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Nyquist sur les traces d’American Pharoah ?

Fanny H. Salmon

Mis à jour 20/05/2016 à 11:12 GMT+2

Le gagnant du Kentucky Derby, toujours invaincu, se lance dans l’aventure de la Triple Couronne.

Mario Gutierrez celebrates atop Nyquist #13 after winning the 142nd running of the Kentucky Derby

Crédit: AFP

Il donne une déroutante impression de facilité. Nyquist a signé le huitième succès de sa carrière le premier samedi de mai à Churchill Downs devant une foule record de 167 000 personnes.
La scène est étrangement familière. Il n’en est pas à sa première visite dans le cercle des vainqueurs. A trois ans, le poulain n’a encore jamais connu la défaite. Élu meilleur 2 ans américain en 2015, il avait conclu une saison parfaite (5 courses, 5 victoires) par une victoire triomphale dans le Breeders’ Cup Juvenile. Il a réussi chaque test qu’on lui a soumis depuis le début de sa saison de 3 ans, devenant le favori logique du Kentucky Derby.
Le Kentucky Derby reste une course hors norme et bien qu’elle ait souri aux favoris ces dernières années, de nombreux coups de théâtre ont égayé ses 142 éditions.
La plus prestigieuse des courses américaines est unique à plus d’un titre. C’est la seule qui, chaque année, peut accueillir jusqu'à 20 concurrents. Partout ailleurs aux États-Unis, le nombre de partants est limité à 14. Et les places sont chères sur la grille de départ. Un système de points prend désormais en compte les résultats des épreuves préparatoires et détermine les heureux élus. Seul les 3 ans peuvent participer, un cheval n’a donc qu’une seule occasion dans toute sa carrière. Pour la plupart des participants, il s’agit d’une première tentative sur la distance de 2000m, la première occasion de négocier un parcours avec deux tournants. Ce n’est pas pour rien que les Américains disent que cette course constitue "les deux meilleures minutes de sport de l’année."
“C’est l‘une de ces courses dont tout le monde a entendu parler,” confiait l’entraîneur Doug O’Neill juste après le dernier entraînement de Nyquist pour le Derby. “Partout où vous allez dans le monde, si vous parlez de courses de chevaux, les gens vous parlent du Kentucky Derby. C’est la course la plus populaire au monde.”
Ils s'étaient déjà retrouvés là, toute l’équipe: Doug O’Neill, l’entraîneur; Mario Gutierrez, le jockey; Paul Reddam, le propriétaire. La même casaque violette et blanche; avec un autre cheval, une toute autre expérience. I’ll Have Another, leur gagnant du Kentucky Derby en 2012 n’était pas autant attendu que Nyquist.
"Heureusement que I'll Have Another n’était pas favori,” avouait O’Neill juste après sa deuxième victoire dans le Kentucky Derby. “Parce qu'en 2012, je ne pense pas que j’aurais tenu le coup mentalement. Il n’y a pas assez de Tequila dans tout le Mexique pour gérer ce genre de pression. Mais toute notre équipe a mûri depuis. Tous ceux qui entourent Nyquist sont plus mûrs. Alors, se retrouver favori dans ces conditions, c’est juste un honneur."
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Nyquist, vainqueur du Kentucky Derby

Crédit: AFP

Quatre ans après le bien nommé I’ll Have Another, l’équipe est de retour dans le camp des vainqueurs, faisant taire les sceptiques. Un entraîneur et un jockey bien dans leur tête et une confiance que seuls les très bons chevaux peuvent vous donner. "Mario a un sang-froid incroyable", dit O’Neill de son jockey. "C’est lui que vous voulez retrouver sur la ligne des lancers francs à la dernière seconde du match.”
Le pilote s’empresse de changer de sujet pour revenir sur la ténacité de son partenaire. "Si vous regardez bien les courses de Nyquist", vous verrez qu’il ne laissera jamais un cheval le dépasser, insiste Gutierrez. Il fait partie de ces chevaux qui en gardent toujours sous la pédale au cas où il y ait besoin de repartir à l’attaque. Il est capable de gagner de cinq longueurs comme il est capable de gagner d’un museau. C’est ce qui me donne cette confiance en lui. Parce que je sais que si quelqu’un revient nous attaquer à la fin, il aura du répondant."
Certains observateurs ont noté cette tendance qu’a le poulain à se relâcher une fois en tête. Beaucoup de chevaux talentueux ont cette capacité innée de se protéger en ralentissant dès qu’ils se sentent hors de portée. Les grands chevaux, cependant, ont cet éclair de classe, cette deuxième accélération leur permettant de réenclencher pour contrecarrer les attaques de dernière minute. Nyquist n’en a pas eu besoin pour contrer Exaggerator dans les dernières foulées du Kentucky Derby. Exaggerator, rival de longue date, dû se contenter de la deuxième place.
Nyquist et Exaggerator devraient se retrouver au départ des Preakness Stakes. "Je pensais qu’il en aurait marre de nous à ce stade", plaisante Paul Reddam, le propriétaire de Nyquist après que son champion eut infligé une quatrième défaite à Exaggerator. "Blague à part, (Exaggerator) a très bien couru. Il a été la plus grande menace. A leur place, je voudrais une aussi prendre une revanche. Les chevaux ne sont pas des machines, cela promet une très belle course."
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Mario Gutierrez, sur Nyquist (pourpre), mène la course du Kentucky

