Si lent, on tourne !

Transition abrupte, qui participe au charme d'un championnat mondial. Moins d'un mois après le doux automne austral et les larges routes en terre de la Nouvelle-Zélande se présentent devant les Xsara WRC de Sébastien Loeb/Daniel Elena et Carlos Sainz/Marc Marti le printemps chypriote et son soleil tapant comme un marteau sur les flancs rocailleux des Monts Troodos.

A l'ample et rapide ballet dansé par les voitures aux antipodes succède, sur des chemins étriqués sinuant comme spaghettis, une valse lente, si lente… On tourne, on tourne, jusqu'au tournis ! Carlos, en "dur à cuire", aime évoluer dans cette fournaise. Seb reconnaît que ce rallye n'est pas sa tasse de thé : "Très lentes, étroites, les spéciales où l'on passe rarement la troisième obligent à se retenir. Ce n'est pas le plus excitant. Mais un championnat doit être varié, complet, et pour cela, il faut qu'il y ait une épreuve comme Chypre!"

Sur le plan technique, les caractéristiques des spéciales tracées sur l'île d'Aphrodite posent en se combinant un problème ardu à résoudre. Terrain cassant, sinueux, lent, recouvert d'une épaisse couche de "gravette" que les voitures chassent sur les bas-côtés, nettoyant ainsi la piste pour le deuxième passage, ce qui change les paramètres. La chaleur est également à prendre en compte, d'autant que la vitesse moyenne très basse limite singulièrement la circulation d'air dans le circuit de refroidissement et à l'intérieur de la voiture.

L'équipe Citroën s'est rendue fin avril sur des bases d'essais situées non loin d'Athènes. "Nous disposions de deux types de routes, explique Jean Claude Vaucard, responsable technique, ce qui nous a permis de préparer simultanément Chypre et Acropole. Au menu, un travail classique de définition de set-up, avec balayage des combinaisons amortisseurs, ressorts, barres anti-dévers et cartographies de différentiels. A cela s'est ajouté l'optimisation du refroidissement, et notamment la mise au point de solutions abaissant la température dans l'habitacle. Enfin, nous avions à tester de nouveaux produits Michelin."

Sébastien et Carlos, qui se sont relayés au volant, ont donc eu de l'ouvrage. A l'issue de la semaine d'essais, le pilote madrilène, dont on connaît la méticulosité et que l'on sait peu prompt à s'emballer s'avouait très satisfait : "J'ai le sentiment que nous avons fait du bon travail. Je pense que nous serons compétitifs..."

Il le faudra. Car au moment ou débute le deuxième quart du championnat, la situation est un régal pour les amateurs de suspense. Après quatre rallyes, quatre pilotes de quatre nationalités différentes représentant quatre constructeurs sont groupés en trois points. Autant dire que les compteurs sont quasiment remis à zéro au moment d'aborder un type de terrain non encore fréquenté cette saison. La trilogie - Chypre, Grèce, Turquie - des "rallyes chauds et cassants" dégagera-t-elle une nouvelle hiérarchie ? Premiers éléments de réponse sur la promenade du front de mer de Limassol dimanche 16 mai en début d'après-midi...