l'US Open après être passé à un point de la défaite, "succédant" à Orantes en 1975, Becker en 1989, Sampras en 1996, Roddick en 2003 et, donc, Djokovic en 2011.

74. Jaime Yzaga - Pete Sampras

Edition : 1994
Huitième de finale
Vainqueur : Jaime Yzaga (Pérou)
Adversaire : Pete Sampras (Etats-Unis)
Score : 3-6, 6-3, 4-6, 7-6(4), 7-5
Jaime Yzaga et Pete Sampras. Une drôle d'histoire... Le Péruvien de poche (1,70m) a été le tout premier adversaire du géant américain en Grand Chelem. C'était en 1988, à l'US Open. Une énorme bataille. Sampras, 17 ans depuis quelques jours, s'était incliné en cinq sets après avoir remporté les deux premiers au tie-break. Dur apprentissage. L'année d'après, rebelote à Flushing. Au 3e tour. Avec une victoire de Sampras, cette fois. En quatre manches.
Petit bond en avant de cinq ans dans le temps. Nous sommes en 1994. Pete Sampras est devenu le maître du tennis mondial. Il l'écrase, même, puisqu'il a remporté quatre des cinq derniers tournois du Grand Chelem de Wimbledon 93 à Wimbledon 94. A Flushing, il retrouve en huitièmes de finale un certain Jaime Yzaga. Sampras n'a plus joué depuis Wimbledon à cause d'une blessure à la cheville. Il manque de rythme et les médecins ont décelé chez lui un manque de calcium.
En prime, lors de ce huitième de finale, Sampras va être éteint par des ampoules. Ses pieds le martyrisent. Pendant plus de trois heures et demie et cinq sets, il se bat comme un chien, et semble même tenir le bon bout lorsqu'il mène deux manches à une et 3-0 dans la 4e. C'est là que le mérite d'Yzaga, nonobstant l'état de son adversaire, sera grand. Il s'accroche, recolle, arrache le set au jeu décisif avant de s'imposer 7-5 dans la dernière manche. "J'ai tout donné, je n'ai plus rien dans le ventre et les jambes, mais je me suis pris un mur aujourd'hui", résume Sampras, qui voit ses espoirs de Petit Chelem s'envoler.
L'histoire ne s'arrête pas là. 1995. La revanche de la belle : Sampras retrouve, encore, Yzaga à Flushing. Au 2e tour. En route vers son 3e sacre new-yorkais, Pistol Pete marche sur le Péruvien (6-1, 6-4, 6-3). Quatre duels à l'US Open en sept ans, quand même, pour une des plus improbables rivalités du Majeur américain...

73. Vijay Amritraj - Rod Laver

Edition : 1973
16e de finale
Vainqueur : Vijay Amritraj (Inde)
Adversaire : Rod Laver (Australie)
Score : 7-6(4), 2-6, 6-4, 2-6, 6-4
Wimbledon, été 1973. La grève massive des joueurs est une catastrophe pour le tournoi mais une aubaine pour tout un tas de jeunes joueurs qui voient s'ouvrir l'accès au grand tableau. Parmi eux, un jeune Indien de 19 ans, Vijay Amritraj. Il saute sur l'occasion, atteint les quarts de finale, où il passe à deux points de la victoire face au futur vainqueur du tournoi, Jan Kodes. C'est son premier coup d'éclat.
Le deuxième va venir quelques semaines plus tard, à Forrest Hills, lors de l'US Open. Le Grand Chelem américain se joue alors sur gazon. La surface sur laquelle grandissent tous les joueurs indiens. Herbivore né, Amritraj va signer la victoire qui va "changer ma vie", comme il le dira. Au 3e tour, il est opposé à Rod Laver. Légende vivante certes vieillissante à 35 ans, le gaucher australien reste toutefois un client. Il est encore 5e mondial. Et il connait Amritraj, qui l'a battu un mois plus tôt à Bretton Woods.
Malgré une météo capricieuse (une pluie fine rend le court glissant), l'ancien de Rockhampton et le minot de Madras offrent un spectacle formidable. Le public américain connaissait Laver, il découvre le tennis puissant de Vijay Amritraj, dont le jeu a quelque chose d'avant-gardiste avec son service-enclume et ses grands coups de fond de court. Tout se joue dans un 5e set complètement dingue, où l'on dénombre pas moins de... sept breaks en dix jeux. Mais Laver finit par s'incliner 6-4. C'est le début d'une longue série d'exploits pour Amritraj, qui dominera Borg au même endroit un an plus tard et sera l'un des trois hommes à battre McEnroe en 1984 lors de sa faramineuse saison.
Amritraj promettait tellement qu'en 1974, l'ATP communiquera sur les ABC. Amritraj. Borg. Connors. Les trois nouvelles pépites du tennis mondial. L'Indien n'ira pas, et il s'en faudra de beaucoup, aussi haut que les deux autres. Mais à l'image de ce match contre Rod Laver, il deviendra un visage familier et un joueur apprécié. Capable, ponctuellement, des plus grands exploits.

