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Federer, l'homme qui défiait le temps

Laurent Vergne

Mis à jour 14/07/2017 à 22:47 GMT+2

A moins d'un mois de son 36e anniversaire, Roger Federer, virevoltant comme un junior, vient de se hisser en finale de Wimbledon sans perdre le moindre set. Le Suisse bluffe tout son monde et confirme qu'il est bien un cas unique sur le circuit. A tous points de vue.

Roger Federer, le king du Centre Court.

Crédit: Getty Images

Tomas Berdych connait son petit Federer illustré par cœur. Treize ans qu'il le côtoie. De 2004 à aujourd'hui, il n'a pas passé une saison sans l'affronter au moins une fois. Le Tchèque est donc bien placé pour parler de celui qui a si souvent été son bourreau. Vendredi, après sa défaite en demi-finale contre le Suisse, il n'a pas voulu se lancer dans le jeu des comparaisons. "Est-ce qu'il est meilleur qu'en 2010 ou avant ? Désolé, mais je n'aime pas ce genre de questions. Ce que je sais, c'est qu'il est juste trop fort".
Trop fort. A bientôt 36 ans. Trop fort, comme il l'était du temps où il alignait les Petits Chelems. Ce ne sont pas seulement ses adversaires que Federer domine, mais les lois de la nature. "Mais l'âge n'a pas de prise sur ce gars, assure Berdych. Je ne vois rien qui indique que Roger vieillisse ou quoi que ce soit dans le genre. Il n'est pas affecté par le temps. Si vous regardez la plupart des gars qui arrivent à 35, 36 ans, vous voyez clairement que leur âge affecte leur façon d'être sur le court. Mais lui, rien."

Becker : "Les voitures ont cinq vitesses. Federer en a dix"

Comme après son break de six mois, sa coupure d'un trimestre entier pour esquiver la saison sur terre battue semble avoir revigoré le Bâlois, frais comme un gardon sur ce gazon qu'il aime tant. "Je ne voulais pas prendre de risque en jouant Roland-Garros, a encore martelé Federer vendredi, et je pense définitivement avoir fait le bon choix. Donner du repos à mon corps, c'est essentiel. Je suis content de voir que ça paie ici."
Mais là encore, pour sa victime du jour, ce qui sied à Federer ne saurait être tenu pour une règle d'or. "Moi, si je m'arrête six mois, je ne vais pas revenir aussi fort, lance Berdych. C'est sympa de sa part de nous montrer comment ça fonctionne, sauf que ça ne marche pas comme ça pour tout le monde. Il faut être unique pour ça, et il l'est."
Lors de sa demi-finale face au Suisse, Tomas Berdych a pourtant eu l'impression de faire à peu près tout comme il fallait. A l'arrivée, il a pris trois sets. Accrochés, certes, mais trois sets quand même. Comme les autres. "C'est extrêmement difficile, déplore-t-il. J'ai vraiment bien joué, je n'ai juste pas de chance de tomber contre un gars qui joue à un tel niveau."
Boris Becker, lui aussi, est bluffé. Lui qui a été longtemps considéré comme le maître des lieux, totalise sept finales à Wimbledon. Il doit se frotter les yeux en voyant Federer dépasser la dizaine, surtout à cet âge-là. "Les voitures ont cinq vitesses. Federer en a dix", a jugé l'Allemand sur la BBC.
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Roger Federer n'a toujours pas perdu un set.

Crédit: Getty Images

Moins surpris qu'en début de saison

Et Federer, s'étonne-t-il lui-même ? Moins, peut-être, que lors de son premier trimestre en mode razzia. "Gagner l'Open d'Australie, Indian Wells et Miami, oui, ça m'a complètement surpris, c'était un peu comme un rêve, a-t-il soufflé après son accession à la finale. Mais Wimbledon, c'était dans mon esprit quand je me suis arrêté début avril. J'ai travaillé pour ça, le but c'était Wimbledon." Sans doute aussi a-t-il davantage de repères et de certitudes au All England Club. L'an passé, même avec un dos en feu et un genou grinçant, il était passé à deux points de la finale. Alors, en étant frais, dispo et en pétant les flammes...
Alors, jusqu'où ? Jusqu'à quand ? Son éclatant retour, quoi qu'il arrive, demeurera comme un des évènements marquants de 2017. Et ce n'est pas fini. Roger Federer donne l'impression d'évoluer dans un corps de jeune homme et ce qu'il a toujours assené ces dernières années se matérialise sans doute au-delà de ses espérances : quand, physiquement, il est à 100%, il peut encore botter le train de n'importe qui. Au point de laisser apparaître un minimum de faiblesses. Désespérant pour la concurrence. N'est-ce pas, Tomas ?
D'ailleurs, quand on lui demande ce qu'il répondrait si un Dieu du tennis existait et lui demandait quelle est la principale faiblesse de l'homme aux 29 finales majuscules, Berdych préfère en rire : "ça voudrait dire que Federer en personne me poserait cette question..."
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Federer-Berdych, "same old story"

Crédit: Getty Images

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