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Milos Raonic n'est pas Roger Federer, mais il est plus qu'un bourrin

Laurent Vergne

Mis à jour 10/07/2016 à 13:25 GMT+2

WIMBLEDON 2016 - En battant Roger Federer en demi-finale, Milos Raonic a montré que le Canadien était prêt à lutter avec les meilleurs joueurs du circuit. Que ça plaise ou non.

Milos Raonic

Crédit: Eurosport

Depuis une quinzaine de jours, alors que j'avais eu le "malheur" d'évoquer sur Twitter une possible victoire de Milos Raonic à Wimbledon en guise de pronostic, j'avais reçu en retour une salve de ripostes mi-consternées mi-indignées, sur le mode du "ce serait une catastrophe pour le tennis." "Tu veux la mort du tennis", assénait même une réponse. Allons bon. Alors qu'il s'est rapproché de cette glorieuse destinée vendredi en se hissant en finale via, crime suprême de lèse-majesté, une victoire face à Roger Federer, le grand Canadien ne semble pas avoir beaucoup plus la cote.
Jeu stéréotypé, robotique, bourrin, affreux à regarder, manque de charisme... Tout y est passé. Raonic n'a pas la créativité d'un McEnroe, l'élégance d'un Federer ni même le charisme presque animal d'un Nadal. Je vous accorde volontiers tout cela et même le reste. Mais il faut de tout pour faire un monde et il en a fallu au moins autant pour construire l'histoire du tennis. Il ne peut pas y avoir que des McEnroe ou des Federer. Raonic joue avec ses armes. Pourquoi le lui reprocher ? Elles sont réelles et sa palette est plus étoffée que la caricature qu'on veut bien en faire. On n'arrive pas en finale de Wimbledon juste en enquillant les premières balles à 230. Sinon, Karlovic l'aurait déjà gagné trois ou quatre fois.
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Raonic et Federer à Wimbledon

Crédit: AFP

Dans la tronche, Raonic a été admirable

Que ce soit à la volée ou dans son jeu de défense, il a énormément progressé. Depuis le début de l'année, il semble aussi avoir un fil conducteur quand il entre sur le court, ce qui n'a pas, et c'est peu de le dire, toujours été le cas par le passé. Merci Carlos Moya, sur ce point précis. Pour une grande carcasse, il bouge aussi plutôt bien sur le court. Mais plus que tout, Raonic a franchi cette année un énorme cap au plan mental.
Ancré sur davantage de certitudes et de confiance, il ne lâche pas, même dans la tourmente. Cette semaine, il a réussi à surmonter un handicap de deux sets contre David Goffin, avant de battre Federer à nouveau en cinq sets, en ayant évolué sur le fil du rasoir dans la quatrième manche. Dans la tronche, Raonic a été admirable. C'est aussi ça, c'est d'abord ça, un champion. Bref, si Raonic n'est pas Federer, il est, quand même, un peu plus qu'un bourrin…

Les rêves, propres à chacun, et la réalité, qui s'impose à tous

Pourquoi, surtout, vouloir lui faire porter un chapeau trop grand pour lui ? Raonic n'a pas à incarner pas les tares présumées du "tennis du futur". Qui peut dire, d'ailleurs, à quoi celui-ci ressemblera ? Il y a 20 ans déjà, les mêmes lamentations ciblaient un Rusedski, voire un Ivanisevic, pleurant déjà la mort annoncée d'un sport destiné à se limiter à deux ou trois frappes de balles, à des premières à 230 et à une expression aussi soporifique que robotique. C'est peu dire que la suite, via Federer, Nadal, Djokovic ou Murray, leur a donné tort. On pourra aussi s'amuser de voir que ceux qui pestent devant le manque de renouvellement au sommet de l'élite sont souvent les mêmes qui râlent quand ce renouveau n'a pas exactement le visage de leurs rêves.
Mais il y a les rêves, propres à chacun, et la réalité, qui s'impose à tous. Milos Raonic, lui, a rappelé à Roger Federer celle du moment : il est désormais prêt à lutter pied à pied avec eux. Nous verrons dimanche s'il est prêt à franchir la dernière marche. Par définition la plus haute. Personne, pas même lui, ne peut le savoir. Une première finale de Grand Chelem, c'est souvent tout l'un ou tout l'autre. Le relâchement absolu, l'insouciance totale, ou, à l'inverse, le trouage complet.
On ne se prépare jamais totalement à un saut dans l'inconnu. C'est une fois confronté à lui qu'on obtient les réponses à ses questions. Je ne serais quand même pas surpris que Raonic se montre à la hauteur de l'évènement. Mais Murray, chez lui, en finale, sera un client d'une autre envergure encore que Federer. Une chose est sûre, si le colosse Milos s'offre son premier majeur en battant à 48 heures d'intervalle, sur le centre court, Federer puis Murray, il méritera un peu de respect. Que ça vous plaise ou non.
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Milos Raonic - Wimbledon 2016

Crédit: AFP

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