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WTA Miami - De prodige de précocité à nouvelle joueuse à battre : comment Iga Swiatek a changé de dimension

Maxime Battistella

Mis à jour 25/03/2022 à 13:44 GMT+1

WTA MIAMI - Avant son entrée en lice au 2e tour en Floride, Iga Swiatek est la nouvelle référence sur le circuit WTA, d'autant plus depuis l'annonce de la retraite d'Ashleigh Barty dont elle prendra la place de numéro 1 mondiale si elle gagne son 2e tour vendredi. A seulement 20 ans, la talentueuse Polonaise a mûri ces deux dernières saisons et semble prête à assumer la relève de l'Australienne.

L'oeil de DiP : "Iga Swiatek, une patronne en puissance"

A peine 18 mois après son éclatant et surprenant triomphe à Roland, Iga Swiatek confirme les promesses qu'elle avait semées sur la terre parisienne. Rappelez-vous : c'était en octobre 2020 lors d'une édition pour le moins spéciale du Majeur de la Porte d'Auteuil, exceptionnellement joué à l'automne à cause du coronavirus. Dans des conditions humides et lourdes, une Polonaise de 19 ans avait tout renversé sur son passage, tel un ouragan : aucun set concédé et 28 petits jeux laissés à la concurrence (soit 4 par match en moyenne) pour conquérir le trophée. Sur un tournoi, elle avait été inarrêtable, mais pouvait-elle le devenir sur la durée ?
En cette fin de mois de mars 2022, elle est en train d'apporter la preuve qu'il ne s'agissait pas seulement d'un état de grâce. Car Iga Swiatek reproduit ce qu'elle réalisait à l'époque. Avec 20 victoires - dont 11 consécutives, série en cours - pour 3 défaites, une première place à la Race (classement depuis le 1er janvier) et deux titres en WTA 1000 d'affilée (Doha, Indian Wells), elle s'impose comme la meilleure joueuse de ce début de saison. Et plus important que ces résultats bruts remarquables, elle a construit ce succès sur des fondations solides.

Le mentor de Radwanska pour passer un nouveau cap

"C'est difficile de décrire à quel point ce titre à Indian Wells et la manière dont je l'ai conquis sont importants pour moi. Dans des conditions totalement différentes de celles de Doha, en s'adaptant chaque jour à la chaleur sèche du désert malgré la fatigue croissante, pour ne se concentrer que sur ce qui se passait dans le présent. Je pense que je suis devenue une meilleure joueuse pendant ces deux semaines, et c'est ce dont je suis le plus heureuse. Mon travail paie et je sais que j'ai choisi le bon chemin, même s'il y aura des hauts et des bas et quelques surprises", a-t-elle ainsi estimé dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Le "chemin" auquel Swiatek fait référence, c'est celui qui l'a conduite à se séparer de son coach depuis 6 ans Piotr Sierzputowski pour engager l'ancien mentor d'Agnieszka Radwanska, Tomasz Wiktorowski depuis le début de saison. Hasard du calendrier, elle vient d'égaler le meilleur classement atteint par sa glorieuse aînée polonaise, numéro 2 mondiale. Cette décision a été le fruit d'une analyse de son année 2021 l'hiver dernier. Si ses résultats sont ainsi restés solides - elle a toujours atteint la seconde semaine en Grand Chelem -, il lui a manqué l'étincelle pour se distinguer, ne parvenant pas à faire mieux qu'un quart à Roland.
Bien que toujours très jeune, elle a eu déjà l'intelligence d'identifier ses failles pour en faire des forces. Sensible et sujette à de régulières crises de larmes (comme lors du dernier Masters à Guadalajara), elle travaille ainsi depuis de nombreux mois avec une psychologue, Daria Abramovicz, qui voyage avec elle. "Je suis assez émotive et je ne veux pas le cacher, pourquoi le ferais-je ?", confiait-elle d'ailleurs à Eurosport à Indian Wells. Et tennistiquement, la Polonaise a senti qu'elle avait besoin d'entendre un autre discours.

Mentalement, elle s'inspire de Nadal pour progresser

"Les grandes décisions ne sont jamais faciles à prendre, surtout après avoir travaillé avec mon coach précédent pendant si longtemps. Il était avec moi depuis les juniors, puis pendant toute la période de mon passage chez les professionnelles. Mais en fin de compte, je me suis rappelée que toutes les décisions que j'ai prises dans ma vie étaient assez positives, même si c'était à chaque fois dur de les prendre. Donc j'avais besoin de réfléchir à propos de toute notre collaboration, d'en retirer le positif, et aussi de réfléchir à ce que je pouvais apprendre de plus", estimait-elle encore.
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Swiatek indébordable, Cornet et Barty dans leurs oeuvres : Le Top 5 du tournoi féminin

Et pour cause : très à l'aise dans les échanges à rallonge avec son coup droit lifté surpuissant pour user ses adversaires, Swiatek exprimait mieux son potentiel sur terre battue jusqu'ici. Pour être plus performante ailleurs, elle a donc changé son fusil d'épaule. "Rester agressive et prendre l'initiative sur le court, aller vers l'avant et être la première à jouer vite : c'était en quelque sorte l'objectif que je voulais atteindre cette saison. Ces tournois sur dur au début de l'année m'ont montré que ça allait vraiment m'aider. Et le tennis va dans cette direction, de plus en plus vite. Donc il faut que je suive le mouvement. Et je suis assez fière de ce que j'ai accompli et je veux continuer comme ça."
Mentalement, Swiatek a aussi franchi un cap important. Elle s'est inspirée de celui qu'elle désigne encore comme son idole : Rafael Nadal. "Je pense qu'emmagasiner de l'expérience m'a aidée, parce qu'il y a quelques années je ne pouvais pas concevoir l'idée d'être heureuse de gagner en jouant mal. J'ai regardé beaucoup de tennis ces deux dernières années et j'ai vu beaucoup de comebacks et de matches où Rafa, par exemple, ne jouait pas son meilleur tennis mais parvenait quand même à trouver des solutions. En finale de l'Open d'Australie, c'était hallucinant parce que j'étais en tribune et même moi, je pensais : 'Oh, il ne retournera la situation, c'est quasiment impossible.' Et il l'a fait. C'est une leçon pour nous tous", a-t-elle déclaré sur le site de la WTA.

Devenue la référence, elle devra assumer désormais

Perfectionniste et grande angoissée comme son héros, Swiatek se construit dans le travail, n'envisageant les résultats et le classement que comme une conséquence logique. Et force est de constater que la méthode paie : incrédule ce lundi quand elle est officiellement devenue dauphine d'Ashleigh Barty au classement, elle ne veut pas trop penser au rôle de patronne. Pourtant, elle deviendra officiellement numéro 1 mondiale après Miami si elle gagne au 2e tour pour son entrée en lice contre la Suissesse Viktorija Golubic. La retraite de surprise de l'Australienne, qui va disparaître du classement, l'a de fait propulsée comme la référence du circuit.
"C'est plus facile de devenir numéro 1 que de rester numéro 1 mondiale parce tout le monde veut vous battre et vous avez tout à perdre. Je pense qu'Iga Swiatek est désormais beaucoup plus forte mentalement qu'elle ne l'était ces deux dernières années. On sait qu'elle a beaucoup travaillé dans ce domaine, mais ce sera quand même un nouveau statut à gérer pour elle", résume d'ailleurs Barbara Schett, consultante pour Eurosport. A la Polonaise de confirmer, et ce dès les prochains jours en Floride, qu'elle a désormais le bagage pour le faire.
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