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Wimbledon - Barty : "J'ai mis du temps à oser rêver de gagner ce tournoi incroyable"

Maxime Battistella

Mis à jour 11/07/2021 à 00:37 GMT+2

WIMBLEDON - Deux ans après son sacre à Roland-Garros, Ashleigh Barty avait du mal à croire qu'elle avait conquis son deuxième titre en Grand Chelem sur le gazon anglais en battant Karolina Pliskova en finale samedi (6-3, 6-7, 6-3). Pourtant, ce couronnement ne pouvait pas être plus mérité, tant il récompense sa régularité au plus haut niveau ainsi que son tennis complet.

Ashleigh Barty à Wimbledon en 2021

Crédit: Getty Images

Accroupie, le visage baigné de larmes et dans ses mains, elle a fendu la carapace d'un coup. Pendant quasiment deux heures, Ashleigh Barty avait tenté de ne rien laisser transparaître de ses émotions, affichant un masque fermé pour donner le moins d'indications possibles à son adversaire, une sorte de "poker face" indéchiffrable que Roger Federer lui-même, grand spécialiste, n'aurait pas reniée. Mais quand elle a vu Karolina Pliskova expédier un ultime revers dans le filet, l'Australienne a dévoilé aux yeux de tous le combat féroce qu'elle menait aussi contre elle-même.
Et comment ne pas la comprendre ? Car quand un rêve d'enfance est sur le point de se réaliser, difficile d'avoir le geste sûr, les jambes alertes et les idées claires. Surtout quand il s'agit de sa première finale de Wimbledon. Les spectateurs et observateurs ne voient finalement que ce qui se passe sur le court, pas l'angoisse, l'impatience et tout ce que les joueuses et joueurs vivent dans les heures précédant l'événement, et dans leur for intérieur. Être dans le moment présent est un idéal absolu pour accomplir la meilleure performance possible sur le court. Mais faire fi de tout ce qui nous entoure et de ses propres pensées se révèle parfois bien compliqué.

Héritière de Goolagong, elle a senti le poids de l'Histoire sur ses épaules

Ashleigh Barty n'a d'ailleurs pas réussi à le faire lors de cette finale. Elle fut la première à l'avouer dans son discours lors de la remise des trophées. "Je n'ai pas beaucoup dormi hier soir, je pensais beaucoup 'et si…' Mais je suis entrée sur ce court, je me suis sentie à la maison d'une certaine façon", a-t-elle expliqué. La numéro 1 mondiale avait fait le match plusieurs fois dans sa tête avant de pénétrer dans le Centre Court, ce qui lui a coûté une certaine énergie, avant de se calmer pour entamer tambour battant les hostilités.
Sa chance a peut-être été que son adversaire Karolina Pliskova était, elle aussi, très tendue par l'événement. C'est ce qui lui a permis de se retrouver rapidement avec un set et un break d'avance, puis de servir à 6-5 dans le deuxième set pour le titre. La tension et le poids du moment l'ont alors rattrapée : devenir la première Australienne à remporter Wimbledon depuis Evonne Goolagong-Cawley en 1980. Elle avait ainsi assumé son statut d'héritière pendant tout le tournoi en arborant une robe inspirée de celle que portait sa glorieuse aînée lors de son premier titre au All England Club voici un demi-siècle.
Le stress s'est donc invité dans son bras et lui a fait perdre le tie-break de la deuxième manche. Ce passage difficile aurait pu constituer un véritable tournant. Car si Barty s'est affirmée comme l'une des meilleures joueuses du monde depuis deux ans, après avoir un temps mis sa carrière entre parenthèses, elle n'a pas une confiance aveugle en ses possibilités comme un Novak Djokovic. "J'ai mis longtemps à m'avouer, à verbaliser que je voulais oser rêver; et gagner ce tournoi incroyable", a-t-elle lâché dans ce qui constitue tout sauf un exercice forcé d'humilité.
Etre capable de jouer Wimbledon était déjà un miracle
L'Australienne doutait d'autant plus d'elle-même que jouer simplement cette quinzaine à Wimbledon était déjà une grande victoire. Blessée à la hanche gauche à Roland-Garros, elle avait dû abandonner au 2e tour sur la terre parisienne et n'avait pu disputer aucun match de préparation sur gazon. Son équipe avait même choisi de ne pas lui dire tout ce que les docteurs pensaient de sa blessure et du temps qu'il lui faudrait pour récupérer. Elle aurait ainsi dû être éloignée des courts pendant deux mois, mais a réussi à se remettre sur pied deux fois plus vite. "Être capable de jouer Wimbledon était déjà un miracle", a-t-elle dévoilé aux journalistes.
Alors Barty ne pouvait décemment pas renoncer, même quand les choses ont semblé tourner au vinaigre. Il n'était pas question de s'effondrer. "Je me suis juste dit de continuer à me battre. Karolina est une incroyable 'matcheuse', elle a fait ressortir mon meilleur tennis aujourd'hui (samedi). C'était un match exceptionnel et je savais qu'il fallait que je joue à mon meilleur niveau. J'étais très fière de ma capacité à me relancer après la perte du deuxième set", a-t-elle considéré.
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shleigh Barty of Australia celebrates with the Venus Rosewater Dish trophy after winning her Ladies' Singles Final match against Karolina Pliskova of The Czech Republic

Crédit: Getty Images

Adoubée par les légendes, elle consacre une certaine idée du tennis

Son meilleur tennis, vraiment ? On est en droit d'en douter (29 fautes directes dont 7 doubles fautes), tant elle a parfois semblé fébrile. Mais son meilleur tennis possible dans ces circonstances particulières, certainement. Car c'est bien techniquement que Barty a fini par faire la différence en début de troisième acte avant de tenir jusqu'à la fin son avantage. Certes, Pliskova lui a donné un paquet de points, mais c'est aussi et surtout parce la Tchèque a été usée par les changements de direction et les longueurs variables du slice de revers de l'Australienne, ainsi que par ses changements de rythme parfois brutaux en accélérations de coup droit.
C'est grâce à sa science du jeu sur gazon, sa grande palette de coups, sa capacité à varier que Barty a été couronnée. Pour la plus grande joie du public anglais fin connaisseur et des légendes du tennis féminin présentes dans les tribunes du Centre Court. Victorieuse de son quatrième titre de la saison, la numéro 1 mondiale a vu sa constance dans l'excellence récompensée et une certaine idée du jeu. Et si elle semblait encore douter qu'Evonne Goolagong-Cawley puisse être fière d'elle, Martina Navratilova l'a assurée que c'était bien le cas. "Nous le sommes toutes, tu le mérites", a même ajouté Billie Jean King. What else ?
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