Citroën bride Loeb

Le Français venait pourtant d'effectuer une formidable démonstration, de réaliser deux temps scratches (ES2 et ES3), de prendre les commandes de la course. Même Solberg se montrait impressionné par la maestria de son rival. "Quand j'ai vu ses traces, je me suis dit que c'était fou. Que je devais rester prudent", indiquait alors le Norvégien. Mais voilà...

Cette 3e spéciale, la deuxième de la matinée, allait modifier la donne. Une véritable hécatombe s'était produite, éliminant d'un coup trois prétendants à la victoire. Non seulement Marcus Gronholm (Peugeot 206), parti à la faute, et Markko Martin (Ford), trahi par le moteur de sa Focus, mais aussi et surtout Carlos Sainz (Citroën Xsara), troisième larron dans la course au titre, suite à une sortie de route.

"Carlos a été déconcentré par le problème d'incendie survenu sur la nouvelle caméra embarquée installée par la BBC, pestait Guy Fréquelin, directeur de Citroën Sport. Ils ne l'avaient même pas testée avant. C'est inadmissible. Si la BBC s'en mêle, ils vont finir par nous faire perdre le Championnat."

Perdre le Championnat constructeurs, voilà quel était le problème pour Citroën. Peugeot avait beau être orphelin de Gronholm, la meilleure chance du Lion, le "cousin", la peur tenaillait soudain le clan du chevron.

"J'en ai parlé avec M. Satinet (directeur Citroën), je n'ai pas le choix. Je dois privilégier le titre constructeurs. C'est la situation la plus difficile que j'ai jamais eu à gérer ", déclarait Fréquelin..

Au départ de la 4e spéciale, Sébastien Loeb avait donc reçu la consigne. Il fallait "ne plus prendre de risque", sacrifier ses intérêts au profit de l'équipe. Deux boucles et un peu plus de 75 km plus tard, Solberg avait pris les commandes du rallye devant Loeb. Loin, très loin devant les autres concurrents, Tommi Makinen (Subaru Impreza) et Colin McRae (Citroën Xsara) pointant à plus de une minute vingt et une minute quarante secondes, les 206 de Gilles Panizzi et Harri Rovanpera navigant à plus de deux minutes.

"Je suis un peu plus crispé que sur les premières spéciales, expliquait le pilote français à l'arrivée au parc d'assistance après la 5e spéciale. Au départ ce matin, on savait qu'il n'y avait pas trop de questions à se poser, il fallait être devant tout simplement. Maintenant, il faut être devant mais il faut aussi être sur la route absolument pour le titre constructeurs. C'est donc un peu plus difficile de rouler libéré."

Loeb semblait gêné. Devant l'insistance du petit groupe installé face à lui, le pilote finissait par reconnaître que, oui, il avait reçu des consignes de "prudence".

"Apparemment, la priorité est quand même le titre constructeurs, reconnaissait Loeb. Je ne suis pas déçu. De toute façon, le plus important pour l'équipe, c'est le Championnat constructeurs. C'est sûr que pour moi, personnellement, le titre pilotes m'apporterait plus. Mais j'ai contrat avec une équipe. L'objectif, c'est de faire pour le mieux pour le remplir. Voilà.. ."