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US Open - "Je crois que je peux battre Rafa" : Frances Tiafoe ou la confiance à l'américaine

Maxime Battistella

Mis à jour 05/09/2022 à 18:35 GMT+2

US OPEN - Pour la troisième fois d'affilée en huitième de finale à New York, Frances Tiafoe a gagné en régularité ces dernières années. Alors qu'il a le redoutable honneur de défier lundi un Rafael Nadal en quête de Petit Chelem, le dernier Américain (en simple messieurs) en lice n'a aucune intention de jouer les victimes expiatoires. Ce serait même plutôt le contraire.

Frances Tiafoe à l'US Open en 2022

Crédit: Getty Images

C'est le dernier espoir de tout un peuple. Avant le début de cet US Open, les regards se tournaient plutôt vers Taylor Fritz, quart-de-finaliste à Wimbledon, titré à Indian Wells et 12e mondial, pour porter les couleurs de la bannière étoilée. Mais le Californien a déçu et s'est fait surprendre d'entrée. Alors Frances Tiafoe, 26e à l'ATP et numéro 2 américain, a pris le relais pour représenter seul son pays en seconde semaine. Mais au-delà de ce constat répondant à la logique du classement, sa présence à ce stade n'est pas vraiment une surprise.
A vrai dire, il s'agit même d'une sorte de continuité. En battant de manière convaincante la tête de série 14 du tournoi Diego Schwartzman (7-6, 6-4, 6-4) au 3e tour, "Big Foe", comme on le surnomme, a réalisé une performance qu'aucun Américain n'avait réalisée depuis Mardy Fish entre 2010 et 2012 : atteindre les huitièmes de finale à Flushing Meadows trois années consécutives. Le loustic, showman dans l'âme, aime les grands courts et les grands matches. Il sera servi lundi puisqu'il défiera Rafael Nadal sur le court Arthur-Ashe.
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Un côté cool cultivé, une ambition longtemps cachée

Défier le Majorquin en Grand Chelem, Tiafoe l'a déjà fait. C'était il y a plus de trois ans pour son premier (et unique) quart de finale dans un tournoi de cette envergure, à l'Open d'Australie. Il avait alors été sèchement renvoyé à ses études (6-3, 6-4, 6-2) et ne serait donc pas contre une revanche symbolique pour regoûter à de telles altitudes en Majeur. "J'ai été en quart de finale avant, ça ne me préoccupe pas vraiment. Je veux aller plus loin, c'est sûr. Je suis en huitième de finale depuis trois ans ici, ça pourrait être pire, non ? C'est même plutôt pas mal. Mais je veux aller un peu plus loin cette année", a-t-il lâché en conférence de presse, déterminé.
L'Américain a longtemps éludé son ambition personnelle. Ou en tout cas, il l'a bien dissimulée. Dans les premières années de sa carrière, il semblait plus intéressé par faire le spectacle, parfois à n'importe quel prix, que par la gagne. Tant et si bien que, de son propre aveu, il s'était un peu reposé sur ses lauriers après son fameux quart de finale à Melbourne, profitant de son prize money pour se faire plaisir en mettant le travail de côté.
Ce côté cool, qui ne se prend pas au sérieux, Tiafoe le cultive toujours, comme quand il a dévoilé en conférence de presse cette anecdote drôle sur un double mixte disputé en 2019 à Perth avec Serena Williams face à Roger Federer et Belinda Bencic. "Roger frappe deux aces consécutifs face à Serena. Elle fait la tête, du style 'je ne sais pas comment ce gars a réussi ça'. Elle me glisse à l'oreille : 'Ne t'inquiète pas, on ne va pas perdre. Et puis, même si on perd, j'ai 23 titres du Grand Chelem, il en a 20, donc tout va bien'", s'est-il marré devant les journalistes.
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Francis Tiafoe à l'US Open en 2022

