Finale de Wimbledon 2008, Rafael Nadal - Roger Federer : les bonnes feuilles du livre (5e extrait)

Lorsque Maymo et Toni retournent à leur place, le clan Nadal leur demande comment se porte leur champion. Comment va Rafa ? Que dit-il ? Toni secoue la tête. "Ou bien c’est un excellent acteur, et il nous a fait un grand cinéma, ou alors il est vraiment détendu."

Dans la salle de presse, les médias se précipitent pour récupérer dans les archives d’anciens articles annonçant l’effondrement possible de Nadal. Avec des passages que les journalistes laissent en blanc pour annoncer le dénouement final et le vainqueur, "l’article type" contenait des passages fleuris sur le caractère épique du match. Les journalistes se pressent également pour essayer de replacer le match dans un contexte historique. Cela fait 81 ans - Henri Cochet contre Jean Borotra - qu’un joueur n’a pas effectué une telle remontée après avoir été mené deux sets à zéro. Cela fait 60 ans qu’un joueur - le pauvre Bob Falkenburg - a eu une balle de match en finale et a perdu. Cela fait plus de 120 ans que Willie Renshaw a remporté six titres de Wimbledon d’affilée, ce qui est un peu saugrenu puisque dans les années 1880, le champion défenseur du titre avait automatiquement sa place en finale.

C’est également pendant cette interruption due à la pluie qu’une rumeur se met à courir : on est alors en train d’assister au plus grand match de l’histoire du tennis. Une considération subjective qui nécessite en vérité un peu plus de détachement. Mais en réalité qu’est-ce qui peut bien battre un événement de cette envergure ? Qu’est-ce qui peut battre deux hommes s’affrontant pour la troisième fois dans la finale de Wimbledon pendant cinq manches à un niveau d’excellence jamais égalée ? Si l’on est d’accord pour dire que le ‘plus grand match de l’histoire’ a besoin d’être empreint d’une certaine gravité - ce qui n’est arrivé ni à l’Open de Memphis, ni à la classique de Budapest - il faut également noter que les candidats se font rares.

Le seul exemple dont on pourrait s’inspirer c’est la finale de Wimbledon en 1980 entre McEnroe et Borg. Certes, le match pourrait rivaliser avec celui de Federer-Nadal d’aujourd’hui pour son côté dramatique, mais (alerte blasphématoire) il n’est aucunement comparable en terme d’excellence qualitative. De plus, la première manche de ce match historique s’est terminée sur le score de 6-1, alors que chaque set du match Federer-Nadal a été rudement combattu. Jusqu’à maintenant, s’il y a eu quelques défaillances, ce ne fut que lors de quelques points. McEnroe lui-même fut le premier à dire que la finale de Wimbledon 2008 fut : "Le plus grand match que j’ai jamais vu." Borg dira la même chose quelques instants plus tard.