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Cyclisme, saison 2024 - Soudal Quick-Step : Julian Alaphilippe - Patrick Lefevere : la fête est finie

Benoît Vittek

Mis à jour 21/02/2024 à 22:22 GMT+1

Après avoir régulièrement critiqué son ex-chouchou, Patrick Lefevere a enfoncé Julian Alaphilippe en pointant, entre autres, "l'alcool" et "Marion" Rousse, dans un entretien donné à la presse flamande. En difficulté sportive depuis deux saisons, le Français de la Soudal Quick-Step se retrouve dans un environnement où les perspectives de rebond sont infimes.

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Patrick Lefevere est un grand manager. C’est ce qu'"on" répète à l’envi, pour saluer ses immenses réussites comme pour justifier ses sorties les plus crasses. Après une courte carrière de coureur et une reconversion précoce, succès et propos outrageants ont jalonné son parcours de directeur-manager, avec une fréquence aussi étourdissante que la pédalée de Julian Alaphilippe à ses plus belles heures. Le monde entier du vélo peut témoigner des méthodes de Lefevere mais le Français a certainement aujourd’hui la perspective la plus complète sur le personnage.
"Loulou" est un grand coureur. C’est ainsi qu'on l’a célébré, au sommet de sa carrière, et c’est ce qui suscite les espoirs, l’admiration et l’affection qui l’accompagnent toujours après deux années sans grands résultats. Il a eu la chance de révéler son talent il y a dix ans, grâce à un Lefevere toujours bien accompagné au moment de dénicher les perles de demain. C’est sous la direction du Belge que le Français est devenu un des grands coureurs du 21e siècle. Et c’est le même Lefevere qui a décidé d’enfoncer le champion déchu.
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Le management par la violence

Il y a déjà dix-huit mois que Lefevere a jeté les bases de la disgrâce d’Alaphilippe. Les premières piques visaient à motiver le Français, disait-"on", en titillant le champion par voie de presse pour qu’il réponde sur la route. À force de critiques répétées, cela ressemblait fortement à une invitation à prendre la porte, pour se débarrasser d’un gros salaire (plus de 2 millions par an) au moment où les manœuvres autour de Remco Evenepoel menaçaient la survie de l'équipe. Alaphilippe a fait la moue et le dos rond.
Mais quelle réponse apporter aux dernières attaques de son patron dans la presse flamande ? Alaphilippe est "un bon gars" mais sa perte de niveau serait due, en vrac, "aux fêtes et à l’alcool", à une décompression après avoir signé "un méga contrat" ou encore au "charme de Marion [Rousse]".
La violence n’est jamais bien loin sous la direction de Lefevere, et la misogynie non plus, comme l’avaient tristement illustré ses déclarations sur Sam Bennett, "la faiblesse mentale" et "les femmes battues". "J’ai des couilles", avait précisé le "grand manager".
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Patrick Lefevere

Crédit: Getty Images

Une histoire d'argent

Reprenons les allégations de Lefevere. "Après avoir signé son méga contrat, on ne l’a plus vu." Au printemps 2021, Alaphilippe renouvelait son engagement (déjà lucratif) avec le Wolfpack pour trois saisons supplémentaires. De fait, une option dans son contrat précédent, signé en 2019, garantissait déjà à Lefevere de conserver sa star française jusqu’en 2024, pour peu que la structure Quick-Step s’aligne sur les offres formulées par la concurrence en 2021.
À l'annonce de cette prolongation, le 15 avril, tout le monde parle de "famille". La semaine suivante, Alaphilippe remporte la Flèche Wallonne et prend la 2e place de Liège-Bastogne-Liège derrière Tadej Pogačar. Son été est marqué par sa victoire dans la 1re étape du Tour de France, après un coup de pétard flamboyant à Landerneau, maillot jaune à la clef.
Il s’offre ensuite un nouvel arc-en-ciel avec une démonstration à Louvain… "Je ne le paie pas pour cela", balancera Lefevere un an plus tard, estimant qu’Alaphilippe avait priorisé le Mondial plutôt que les courses avec son équipe de marque.
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J’aime la vie mais je sais que mon métier demande beaucoup de sacrifices
Ce sacre confirmait, s’il le fallait, le punch incroyable du Français et sa capacité à célébrer les grands événements. Alaphilippe n’a jamais caché son goût pour la fête, là où ses collègues de peloton se font parfois plus discrets. Nous l'avions interrogé à ce sujet dès 2017 : "Le métier, je le fais, sinon je n'aurais pas les résultats que j'ai. Ok, je suis quelqu'un qui aime la vie, mais je sais aussi que mon métier demande beaucoup de sacrifices et je les fais. On n'empêchera jamais les gens de parler."
Alaphilippe fait-il moins de sacrifices ? Y a-t-il "trop de fêtes et trop d’alcool chez lui" ? Lefevere le "pense". À moins qu'il étaie ses propos, tout cela relève aujourd’hui de la diffamation. Quant à Marion Rousse, rappelons que ses interlocuteurs n’ont de cesse de souligner son professionnalisme dans ses très nombreuses collaborations.
C'est par sa voix que le couple a réagi aux attaques de Lefevere : "Quels que soient les sentiments de Monsieur Lefevere à mon égard, il est inadmissible de s'attaquer comme il le fait à notre vie privée. Alors non, je ne bois pas d'alcool, jamais même. Raté pour les fêtes également car avec un petit de trois ans, nous préférons être en forme le matin. Vous ne réussirez pas non plus, comme vous me l'avez déjà évoqué, à m'empêcher de travailler pour m'occuper et rester auprès de Julian le temps de sa carrière. Les missions que j'exerce me passionnent et sachez que j'ai plein de projets. Mais je vous le dis, en aucun cas je ne vous permets de parler de ma vie privée. Merci désormais de cesser de parler à tort et à travers et de faire preuve de davantage de respect... et de classe."

Rebond impossible ?

Il y a malheureusement bien longtemps qu’Alaphilippe n’a pas offert les performances qui modèreraient les propos de Lefevere. Son année 2022 a été marquée par les accidents. Depuis, au fil des semaines, puis des mois et semestres, le discours optimiste est devenu une rengaine un peu triste.
Le Français veut retrouver la plénitude de ses moyens. Il reste ambitieux. Et il fait le boulot au quotidien, assure-t-il. Se reconstruire, "ça prend du temps, on l'oublie vite et j'espère que ce sera cette année", expliquait-il encore à Eurosport.fr en début d’année. "Il a vraiment les crocs", appuyait il y a une dizaine de jours Paul Magnier, nouvelle pépite française qu’Alaphilippe a fortement encouragé à rejoindre le Wolfpack.
Parmi ses horizons 2024, il y a notamment Paris et les Jeux. Un titre olympique paraît illusoire aujourd’hui. Il marquerait un rebond extraordinaire. Mais là encore, ce n’est pas pour ça que Lefevere le paie… Il semble désormais acté qu’Alaphilippe n'apparaîtra plus dans les bilans financiers de la structure Quick-Step en 2025. Les équipes françaises, tout comme Israel-Premier Tech, ont déjà manifesté leur intérêt. Il y découvrira un autre management.
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Julian Alaphilippe

Crédit: Getty Images

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