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24 HEURES DU MANS - Toyota repart pour un triplé, avec ses glorieux ou ses maudits

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 19/09/2020 à 07:20 GMT+2

24 HEURES DU MANS - Seule équipe d'usine au départ dans la Sarthe samedi, Toyota veut refermer l'histoire de sa TS050 avec une troisième victoire consécutive, dimanche. Une ambition légitime. Reste à savoir si se sera avec les lauréats de la n°8 ou les éternels malchanceux de la n°7...

Mike Conway (Toyota n°7) aux 24 Heures du Mans 2019

Crédit: Getty Images

Audi, reine du XXIe siècle, avait déserté la scène mancelle en 2017 et Porsche, marque la plus glorieuse dans la Sarthe, l'avait imité en 2018. Seule usine en lice, archi favorite, Toyota était allé cueillir ses premiers lauriers aux 24 Heures après être passé tout près de la consécration en 2016. On pensait l'histoire encore écrite d'avance en 2019, mais elle ne l'était pas tant que ça. Loin de là, même. Habituée des coups du sort, des rebondissements de dernière heure sinon de dernier tour, Toyota avait finalement gagné avec la TS050 Hybrid n°8 de Fernando Alonso, Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima, au détriment de la n°7.
En cette année de transition sportive, énergétique, Toyota ne boude pas pour autant son plaisir, et repart cette semaine à la conquête d'une nouvelle victoire au "scratch". Une troisième couronne consécutive qui aurait une saveur particulière, puisqu'elle lui donnerait le droit de garder pour toujours le célèbre trophée.
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Dernier tour, Alonso ferme les yeux, ému... La Toyota n°8 va gagner

Huis clos

Dans ces conditions, à quoi bon déployer les grands moyens ? Depuis son retour, Toyota n'a aligné qu'une fois trois bolides sur le Circuit de la Sarthe, en 2017. Pour cette 88e édition de la classique de l'Endurance, et la dernière de la TS050 Hybrid dans la catégorie Le Mans Prototype 1, la firme japonaise n'avait aucune raison de déployer une armada. Elle engage encore deux machines frappés de ses chiffres fétiches : la n°7 des "maudits" Mike Conway, Kamui Kobayashi et José María Lopez, et la n°8 des lauréats Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima et Brendon Hartley, pour sa part consacré avec Porsche en 2017.
Dernier opus de l'ère exclusivement LMP1 avant l'entrée en lice en 2021 des Hypercars, dont Toyota sera, la course inventée en 1923 revêt malheureusement cette année le caractère de l'inédit puisqu'elle sera disputée sans spectateurs. Après des tentatives pour réduire la jauge à 25.000 personnes, en plusieurs "villages" fermés, l'Automobile club de l'Ouest s'est soumis à la dure mais nécessaire réalité du huis clos, le 10 août dernier. Un confinement qui vaudra aussi malheureusement pour le "pesage", autrement dit les vérifications techniques et administratives, mercredi.
En plein déflagration de pandémie de Covid-19 au printemps, l'épreuve avait déjà quitté sa traditionnelle date du mois de juin pour migrer en septembre, comme en 1968 suite aux événements de mai. Seuls les pilotes les plus chevronnés comme Emmanuel Collard, taulier de 2020 avec son 23e sésame en poche, y verront peut-être la différence. La course, installée au printemps finissant pour réduire la durée du pilotage de nuit, plongera en effet un peu plus longtemps que d'ordinaire ses héros dans le noir et la solitude. Quand on sait à quel point l'obscurité fatigue, c'est un effort de plus qui sera demandé aux conducteurs du samedi soir et du dimanche matin.
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L'anxiété puis la délivrance : revivez le dernier tour des Toyota

"Je suis fatigué de finir deuxième au Mans"

La Journée de Tests propice à aguerrir les novices finalement annulée, le format des essais a été profondément modifié. La pole position se jouait trop souvent le mercredi soir, ôtant tout intérêt à la séance du jeudi. Dans le but de ménager le suspense, l'ACO a instauré un nouveau format. La qualification retiendra jeudi, entre 17h15 et 18h, les six meilleures voitures des catégories LMP1, LMP2, GTE Pro et GTE Am, pour l'hyperpole le lendemain, de 11h30 à 12h. La grille de 60 bolides sera alors rangée suivant ces résultats, les LMP1 devant toutes les LMP2, les GTE Pro et les GTE Am.
Nulle doute que les deux TS050 Hybrid se battront aux avant-postes. Le Toyota Gazoo Racing est plus que prêt. Auteurs d'un doublé aux derniers 1000 kilomètres de Spa, ses équipages officiels ont hâte d'en découdre aux essais puis en course.
"Ces dernières années, notre n°7 avait une chance de gagner Le Mans, malheureusement nous avons toujours échoué. Cette victoire, nous la voulons donc vraiment, annonce Kamui Kobayashi, détenteur de la pole position la plus rapide depuis 2017. Je pense que ça va arriver un jour, et spécialement cette année pour la der de la TS050 Hybrid au Mans. Dommage qu'il n'y ait pas de spectateurs pour dire au revoir à cette voiture sensationnelle."

"Gagner cette course serait le sommet de ma carrière"

"Je suis fatigué de finir deuxième au Mans, soupire son coéquipier, Mike Conway. Ça m'est déjà arrivé trois fois (2016, 2018, 2019) et le seul objectif cette année est la victoire. Le Mans est une course si spéciale à cause de toute son histoire et dure à gagner. Elle ne se présente qu'une fois dans l'année et c'est le seul but de l'équipe quand elle construit la voiture. C'est donc 'Tout pour Le Mans' et on a ça constamment en tête pendant la saison."
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23 heures en tête pour la Toyota n°7 puis la catastrophe : le moment où la course a basculé

En 2016, il avait vu la n°6 leader qu'il partageait avec Kazuki Nakajima et Stéphane Sarrazin ralentir jusqu'à s'arrêter avant d'entamer le dernier tour. Une Porsche l'avait emporté. Maudit parmi les maudits, sa machine avait cédé les commandes l'an dernier à l'autre Toyota, à six tours du but, encore en raison d'un ennui technique...
Quant à José Maria Lopez, lui aussi voudrait connaître autre chose, même si le destin n'a pas été tellement ingrat avec lui jusqu'à présent. "J'ai gagné trois titres de champion du monde mais Le Mans a toujours été mon rêve, avoue 'Pechito'. Gagner cette course serait le sommet de ma carrière. Mais Le Mans est rude et tellement de pilotes en sont passés près sans jamais gagner."
Du côté de l'équipage n°8, on ne voit évidemment pas les choses ainsi. Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima sont doubles champions en titre et Brendon Hartley a aussi son nom au palmarès. Forcément, les attentes ne sont pas les mêmes. "C'est la plus grande course de l'année et je l'ai attendue plus longtemps que d'habitude", clame Sébastien Buemi. "Le Mans signifie beaucoup pour moi, c'est une course si spéciale, unique, confie Kazuki Nakajima, seul double lauréat japonais. Même après l'avoir gagnée les deux dernières fois, ça ne change pas : nous y allons avec le triplé en tête."
"Il y a beaucoup de variables, nous devons donc juste faire notre job le plus parfaitement possible", rappelle Brendon Hartley. Qui sait à quel point comme ses collègues que cette course peut leur échapper à tout moment.
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