Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open : Et si Iga Swiatek avait gardé le meilleur pour la fin ?

Maxime Battistella

Mis à jour 10/09/2022 à 21:07 GMT+2

US OPEN - Qualifiée pour la finale de l'US Open face à Ons Jabeur samedi, sa troisième en Grand Chelem après ses deux titres à Roland-Garros, Iga Swiatek n'a pas toujours fait forte impression dans cette quinzaine. Mais ce n'est pas forcément un signe inquiétant pour la numéro 1 mondiale, dont la marge lui permet désormais de gagner sans jouer son meilleur tennis.

Iga Swiatek à l'US Open en 2022

Crédit: Getty Images

Le fameux best-seller de Brad Gilbert Winning Ugly serait-il actuellement son livre de chevet ? Au-delà de la boutade, force est de constater qu'Iga Swiatek n'a pas traversé cette quinzaine new-yorkaise comme un ouragan, à l'image de ce qu'elle avait fait lors de ces deux sacres en Grand Chelem sur la terre battue parisienne en 2020 et voici quelques mois. Mais finalement peu importe la manière puisque le résultat est là : l'incontestable numéro 1 mondiale va jouer samedi pour glaner un troisième Majeur en autant de tentatives en finale.
Objectivement, il est difficile de s'étonner de voir une joueuse qui comptait avant le tournoi 50 victoires pour 7 petites défaites cette saison se battre pour le titre. Ajoutons à cela le fait que la Polonaise a acquis une aura d'invincibilité pendant quatre mois avec 37 succès consécutifs de fin février à début juillet et sa défaite au 3e tour de Wimbledon contre Alizé Cornet (avec 6 titres conquis dans l'intervalle) et on pourrait se dire que cette finale à Flushing Meadows est même une sorte de non-événement.
picture

Swiatek renversante : le résumé de sa demi-finale face à Sabalenka

Ce serait oublier l'été plus que moyen de Swiatek en préparation de cette dernière levée du Grand Chelem. Depuis Wimbledon et avant cette quinzaine, son bilan était ainsi bien moins reluisant : 4 victoires pour 3 défaites avec notamment un revers devant son public à Varsovie en quart de finale, qui plus est sur sa terre battue chérie contre Caroline Garcia (6-1, 1-6, 6-4). Pour ce qui est de la tournée américaine, ses éliminations dès les huitièmes à Toronto et Cincinnati respectivement face à la Brésilienne Beatriz Haddad Maia (6-4, 3-6, 7-5) et l'Américaine Madison Keys (6-3, 6-4) avaient aussi mis du plomb dans l'aile à la thèse du rebond.
Gagner en ne se sentant pas à 100 %, c'est la marque des grands
D'autant qu'une certaine fébrilité semblait poindre, comme quand la numéro 1 mondiale n'a pas hésité à se plaindre des balles trop légères et incontrôlables à son goût. Mais elle n'a pas laissé ce passage à vide la miner.
"Le travail paie. Même si j'ai perdu assez vite à Toronto et Cincinnati, je savais que j'aurais des opportunités dans cet US Open. Il faut être prête à ça, et ne pas se laisser atteindre par certaines défaites. Dans ce tournoi, j'avais pas mal de fraîcheur mentale pour saisir les opportunités, et ce même si je n'ai pas eu de sensations parfaites au début du tournoi. J'ai quand même été capable de jouer de mieux en mieux et de manière plus solide. Gagner quand je ne me sens pas parfaitement bien, c'est ce qu'il y a de meilleur", a-t-elle souligné en conférence de presse après sa demi-finale.
Et d'ajouter : "Quand j'étais plus jeune, je n'étais pas capable de gagner en jouant mal, ou du moins en ne me sentant pas à 100 %. C'est super que ce soit le cas désormais parce que j'ai l'impression que c'est la marque des plus grands champions." Bien qu'implicite, la référence à celui qui est encore son idole, Rafael Nadal, est limpide. Combien de fois a-t-on vu le Majorquin s'en sortir dans sa carrière dans des matches où il était malmené, à force de s'accrocher, de chercher des solutions ? A des dizaines de reprises assurément, peut-être même une bonne centaine.
picture