Crédit: Reuters

Le Kentucky Derby est aux courses américaines ce que le Superbowl est au foot américain, à une exception près : la saison ne s'arrête pas ici pour les vainqueurs. La couverture de roses que l’on place sur l’encolure du gagnant le jour du Derby est le symbole de rêve de tous les pros sur le circuit outre-Atlantique. Elle est aussi une porte qui s’ouvre sur un nouveau défi, encore plus improbable : La Triple Couronne.
Trois courses, sur trois hippodromes et trois distances différentes en seulement cinq semaines. Un objectif que seulement 12 chevaux ont pu atteindre. Le gagnant du Kentucky Derby n’a droit qu'à deux semaines de répit avant les Preakness Stakes. La deuxième étape du défi se dispute sur une distance raccourcie (1800m contre 2000m pour Kentucky Derby). S’il réussit, le prétendant à la Triple Couronne devra faire preuve d’endurance sur les 2400m des Belmont Stakes trois semaines plus tard. A chaque nouvelle épreuve son lot de nouveaux venus, de compétiteurs qui arrivent frais, renforçant le défi, sans oublier les visages familiers en quête de revanche.
Les Américains avaient presque perdu l’espoir de revoir un jour un pur-sang remporter la Triple Couronne. Et puis après 37 ans d’attente, American Pharaoh eu raison de la malédiction en 2015. Aujourd’hui tous les yeux se braquent naturellement sur Nyquist. Peut-il marcher sur les traces d’un pur-sang d’exception qui a permis aux courses de renouer enfin avec le grand public ? En 1973, lorsque Secretariat remporta la Triple Couronne, il mis fin à une longue période de disette : 25 ans. Avant la fin de la décennie pourtant deux autres chevaux allaient entrer dans la légende: Seattle Slew en 1977 et Affirmed en 1978. Serait-il possible que l’exploit se reproduise cette année ?
Nyquist a-t-il l’étoffe de ces héros ? Secretariat détient toujours le record de vitesse pour le Kentucky Derby (1:59 2/5, 1973). Nyquist a couvert les 2000m sur le dirt de Churchill Downs en 2:01.31. C’est moins que les 2:03 2/5 d’American Pharoah l’année précédente. A vrai dire le Derby fut la course la plus éprouvante de la série pour le héros de la Triple Couronne 2015 qui par la suite se moqua du déluge dans les Preakness Stakes et subjugua la foule à Belmont.
Si la route est longue pour arriver au Kentucky Derby, elle l’est bien plus encore jusqu’au Belmont Stakes. Conscient du potentiel de son poulain, l’équipe de Nyquist n’a volontairement planifié que deux courses avant le premier samedi de mai. Une des critiques avancées par ses détracteurs. Cela pourrait se révéler aujourd’hui un atout majeur pour les semaines à venir.
Bob Baffert, entraîneur d’American Pharoah a souvent dit qu’il est dur de gagner les Preakness mais que, des trois épreuves, elle est clairement la plus facile. Entre Affirmed en 1978 et American Pharoah en 2015, 13 chevaux ont remporté les deux premiers joyaux de la Triple Couronne pour finalement échouer dans la troisième.
Le team Nyquist le sait trop bien. En 2012, I’ll Have Another fit siens le Derby et les Preakness mais se blessa quelque jours avant les Belmont. Comment va-t-il gérer le défi cette fois-ci ?
“Une course après l’autre”, dit Gutierrez. Le jockey à la tête froide a un taux de réussite de 100 pour cent dans le Derby : deux montes, deux victoires.
“Il est sans le moindre doute le meilleur cheval que j‘ai côtoyé.” dit Doug O’Neill qui a sellé 2 gagnants de Kentucky Derby sur 5 partants. O’Neill n’omet jamais de citer les hommes de l’ombre qui contribuent au succès de Nyquist. “Johnny Garcia, qui le monte tous les jours, me dit depuis longtemps que le cheval est si fort, qu’il fait tout si facilement sans jamais se fatiguer qu’on n’a l’impression de n’avoir encore jamais vu tout son potentiel.”
Elias Anaya, le fidèle groom de Nyquist sait lire le poulain mieux que personne. Des informations qu’il partage au quotidien avec le reste de l’équipe. La menace d’une blessure plane toujours dans les écuries. Pour gérer les risques et le rêve, O’Neill a un triptyque de choix: “Beaucoup de glace. Beaucoup de prières. Beaucoup d'Elias.” Cela lui réussit pour l’instant.

Les précédents vainqueurs de la Triple Couronne

1919Sir Barton
1930Gallant Fox
1935Omaha
1937War Admiral
1941Whirlaway
1943Count Fleet
1946Assault
1948Citation
1973Secretariat
1977Seattle Slew
1978Affirmed
2015American Pharoah
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