US Open 2025, finale dames – Aryna Sabalenka s'est fait peur, mais elle a remporté le titre du Grand Chelem qu'il lui fallait
Mis à jour 07/09/2025 à 12:19 GMT+2
Vierge de tout titre majeur cette saison, Aryna Sabalenka ne devait pas, ne pouvait pas, laisser filer cet US Open. La numéro 1 mondiale a saisi sa chance, non sans se faire une belle frayeur face à une Amanda Anismova encore une fois très tendue, la nuit dernière (6-3, 7-6). Avec Sabalenka, le "drama" n'est jamais loin. Mais cette fois, elle a su l'éviter. Et la patronne, c'est bien elle.
Sabalenka l'a joué à l'expérience contre Anisimova : les temps forts de la finale
Video credit: Eurosport
Aryna Sabalenka ne peut pas faire simple. Sans quoi, elle ne serait pas Aryna Sabalenka. A vrai dire, la Biélorusse n'avait pas besoin de gagner cet US Open pour se maintenir à la place de numéro 1 mondiale, ni pour asseoir ce statut aux yeux des gens. Avec deux titres en WTA 1 000 et deux finales en Grand Chelem au cours d'une saison 2025 d'une constance et d'une densité folles, elle serait quoi qu'il arrive, même en cas de défaite samedi face à Amanda Anisimova, restée la maîtresse du circuit. La seule à être toujours là dans les grands rendez-vous, quand ses rivales vont et viennent au gré de coups d'éclat et de coups de moins bien.
Mais il y avait un mais, tout de même. Car une reine sans couronne, aussi belle soit-elle, ça n'est pas tout à fait une reine. Sabalenka le savait, bien sûr. Sans doute même mieux que tout le monde : elle devait absolument gagner ce titre à New York pour s'éviter un nouveau "drama" en finale de Grand Chelem, comme cela avait été le cas à l'Open d'Australie face à Madison Keys, et à Roland-Garros face à Coco Gauff. Disons-le : un nouveau revers aurait fait tâche, et aurait commencé à susciter de sérieuses questions sur ses aptitudes à régner plus longtemps sur le tennis féminin.
Aryna Sabalenka devait gagner, donc. Et elle a gagné. Elle a fini par enlever cette finale de l'angoisse face à une Amanda Anisimova une nouvelle fois trahie par ses nerfs pour sa deuxième finale de Grand Chelem consécutive. Pas dans d'aussi grandes largeurs qu'à Wimbledon, où elle avait creusé sa propre tombe jusqu'à encaisser, face à Iga Swiatek, un 6-0, 6-0 désormais passée à postérité. Mais l'Américaine était loin, malgré tout, du niveau de jeu produit pour prendre sa revanche face à Iga Swiatek en quarts, ou écarter Naomi Osaka dans une superbe demi-finale.
Ses 29 fautes directes, dont sept doubles, son absence de plan B et de lucidité tactique, auraient dû la précipiter bien plus tôt vers sa perte si Aryna Sabalenka n'avait pas fait du Aryna Sabalenka : un terrible "Djokosmash" dans le filet sur un point tout fait qui lui aurait procuré une balle de match, alors qu'elle servait pour le titre à 5-4, 30-30 dans le deuxième set. C'est là où l'expérience de la Biélorusse fut précieuse, pour conclure finalement au jeu décisif cette finale à mi-chemin entre la purge (soyons honnête) et la tragédie. Car ce smash, qui s'en serait remis ?
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Le moment où la finale a failli basculer : l'énorme raté de Sabalenka qui a relancé Anisimova
Video credit: Eurosport
Aryna Sabalenka, elle, s'en est relevée. Elle s'en est relevée parce qu'elle a abordé cette finale avec un état d'esprit totalement différent de celui qui l'animait à Melbourne puis à Paris : "Après Roland-Garros, j'ai compris qu'il était temps de prendre un peu de recul. Je suis partie à Mykonos, où j'ai réfléchi sur la manière dont j'avais pu laisser mes émotions prendre le contrôle sur moi lors de ces deux finales, a-t-elle joliment raconté en conférence de presse. J'ai réalisé que je pensais peut-être avoir fait le plus dur en arrivant en finale, et que je ne m'attendais pas à voir mes adversaires se battre autant. Ce qui n'est pas du tout la bonne façon de penser. Alors, pour cette finale, j'avais décidé que j'allais contrôler mes émotions et rester dans le match, quoi qu'il arrive."
Et c'est précisément ce qu'elle a fait, après cet horrible smash raté qui aurait pu, dans le passé, la faire dérailler pour de bon. Mais pas cette fois. Aryna a tenu parole. Elle est restée maîtresse de ses nerfs, maîtresse du match. "Il y a eu deux moments, quand elle m'a débreaké dans le premier set puis dans le deuxième set, où j'étais proche de craquer, mais je me suis répété : 'non, ça n'arrivera pas. Pas cette fois. Tout va bien', a-t-elle poursuivi. C'est la leçon que j'ai apprise. J'espère que plus jamais je ne perdrai le contrôle. En raison de ces deux finales perdues, ce titre a une saveur particulière. Mais je pense qu'après tout le travail effectué, je méritais un titre du Grand Chelem cette année."
Et comment ! Une saison vierge de tout titre en Grand Chelem aurait été une profonde injustice au regard de sa domination globale sur le circuit, elle qui quittera New York avec une avance abyssale de plus de 3 000 points sur sa dauphine au classement mondial, Iga Swiatek. Dernière joueuse à avoir perdu trois finales majeures en 2002, Venus Williams subissait de plein fouet, cette année-là, la domination de sa petite sœur Serena. Sabalenka, c'eût été autre chose. Une forme d'anomalie assez incompréhensible. Mais le drame a été évité.
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Sabalenka : "Quand je me suis écroulée, c'était des émotions pures"
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La morale sportive est sauve
Et la morale (sportive) est sauve. L'histoire retiendra plutôt qu'Aryna Sabalenka a joué trois finales de Grand Chelem sur quatre cette saison, avec pour seule exception Wimbledon où elle avait été sortie en demie, excusez du peu, par cette même Anisimova. La dernière fois qu'on avait vu un tel brelan de finales majeures, c'était en 2016, avec le duo Angelique Kerber - Serena Williams. Et la dernière fois qu'on avait vu une joueuse conserver son titre à l'US Open, c'était aussi Serena Williams, titrée entre 2012 et 2014.
Avec ce titre, Sabalenka a par ailleurs superbement soigné ses chiffres :
- Elle compte désormais quatre titres du Grand Chelem (US Open 2024-25, Open d'Australie 2023-24), ce qui fait d'elle l'égale de championnes comme Kim Clijsters, Naomi Osaka, Arantxa Sanchez ou Hana Mandlikova.
- Elle en est désormais à six finales consécutives en Grand Chelem sur dur (battue en finale en Australie cette année et à l'US Open en 2023), une série que seules Steffi Graf et Martina Hingis ont réussi dans l'ère Open (sept consécutives chacune).
- Elle a désormais remporté 100 matches en Grand Chelem tout rond.
La "Drama Queen" a donc encore frappé, juste à temps, pour nous rappeler une énième fois que de la destitution à la gloire, il n'y a souvent pas grand-chose. Et s'il subsistait un micro-doute avant samedi, celui-ci est désormais bel et bien balayé : la patronne, c'est encore et toujours Aryna Sabalenka.
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