Swiatek : "Désolée si le match était ennuyeux, je me bats avec ces balles volantes depuis le début"

Au cours de cet US Open, malgré une première semaine sans nuage - qui cachait un niveau de jeu des plus fluctuants -, Swiatek a dû sortir plus d'une fois le bleu de chauffe. En huitième comme en demi-finale, elle a même perdu le premier set, tandis qu'en quart, elle s'était excusée du spectacle proposé contre l'Américaine Jessica Pegula auprès des spectateurs du court Arthur-Ashe, et ce malgré sa victoire en deux manches (6-3, 7-6).

La visualisation pour déjouer la panique et devenir "clutch"

Mais à la fin, c'est bien elle qui gagne. La Polonaise ne donne plus l'impression d'évoluer dans une autre catégorie que ses adversaires comme c'était souvent le cas au printemps, et peu importe. Car ce qu'elle réalise est sans doute plus impressionnant et essentiel pour asseoir son statut de joueuse à battre : avoir le dernier mot même quand les choses ne tournent pas exactement comme on l'avait prévu.
La fin de sa demie contre Aryna Sabalenka est à ce titre un modèle. Menée 4-2 dans le troisième set, elle a su aligner quatre jeux pour l'emporter. Un côté "clutch" qu'on lui connaissait moins mais qui fait une sacrée différence. Car même dans un mauvais jour, elle est désormais dure à battre.
picture

Swiatek-Pegula : Les temps forts de leur quart de finale

"Avant, j'avais la sensation que mes émotions prenaient le dessus, et je paniquais un petit peu quand j'étais menée. J'ai mûri, j'ai appris beaucoup. Et le travail que nous avons fait avec Daria (Abramowicz, spécialiste de la psychologie du sport et de la performance, NDLR) m'a bien sûr aidé. Désormais, c'est juste plus facile pour moi de penser de manière logique à ce que je peux changer pendant un match. J'ai plus de cordes à mon arc pour le faire, plutôt que de ne jouer que d'une manière", a-t-elle constaté.
Désormais, la grande force de Swiatek est de tenir sa concentration de bout en bout, peu importe les aléas du match en cours. Rester dans sa bulle pour garder sa lucidité et modifier au besoin sa tactique, voilà ce qui lui a permis de survivre dans cette quinzaine. Il fallait la voir aux changements de côté fermer les yeux dans des exercices de visualisation pour faire un pas de côté par rapport aux émotions qui ne manquaient pas de l'assaillir.
picture

Swiatek en plein doute avant de tout écraser : le résumé de sa victoire contre Niemeier

Attention, le rouleau compresseur n'est jamais loin

Si la Polonaise n'est pas un monstre de confiance en soi comme un Novak Djokovic, elle sait utiliser les circonstances et voir le verre à moitié plein. Les sensations n'étaient pas bonnes en début de tournoi certes, mais toute l'attention médiatique était monopolisée par Serena Williams et ses (probables) adieux. Swiatek n'avait d'ailleurs jamais atteint les quarts à New York avant cette édition 2022. Elle a su, malgré son statut, s'accorder le droit à l'erreur. "Le fait de ne pas avoir tous les projecteurs braqués sur moi m'a peut-être enlevé un peu de pression. Tout comme le fait de ne pas avoir bien joué en préparation."
Reste que par séquences, le rouleau compresseur était bel et bien de retour : Jule Niemeier et Aryna Sabalenka peuvent notamment en témoigner à leurs dépens. Et si tout se met en place en finale, on souhaite bien du courage à Ons Jabeur, malgré toute sa magie. Swiatek en est assurément capable. Ce serait définitivement la marque d'une patronne.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité