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US Open - Simple messieurs - La sensation Van de Zandschulp a un air de Karatsev

Laurent Vergne

Mis à jour 07/09/2021 à 13:01 GMT+2

US OPEN 2021 – Un âge déjà relativement avancé, une absence de références au plus haut niveau, une émergence brutale en Grand Chelem, cela ne vous rappelle rien ? Botic Van de Zandschulp, quart de finaliste à New York en sortant des qualifications, est une des grandes surprises de cette quinzaine, à l'instar d'Aslan Karatsev en début d'année à Melbourne.

US Open 2021 : Botic Van de Zandschulp

Crédit: Getty Images

Open d'Australie, février 2021. Aslan Karatsev, inconnu au bataillon du grand public, atteint les demi-finales à Melbourne en sortant des qualifications, avec au passage des victoires sur trois têtes de série, Diego Schwartzman, Félix Auger-Aliassime et Grigor Dimitrov avant de s'incliner, comme tout le monde, contre Novak Djokovic.
La folle aventure du Russe avait tout de la surprise du siècle. Parce qu'il n'était déjà plus tout jeune (27 ans), parce qu'il était inexistant sur le circuit principal (il y comptait en tout et pour tout deux victoires) et parce qu'il n'avait encore jamais figuré dans le Top 100 au classement ATP. "Il est le demi-finaliste de Grand Chelem le plus invraisemblable de l'histoire", avions-nous écrit à l'époque.
Avec un tel triptyque classement – âge – absence de résultats, ce type de parcours se voit une fois tous les dix ou quinze ans. Or, cette saison 2021 est en train de nous en offrir un deuxième. L'histoire de Botic Van de Zandschulp à New York, présent parmi les huit derniers prétendants au titre de cet US Open, se rapproche par bien des aspects de celle de Karatsev aux Antipodes il y a sept mois.
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Karatsev, plus que Verkerk

On évoque parfois à son propos un destin à la Martin Verkerk, ce finaliste de Roland-Garros en 2003 alors qu'il n'avait rien d'un terrien et des références limitées. Mais en dehors de la nationalité néerlandaise des deux hommes, la comparaison touche vite ses limites. Verkerk était entré dans le Top 100 dès l'été 2002 et son ascension s'était confirmée les mois suivants puisque, en arrivant à Paris, il était déjà 46e. Sa présence en finale porte d'Auteuil constituait incontestablement une immense surprise, mais il partait de beaucoup moins loin que Karatsev.
La référence russe est en revanche un point de repère beaucoup plus pertinent pour Botic Van de Zandschulp. Comme lui, le Batave était jusqu'à il y a peu un joueur de deuxième division. Avant cette saison 2021, il n'avait ainsi jamais remporté le moindre match sur le grand circuit. Il n'en avait même disputé qu'un seul, en 2019, et ce n'était pas dans un tournoi mais lors de la phase finale de la Coupe Davis nouvelle version, à Madrid. Même s'il est un peu plus jeune que Karatsev au moment de son explosion australe, BVDZ n'est pas non plus un perdreau de l'année : il fêtera ses 26 ans dans moins d'un mois.
Autre ressemblance troublante, leur classement, presque identique : Karatsev était 114e en arrivant à Melbourne, Van de Zandschulp 117e avant de débarquer à New York. C'était le meilleur classement du Néerlandais, et presque celui du Russe, qui avait fini 2020 au 120e rang. C'est tout sauf anodin, car l'un comme l'autre étaient en phase ascendante. Une ascension discrète, en pente douce plus qu'exponentielle, mais une progression tout de même. On parle donc de joueurs ayant acquis une certaine confiance, même à un niveau moindre.
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Botic Van de Zandschulp

