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Finale de la Coupe d'Italie: Milan - Juventus, le retour d'un classique qui manque à toute l'Italie

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 21/05/2016 à 16:55 GMT+2

COUPE D'ITALIE - La finale entre l'AC Milan et la Juventus Turin, prévue ce samedi (20h45), rappelle les heures de gloire du football italien et européen. Entre les deux clubs transalpins les plus titrés, l'affiche est alléchante mais elle paraît aujourd'hui déséquilibrée. Ce duel séculaire a tellement perdu de sa superbe que la Juve n'a presque plus goût à affronter son rival historique.

Maldini (AC Milan) face à Del Piero (Juventus) en 2008

Crédit: AFP

L’Italie va donc organiser deux finales de coupes en cette fin de saison de clubs, à l’Olimpico ce samedi : celle de Coupe d’Italie entre la Juventus et le Milan et, pile poil sept jours plus tard, celle de la Ligue des champions entre le Real et l'Atlético à San Siro. Une affiche qui n'est pas sans rappeler la dernière fois où ces deux grands rivaux italiens se sont affrontés dans un match décernant un trophée aussi important. C'était en 2003, lorsqu'un Juve-Milan valait ni plus ni moins qu’une coupe aux grandes oreilles. Le reste de l’Europe ne conserve pas un souvenir impérissable du spectacle offert à Old Trafford, mais ce jour-là, ce classique atteignait son apogée en termes de prestige. Treize ans plus tard, la situation est tout autre.

Une émulation saine qui a boosté le Calcio

Un prestige qui ne dérive pas uniquement de la razzia de trophées nationaux et internationaux qu’ont effectué les deux clubs dans leur longue histoire. Bianconeri comme Rossoneri ont su assaisonner leurs succès avec leurs ingrédients personnels, l'efficacité et la solidarité pour les premiers, la technique et le spectacle pour les seconds. Des caractéristiques qui se complétaient parfaitement au moment de s’affronter. A bien y réfléchir, la Juve s’est régulièrement exaltée face à un grand Milan et inversement, le tout dans un contexte productif qui a profité à l’ensemble du football italien, surtout au moment d’entrer dans l’ère du football moderne.
Le Milan de Sacchi avait pris la suite de la Juventus de Trapattoni, passage d’une attitude réfractaire à une mentalité beaucoup plus entreprenante, et pendant que Berlusconi maintenait sa promesse de hisser son club sur le toit du monde, la famille Agnelli œuvrait en silence pour contraster cette domination. Cela a pris du temps, mais ça valait le coup d’attendre, au milieu des années 90, grâce au travail de la Triade (Moggi-Giraudo-Bettega), la Vieille Dame sort de sa léthargie. Ainsi, de 1993 à 1998, les deux clubs atteignent trois fois chacun la finale de la Ligue des champions, avec à la clé un bilan identique : une victoire et deux défaites. Une constante escalade qui a poussé chacun dans ses retranchements avec, comme déjà écrit, le zénith de la finale de 2003. Le reste de l’Europe, un brin envieux, ne pouvait qu’admirer.
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Carlo Ancelotti lros de la finale 2003 remportée par l'AC Milan face à la Juventus.

Crédit: Imago

2006, le paradoxe si terrible du football italien

Si jusqu’au milieu des années 80, et palmarès à l’appui, le vrai classique du football italien était Juventus-Inter, l’avènement de Silvio Berlusconi a changé la donne. Pendant une bonne quinzaine d’années, les étagères des armoires à trophées se sont remplies, mais surtout, les deux concurrents ont travaillé en harmonie. Rivaux sur le terrain, alliés en dehors, à tel point que l’on a inventé le terme "Milentus" pour désigner cette période de domination nationale et internationale. Une rivalité saine avec des entraineurs passant d’un club à l’autre tels que Carlo Ancelotti ou Fabio Capello et des champions qui se respectaient et savaient reconnaître la valeur de leur adversaire. "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire", récitait Corneille et ça les joueurs l’avaient bien compris.
Maldini-Del Piero, Nesta-Trezeguet, Baresi-Vialli, Pirlo-Vieira, Gattuso-Nedved, Tassotti-Ravanelli, Ferrara-Weah, Albertini-Zidane, Thuram-Shevchenko... Duels prestigieux, parfois musclés, mais se concluant par des poignées de main et des accolades au coup de sifflet final. Des rencontres fleurant bon un état d'esprit loyal facilité par les affinités qui se sont créées entre les nombreux internationaux italiens composant l’épine dorsale de la Nazionale. La rivalité se limitait au carré vert. En dehors, l'estime était sincère, et si la tension ne manquait pas lors des affrontements à fort enjeu, chaque camp savait être aussi digne dans la victoire que la défaite. Malheureusement, après tant de luttes de haute voltige, vint l’affaire Calciopoli qui a balayé la Juve et affaibli le Milan. Tout le paradoxe de l’été 2006 italien, an de grâce pour la sélection, de disgrâce pour le foot de clubs et ses locomotives.

La Juve gagne mais elle attend le retour du grand Milan

Il y a bien eu quelques réminiscences tant que les protagonistes les plus talentueux et charismatiques foulaient encore les pelouses, mais le fameux but refusé à Sulley Muntari lors de la rencontre de février 2012 a fait rentrer cette opposition dans une dimension beaucoup moins élégante. Par le passé, les polémiques n’avaient pas manqué d'accompagner ces rencontres, mais les deux parties conservaient leur lucidité et pensaient à comment se renforcer pour rester au sommet. Là, ce fait de jeu était une aubaine pour le board du Milan afin de masquer une piètre gestion économique et sportive. Par ricochet, le peuple rossonero a suivi la tendance et rejoint le camp des loups hurleurs. Alimenter les suspicions sur les mérites de la Juve pour mieux digérer une série en cours de sept revers consécutifs dans un duel qui n’a jamais été aussi déséquilibré dernièrement. Un petit jeu indigne de cette institution qui passe au-dessus de la tête de la Vieille Dame et ses supporters, lesquels sont nombreux à éprouver un étrange sentiment de compassion envers leur ancien valeureux adversaire. Car si la Roma et le Napoli bataillent avec beaucoup de mérite, rien n'a plus de saveur qu'un titre remporté face à un Milan compétitif.
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Paul Pogba et Sami Khedira face à Palerme

Crédit: Panoramic

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