US Open - "Je ne l’avais jamais vue comme ça" : Naomi Osaka, qualifiée pour les quarts de finale 1658 jours plus tard

2021. Naomi Osaka est à bout de nerfs. Rongée par une sévère dépression, elle ne supporte plus l’exercice médiatique. A Roland-Garros, elle refuse de faire face aux caméras et finit par jeter l’éponge. Quelques mois plus tard, à Cincinnati, elle fond en larmes en salle de presse. Ce lundi, la Japonaise, tout sourire, présente son nouveau Labubu aux journalistes avant de prendre l’assistance en photos.

Elle n’est plus la même. Métamorphosée, libérée, l’ancienne numéro 1 mondiale renaît. Ce lundi, elle a signé sa victoire la plus retentissante depuis son retour sur le circuit et la naissance de sa fille. Coco Gauff, troisième meilleure joueuse du monde, a été éparpillée chez elle, à New York, en deux sets et 64 minutes de jeu (6-3, 6-2).

Une victoire fondatrice qui matérialise un peu plus le retour de Naomi Osaka au premier plan. Déjà finaliste à Montréal, la Japonaise semblait retrouver son tennis puissant et dévastateur ces dernières semaines. La voilà en quart de finale d’un Grand Chelem pour la première fois depuis quatre ans et demi. Une vraie renaissance. Ces derniers mois, elle avait semé quelques indices mais il manquait toujours quelque chose. Par exemple, un point l'an dernier face à Iga Swiatek au 2e tour de Roland-Garros. Un match qui avait déjà rappelé qu'elle valait sans doute mieux que ce qu'elle proposait sur le circuit.

Plus que son tennis, son attitude sur le terrain tranche désormais avec les années d’errance dans lesquelles elle avait perdu le goût du jeu. Lundi, on l’a même vu sourire après les rares parpaings envoyés par Gauff. Osaka semble avoir pris du recul et évolue avec une légèreté nouvelle qui en fait une toute autre joueuse : "Ce que je veux retenir de ce tournoi, c'est simplement le fait de sourire et de m'amuser", a-t-elle avoué après sa retentissante victoire qui en fait, automatiquement, une prétendante à la victoire finale.

"Elle semble détendue sur le court, a réagi Coco Gauff, complètement à côté de ses pompes, après sa cinglante défaite. Aujourd'hui, elle était clairement donnée perdante sur le papier. Elle joue très bien au tennis. Elle m'a forcée à jouer comme je l'ai fait aujourd'hui. Oui, je pense qu'elle s'est beaucoup améliorée depuis son retour."

Alors, cet US Open peut-il marquer le retour de la grande Naomi Osaka ? "Non, on n’a pas retrouvé cette Osaka et on ne la retrouvera pas, tranche notre consultante Justine Hénin. Parce que beaucoup de choses ont changé dans sa vie et dans sa carrière. Elle a eu à se reconstruire à différents niveaux. Il a fallu prendre de la distance par rapport au tennis. La maternité lui a apporté tellement de choses et lui a permis de se décentrer du tennis. Mais lors de ses deux doublés US Open - Open d’Australie, elle jouait un tennis d’un niveau exceptionnel, elle marchait, par moment, sur ses adversaires. Elle n’a pas encore cet impact-là. Mais ça évolue beaucoup. On la retrouve épanouie, souriante. Je ne l’avais jamais vue comme ça."

Osaka ne sera plus jamais celle qu’elle était quand elle dominait le tennis mondial. C’est une nouvelle carrière qui redémarre sans que personne aujourd’hui ne puisse imaginer jusqu’où celle-ci la mènera. Mais la lumière qui jaillit d’elle à Flushing Meadows en cette fin d’été la replace dans la discussion.

"Pour moi, les quarts de finale sont un peu un territoire inconnu à ce stade de ma carrière, a-t-elle encore confié alors qu’elle a atteint quatre fois ce stade de la compétition avant sa pause. Je m'amuse. Si vous me demandez ce qui m'a le plus enthousiasmée aujourd'hui, je dirais que c'est le fait de ne plus avoir besoin d'une wild card pour participer aux tournois. Je pense que je serai tête de série dans des tournois comme Indian Wells ou Miami, et c'est ce qui me rend heureuse." Et quand Osaka est heureuse, elle est redoutable.