Crédit: Getty Images

Il y a chez eux un déclic, une prise de conscience
Pour autant, rien n'annonçait, dans un cas comme dans l'autre, une performance aussi spectaculaire, encore moins en Grand Chelem. Alors, pourquoi ces joueurs parviennent-ils à crever aussi brusquement, et sur une aussi grande scène, un plafond de verre sur lequel ils butaient depuis des années ? "Ce sont des énigmes", convient notre consultant Arnaud Di Pasquale, qui y voit toutefois une forme de libération psychologique, plus que tennistique. Ce niveau de jeu était là, en sommeil, mais sans parvenir à s'exprimer. "Il y a chez eux un déclic, une prise de conscience, poursuit-il. Ce sont des joueurs qui manquent souvent de confiance en eux, qui frappaient à la porte mais en se disant que, peut-être, ce n'était pas possible d'aller au-dessus."
Une forme d'autocensure de l'ambition, en quelque sorte. Une fois ce verrou dynamité, le potentiel peut s'exprimer pleinement. Dans le cas de Botic Van de Zandschulp, sa capacité à rivaliser avec de très bons joueurs était sans doute un signe avant-coureur. Lors du 250 de Melbourne en début d'année, il avait battu Reilly Opelka avant d'accrocher Karen Khachanov. Puis, à Roland-Garros, il avait sorti au premier tour Hubert Hurkacz. Son premier coup d'éclat. Paradoxalement, il se sent beaucoup plus à sa place ici, en Grand Chelem, que dans les challengers. "J'ai tendance à élever mon niveau de jeu en fonction de l'adversaire, explique-t-il. C'est pour ça que je préfère jouer des très bons joueurs."
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Sur ce plan, il peut être rassuré. Son accession aux quarts de finale de l'US Open va le faire changer de dimension, à l'instar d'Aslan Karatsev en début de saison. Lundi prochain, il sera aux portes du Top 60. Pourra-t-il s'installer durablement ? Depuis l'Open d'Australie, Karatsev a largement confirmé, remportant son premier titre, un ATP 500, à Dubaï, une victoire épique contre Novak Djokovic chez lui, à Belgrade, et d'autres contre Medvedev, Rublev ou Sinner. Même s'il cale un peu cet été, le Russe n'est plus très loin de pénétrer dans les 20 voire les 15 premiers puisqu'il occupe le 12e rang à la Race.

La fin des galères ?

"La grande question, c'est de savoir s'il confirmera derrière, comme Karatsev, ou si ce sera juste un coup d'éclat", juge Arnaud Di Pasquale. Eric Deblicker, ancien entraîneur de Richard Gasquet, se veut plutôt optimiste, tout en pointant des axes de progrès : "Quand on bat le 11e et le 14e mondial en 5 sets dans un Grand Chelem, c'est qu'on a le niveau. Il n'a pas à confirmer, mais à progresser. On voit que sur certaines séquences d'un match, il coince encore un peu par moments, sur les points importants. Techniquement, côté coup droit, il a du travail aussi. Mais il a cette faculté à jouer très relâché. Un peu comme... Karatsev."
Mais avant l'avenir, il y a le présent. Botic Van de Zandschulp est toujours en vie dans cet US Open, même si ce qui l'attend mardi s'annonce d'une complexité inédite pour lui puisqu'il sera opposé à Daniil Medvedev, lequel fait office de terreur dans la partie inférieure du tableau. Mais il n'a pas de crainte. Ce genre de joueurs viennent de trop loin pour s'affoler du pedigree du joueur d'en face. Ils ont fait face à une adversité bien supérieure, quoique d'une autre nature.
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Avant sa quinzaine de rêve à Flushing Meadows et cette saison en forme d'avant et d'après, le Néerlandais a ramé, avec l'obligation de surmonter les obstacles les uns après les autres. "J'ai commencé à 20 ans parce que je voulais finir mes études, raconte-t-il. Ensuite, à mes débuts sur le circuit, j'ai été beaucoup blessé. Quand j'étais à peu près 300e, le classement a changé. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais ils avaient fait deux classements distincts entre l'ITF et l'ATP et j'ai perdu mes points acquis en ITF. Là, j'ai commencé à vraiment bien jouer, sur les Challengers, je suis rentré dans les 200, puis 150, et là le Covid est arrivé."
Galère après galère, il avoue avoir connu quelques moments de découragement. Mais tout cela prend sens et corps aujourd'hui. En quittant Flushing, il amorcera le premier jour du reste de sa vie tennistique.
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