Crédit: Getty Images

Un changement de cap à la Kyrgios

Mais ce n'est plus qu'une facette de son caractère : le jeune homme de 24 ans est désormais bien plus concentré sur son métier. La pandémie de Covid est passée par là et lui a fait réaliser que le temps était précieux. Depuis plus d'un an, il a engagé Wayne Ferreira comme coach et les résultats sont plutôt au rendez-vous. Il a ainsi atteint deux finales sur le circuit (Vienne en octobre 2021 et Estoril en mai dernier), soit deux fois plus que… depuis le début de sa carrière qui en comptait donc une autre, déjà à Estoril en 2018.
Huitième-de-finaliste à Wimbledon, il est même entré le mois dernier dans le Top 25 (24e le 8 août), atteignant son meilleur classement. "J'ai fait des changements, quelques sacrifices. C'est une question de mentalité, à 100 %. Et de continuer à être soi-même sur le court. Il ne faut pas changer votre nature pour avoir du succès. Je pense que j'ai serré la vis", confiait-il d'ailleurs lors de son parcours impressionnant en Autriche, où il avait notamment battu Stefanos Tsitsipas, Diego Schwartzman et Jannik Sinner.
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Ce changement de cap n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui effectué cette saison par son grand ami Nick Kyrgios. Alors Tiafoe pourrait-il aller jusqu'au bout dans le parallèle en faisant une percée à Flushing, comme l'Australien l'a réalisé à Wimbledon ? En tout cas, il semble s'en donner les moyens. Car si se qualifier pour les huitièmes de finale d'un Grand Chelem n'est plus un événement, le faire sans perdre le moindre set est une grande première.

Menaçant mais toujours bredouille face au Big 3

Face à Nadal, il se présentera à 100 % de ses moyens physiques, plein d'énergie et avec davantage d'expérience. "Par rapport à 2019, je suis un joueur différent, je joue beaucoup mieux. Ce n'est pas comme si j'affrontais Rafa pour la première fois, je suis assez enthousiaste à l'idée de le jouer. Maintenant, je crois que je peux le battre. J'ai beaucoup mûri. Mon tennis s'est amélioré. Je sers mieux. Je crois beaucoup plus en moi qu'avant. Je suis heureux d'en être là où j'en suis, j'ai une bonne équipe autour de moi, super cohérente", a-t-il encore souligné.
Si Tiafoe est un homme de coups - Andrey Rublev (défait à l'US Open l'an dernier) et Stefanos Tsitsipas (battu à Wimbledon en 2021) peuvent en témoigner -, il n'a jamais battu un membre du fameux "Big 3", en six tentatives. Face à Nadal, il n'a même pas remporté le moindre set en deux matches. Ce constat brut cache cependant des détails plus intéressants : au 1er tour à Flushing Meadows il y a cinq ans, il avait poussé Roger Federer au bout des cinq sets. Puis au 2e tour de l'Open d'Australie 2021, il avait donné quelques sueurs froides à Novak Djokovic pour leur seul duel à ce jour (défaite 6-3, 6-7, 7-6, 6-3).
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Roger Federer (r.) und Frances Tiafoe

Crédit: Getty Images

Nadal lui-même ne s'y trompe pas. Dans l'ambiance électrique de New York, la menace est réelle. "Je trouve qu'il joue bien, qu'il s'est amélioré. Il est plus solide qu'avant, il a plus de matches et d'années sur le circuit derrière lui. Il a déjà joué sur les plus grandes scènes à des stades avancés de la compétition. Il joue avec beaucoup de passion. Il peut être très agressif dans son approche", a-t-il analysé.
Entreprenant, Tiafoe compte bien l'être. "Le plus grand défi face à Rafa ? Être à la hauteur de son intensité du premier au dernier point. On ne peut pas se permettre de d'avoir des bas, sinon il capitalise dessus. Et une fois qu'il dicte à l'échange avec son coup droit, c'est dur de se sortir de ce schéma. Je vais juste devoir être vraiment agressif pour lui imposer mon jeu." Dit comme cela, la recette semble simple. Mais elle est extrêmement difficile à appliquer tant elle est risquée.
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