WRC - Moins médiatique que Loeb mais tout aussi méritant : Comment Sébastien Ogier s'est fait une place au soleil

ParAFP

Mis à jour 21/11/2021 à 14:52 GMT+1

RALLYE DE MONZA - Sébastien Ogier a réussi ce qui était inimaginable il y a une dizaine d'années : le Gapençais s'est fait une place aux côtés de Sébastien Loeb dans la légende du Championnat du monde des Rallyes. Titré pour la huitième fois ce dimanche, le Français a construit sa carrière sur ses qualités de pilote cérébral mais aussi sur son caractère.

Julien Ingrassia et Sébastien Ogier (Toyota) fêtent leur huitième titre de champion du monde, le 21 novembre 2021

Crédit: Getty Images

Science de la course et vision à long terme. Voilà les ingrédients qui ont permis à Sébastien Ogier de se tailler un palmarès de légende du sport automobile et de devenir champion du monde des rallyes pour la huitième et vraisemblablement dernière fois avant sa "pré-retraite". "Ogier a les qualités humaines, d'intelligence et d'adaptation notamment, et une fluidité de conduite qui peuvent lui permettre de devenir un grand pilote", estimait Olivier Quesnel, son patron chez Citroën, en 2008, quand le "nouveau Seb" devenait champion du monde Junior et successeur potentiel de Sébastien Loeb.
Treize ans plus tard, le Français est bel et bien devenu un grand pilote grâce à son "intelligence, sa connaissance de soi et sa capacité à anticiper ce qu'il lui faudra au championnat", selon son ancien adversaire en WRC et actuel patron Jari-Matti Latvala. L'an prochain, l'octuple champion du monde ne courra avec Toyota que quelques rallyes triés sur le volet, afin se consacrer à sa famille et à son envie de prendre le départ des 24 Heures du Mans (auxquelles participe aussi Toyota). Pas suffisant pour égaler le record de neuf titres mondiaux de son compatriote Loeb, sacré de 2004 à 2012 avec Citroën.
Mais Ogier n'est pas en reste. Écarté par le constructeur français fin 2011 en raison de sa concurrence avec le premier Seb, il est ensuite devenu champion du monde avec trois marques : Volkswagen entre 2013 et 2016, Ford dans l'écurie privée M-Sport en 2017 et 2018 (un exploit) et Toyota en 2020 et 2021. Etre couronné avec trois constructeurs différents, seul le Finlandais Juha Kankkunen l'avait fait jusque-là. Quel chemin parcouru par le natif de Gap, qui s'émerveillait enfant au passage du Rallye Monte-Carlo dans ses montagnes des Hautes-Alpes !
Le plus fort pour les face-à-face
Cette épreuve mythique, il l'a remportée à huit reprises (un record) et compte y participer encore. Or, s'il est un rallye qui se gagne avec la tête, c'est le piégeux Monte-Carlo. L'esprit de compétiteur d'Ogier ("le plus fort pour les face-à-face" que le Finlandais Latvala ait jamais vu) se remarque aussi dans les jeux psychologiques instaurés avec ses adversaires, à commencer par le Belge Thierry Neuville, vice-champion du monde en 2013, 2016, 2017, 2018 et 2019.
Ses huit sacres, le Français les doit aussi à son copilote Julien Ingrassia, son associé depuis ses débuts en 2006. Leur philosophie, résumée par le pilote : "toujours se remettre en question et essayer d'optimiser ce qui n'est pas parfait". L'Aixois, qui aura 42 ans le 26 novembre, va toutefois prendre sa retraite et sera remplacé l'an prochain par Benjamin Veillas.
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Sébastien Ogier et Julien Ingrassia, champions du monde des rallyes pour la 8e fois après leur victoire à Monza, le 21 novembre 2021

Crédit: Getty Images

Repéré en remportant la sélection Rallye Jeunes de la Fédération française du sport automobile (FFSA) en 2005, Ogier a vécu une ascension fulgurante. En 2008, il est devenu le premier pilote engagé en Junior WRC à inscrire un point en Championnat du monde. La même année, il a fait ses premiers pas en WRC lors du Rallye de Grande-Bretagne, qu'il a mené avant d'abandonner. Puis il a attendu le retrait de Loeb pour devenir le nouveau taulier de leur discipline.

Ogier a repoussé la retraite, et il a bien fait

Le premier Seb l'a inspiré puis aidé à entrer chez Citroën, mais ces deux champions au fort ego ne pouvaient pas cohabiter sereinement dans un espace aussi restreint, ce qui a provoqué l'éviction d'Ogier en 2011. Le Gapençais a mangé son pain noir pendant une saison en WRC2 dans une Skoda, puis il s'est mis à rafler victoires et titres à partir de 2013, pendant que Loeb s'essayait à d'autres catégories.
En 2019, comme il avait une revanche à prendre, Ogier s'est réengagé pour deux ans avec Citroën, sans succès. Au bout d'une saison, il est parti chez Toyota, pour rebondir avant la retraite, et la marque aux chevrons a quitté le WRC. Celui qui aura 38 ans le 17 décembre envisageait alors d'arrêter le rallye à temps plein fin 2020 mais la pandémie l'a convaincu de prolonger d'un an avec la marque japonaise car il voulait finir en beauté. Grand bien lui en a fait !
Marié à la présentatrice de télévision allemande Andrea Kaiser, mère de son petit garçon, Ogier est très populaire outre-Rhin en raison de ses années chez Volkswagen. Dans l'Hexagone, par contre, il demeure moins médiatisé que Loeb, notamment parce qu'il ne recherche pas la publicité. Issu d'un milieu modeste, avec un père chauffeur-livreur de fuel et une mère comptable, le désormais octuple champion du monde aurait pu être moniteur de ski. Diplômé d'un BTS mécanique, il a aussi été champion de France de boule lyonnaise... avant de se lancer en rallye. Et de devenir une légende.
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