72. Todd Martin - Greg Rusedski

Edition : 1999
Huitième de finale
Vainqueur : Todd Martin (Etats-Unis)
Adversaire : Greg Rusedski (Grande-Bretagne)
Score : 5-7, 0-6, 7-6(3), 6-4, 6-4
Alors que cette édition 1999 est marquée par le forfait de Pete Sampras, victime de douleurs au dos, le public américain va lui trouver un "remplaçant" pour donner la réplique à Andre Agassi en finale : ce sera Todd Martin, 29 ans, 7e mondial, déjà finaliste en Grand Chelem à l'Open d 'Australie 1994 face, justement, à Sampras.
Mais c'est peu dire que le joueur aux tempes grisonnantes et aux allures de dandy ne ménage pas sa peine pour en arriver là. Au 1er tour, il passe à deux points de la défaite face au qualifié français Stéphane Huet. Et en huitièmes, il réussit une "remontada" insensée face à Greg Rusedski, finaliste pour sa part deux ans plus tôt à New York.
Manifestement patraque, Martin est mené 7-5, 6-0, 4-2, 15-40 en soirée dans un stadium Arthur-Ashe qui s'est quasiment vidé en même temps que le suspense s'est étiolé. Et puis, dans une ultime rémission (croit-on), l'Américain sauve ces deux balles de double break au filet. Puis refait son retard alors que son adversaire sert pour le match. Puis arrache le 3e set au tie break, et égalise à deux sets partout. Un miracle.
Mais le miracle, croit-on encore, prend fin quand le Britannique d'origine canadienne se détache 4-1 au 5e set. Effectivement, c'est fini. Pour lui. A partir de ce moment-là, Rusedski ne marque qu'un seul des 21 points qui seront joués jusqu'à la fin. Et encore, sur double faute ! On appelle ça une explosion en vol. Pour Todd Martin, c'est le début du décollage. L'atterrissage se fera donc finale contre Agassi, non sans avoir cette fois mené 2 sets à 1.

71. Bill Scanlon - John McEnroe

Edition : 1983
Huitième de finale
Vainqueur : Bill Scanlon (Etats-Unis)
Adversaire : John McEnroe (Etats-Unis)
Score :
Une des plus énormes sensations de l'histoire moderne du tournoi. S'il n'est pas le tenant du titre à Flushing Meadows quand débute l'édition 1983, John McEnroe est tout de même triple ancien vainqueur du tournoi. Surtout, il vient de surclasser tout le monde à Wimbledon, où il a repris son bien après le retour de flamme de Connors en 1982. Tout le monde s'attend à ce qu'il en fasse autant chez lui, à New York.
Bill Scanlon se dresse sur son chemin en huitièmes de finale. Pas de quoi le faire trembler. A 26 ans, Scanlon ne flirte pas vraiment avec les cimes du tennis mondial, mais dans cette première semaine, il s'est signalé en battant Henrik Sundstrom, le jeune Pat Cash et le finaliste de Wimbledon, Chris Lewis. Mais McEnroe...
Trois éléments auraient pourtant dû retenir l'attention. D'abord Scanlon vit sa meilleure saison. 71e mondial en début d'année, il a grimpé au 17e rang avant l'US Open. Ensuite, il a une petite réputation de coupeurs de têtes. Il a déjà battu presque tous les gros du circuit dans sa carrière, de Borg à Vilas en passant par Gerulaitis. Et McEnroe. Car il fait partie de ces rares joueurs à aimer son jeu. Il l'a déjà battu deux fois et, même dans ses défaites, a souvent accroché le génial gaucher. Lors du dernier Wimbledon, en huitièmes déjà, malgré un match en trois sets, il ne lui a pas manqué grand-chose pour lui poser de plus importants problèmes (7-5, 7-6, 7-6). Alors, secrètement, Scanlon y croit.
Dans ce festival de jeu offensif (les deux joueurs pratiquent le service-volée sur première comme seconde balle), McEnroe a sa tête des mauvais jours. Il commet dix doubles fautes, est en panne de premières balles. Plus bougon que jamais, il balance sa raquette de dépit sur sa chaise après la perte du 1er set au tie-break. Même punition dans le 2e acte. Dos au mur, Big Mac va remporter la 3e manche, mais il implose dans la 4e. Il pass trop de temps à s'énerver auprès de l'arbitre, Ken Slye. Parfois à juste titre, comme quand il s'est plaint du comportement de trois énergumènes torse-nus, qui beuglaient pendant les points. Le service de sécurité finira par les virer des tribunes.
Après 3h44 de jeu, un dernier retour de revers long de ligne offre à Bill Scanlon son heure de gloire et sa place dans l'histoire du tournoi. "Même en fin de match, quand la victoire était proche, je n'ai pas tremblé. J'étais comme un dingue, j'avais tellement envie de gagner", souffle le héros du jour. Peut-être parce que cette victoire-là, il la voulait plus que toutes les autres. Il n'aimait pas McEnroe, qui le lui rendait bien. "Il semble que nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde," ironise le numéro un mondial en sortant du court. Scanlon ira jusqu'en demi-finales. La seule fois de sa carrière où il aura dépassé le 3e tour à l'US Open…
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