WTA Rome - Iga Swiatek : "Avoir une rivale aussi forte qu'Aryna, c'est motivant"

Iga Swiatek n'est plus seule au monde. A ce même stade de la saison l'an passé, la Polonaise en était à 23 victoires consécutives, renforçant jour après jour, semaine après semaine son statut de nouvelle numéro 1 mondiale et patronne du circuit WTA. Une série fantastique qu'elle allait pousser jusqu'à 37 en gagnant successivement Rome et Roland-Garros. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, et si elle reste impressionnante sur terre battue avec un titre à Stuttgart et une finale à Madrid, la reine Iga a trouvé une dauphine de choix en la personne d'Aryna Sabalenka.

Battue en Allemagne, la Biélorusse a donc pris sa revanche en Espagne la semaine dernière et a confirmé qu'elle était entrée dans une autre dimension depuis son triomphe à l'Open d'Australie. A moins que le travail de rattrapage n'ait commencé bien avant pour Sabalenka. Il faut dire qu'elle n'avait pas le choix, vu le rythme imposé par Swiatek. Loin d'en être écoeurée, elle a tout fait pour raccrocher les wagons à la locomotive polonaise. Son entrée en lice ratée à Rome, dûe à une fatigue extrême comme elle l'a tweeté, ne doit éclipser ce rapport de force nouveau qui s'installe entre les deux.

"La saison dernière, j'ai perdu tant de matches face à elle (quatre de suite avant d'arrêter la série en demi-finale du Masters, NDLR). Elle m'a beaucoup poussé à faire mieux, a reconnu Sabalenka dans un entretien accordé à Alizé Lim pour Eurosport avant sa défaite inaugurale. Je me souviens qu'à l'entraînement, je me disais : 'Si tu veux battre Iga, il faut continuer à courir, à faire ce que tu fais, à repousser tes limites.' Elle me rend vraiment meilleure, ça ne fait aucun doute. Et je suis super heureuse de l'affronter régulièrement en finale. J'espère que ça continuera jusqu'à la fin de la saison voire pendant plus longtemps. Je vais faire tout ce que je peux pour que ça arrive."

En d'autres termes, Iga Swiatek a en quelque sorte représenté pour Sabalenka un palier à atteindre. Dans ce sens, l'actuelle numéro 1 mondiale a presque été une aubaine pour la Biélorusse qui stagnait les saisons précédentes. A un très haut niveau certes, mais avec un plafond de verre en Grand Chelem (les demi-finales) et au niveau mental. Rien n'est plus efficace que d'être inspiré(e) par meilleur(e) que soi en somme.

Et Swiatek le comprend mieux que quiconque pour avoir elle-même utilisé une méthode similaire avec celle qui l'avait précédée sur le trône. "Il y a deux ans, ça m'a vraiment frappé quand j'ai joué contre Ash Barty, a-t-elle expliqué à Eurosport. J'avais le même sentiment qu'Aryna par rapport à moi. En match comme à l'entraînement, je me la représentais en train de slicer en revers et j'essayais de mieux le relever et lui répondre. Désormais, c'est un peu comme ça. Je suis heureuse que nous ayons de bonnes joueuses sur le circuit et que nous puissions nous motiver."

Rattrapée voire dépassée ces derniers mois par Sabalenka – elle accuse 1900 points de retard à la Race (classement depuis le 1er janvier) – Swiatek compte bien lui rendre la pareille et se servir de sa dangereuse dauphine pour s'améliorer encore. "Bien sûr qu'elle me pousse aussi à être meilleure, a-t-elle confirmé. Le fait d'avoir pour rivale quelqu'un qui joue aussi bien qu'Aryna, c'est motivant. Ça me permet de rester concentrée, vigilante, à l'affût."

Il n'y a d'ailleurs peut-être pas de meilleur remède à l'usure du pouvoir. Avec une Sabalenka dans de telles dispositions, Swiatek n'a pas le loisir de se reposer sur ses lauriers. La Polonaise n'est plus seule face à elle-même, ce qui comporte un autre avantage : l'envie de gagner a repris le pas sur la peur de perdre qu'elle déplorait à Melbourne en début d'année. S'incliner face à une telle adversaire n'a rien de déshonorant. Et elle n'en tire finalement qu'une furieuse envie : celle de montrer à nouveau qu'elle reste la meilleure joueuse du monde.