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Petit à petit, Garde a façonné l'OL et trouvé son style

Florent Toniutti

Mis à jour 19/04/2014 à 20:04 GMT+2

Depuis ses débuts sur le banc de l'OL en 2011, Rémi Garde a su évoluer tactiquement. L'OL en récolte les fruits aujourd'hui. L'analyse de Florent Toniutti.

Rémi Garde donne ses instructions sur le banc de l'OL

Crédit: Panoramic

Avant de se retrouver samedi soir en finale de la Coupe de la Ligue, l'Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain sont sur des dynamiques bien différentes. D'un côté, les joueurs de la capitale ne se sont pas remis de leur élimination face à Chelsea et souffrent d'une impressionnante Zlatan-dépendance. De l'autre, les Gones sont sortis grandis de leur double confrontation face à la Juventus et l'ont illustré en remportant la première manche face aux Parisiens (1-0). Au-delà du travail de l'ensemble du groupe lyonnais, un homme peut être mis en avant comme étant l'artisan de ce renouveau : Rémi Garde.
Car le coach de l'OL a fait d'énormes progrès depuis qu'il a pris l'équipe à l'été 2011, succédant alors à Claude Puel. A l'époque, Garde l'entraîneur débutait réellement dans le métier après avoir été l'adjoint de Paul le Guen et Gérard Houiller. Même s'il rompait - dans l'esprit - avec les méthodes de son prédécesseur, Garde appliquait les mêmes recettes sur le plan tactique. Passée la folie des premières semaines jouées en 4-4-2, l'OL a vite retrouvé le sacrosaint 4-2-3-1, se transformant en un 4-1-4-1 plus défensif en fonction de l'opposition. Alors que la révolution Garde était annoncée dans les médias, rien n'avait au final changé à Lyon. Les problèmes restaient les mêmes, notamment concernant le positionnement de Lisandro. Le club a même vécu une véritable désillusion en étant sorti en huitième de finale de la Ligue des Champions par l'APOEL Nicosie. Ce jour-là, Rémi Garde avait peut-être atteint ses limites en tant que jeune coach (lire : Garde a usé son plan A).
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Rémi Garde en 2005 lorsqu'il était adjoint de Gérard Houllier à Lyon

Crédit: AFP

Le rôle clé de Gourcuff

La saison 2012/2013 est dans la même lignée. L'OL conserve un certain standing en Ligue 1 mais manque de répondant dans les grands rendez-vous. Les blessures et autres méformes des cadres pèsent énormément dans le rendement de l'équipe. En fin de saison toutefois, le bon retour de Yoann Gourcuff permet à Garde un premier ajustement tactique qui va s'avérer payant. L'ancien Bordelais fait son come-back dans un rôle de faux-ailier côté gauche. Revenant constamment participer à la construction dans l'entrejeu, il libère Clément Grenier qui peut évoluer plus haut et peser là où il est le plus efficace : à la finition, que ce soit pour marquer ou faire marquer. Déjà les prémices du 4-4-2 en losange qui fait le bonheur de l'OL aujourd'hui (lire : PSG-OM-OL-OGCN-ASSE : La clé, c'est le coach).
A la reprise 2013/2014, Rémi Garde suit cette voie et l'OL marque les esprits en début de saison. Le mois d'août est idyllique, Gourcuff régale à son poste excentré et la saison s'annonce heureuse du côté de Tola-Vologe (lire : Lyon : le rôle-clé du faux-ailier Yoann Gourcuff). Il y a un "mais". Adversaire de l'OL en barrages de Ligue des champions, la Real Sociedad a noté l'importance de Gourcuff dans le système lyonnais. En deux matches, elle éteint complètement le meneur de jeu et son équipe avec. Dans la foulée, celui-ci repart à l'infirmerie et c'est tout l'édifice qui s'effondre dans les semaines suivantes. Fin octobre, Lyon est 14e suite à une défaite à Monaco (1-2). Mais au-delà du résultat, ce match est un tournant dans la saison lyonnaise, et peut-être même dans la carrière de son entraîneur.
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Rémi Garde avec Yoann Gourcuff

Crédit: Panoramic

Le 4-4-2 en losange et son évolution

Ce jour-là, Rémi Garde installe le 4-4-2 en losange en championnat : Gourcuff et Gonalons ne sont pas là alors le milieu de terrain se dessine autour de Ferri, Malbranque, Fofana et Grenier. Quelques semaines plus tard, le système de jeu est définitivement installé face à Toulouse (1-1). Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il sied à l'effectif lyonnais : Lacazette quitte l'aile droite et est installé à la pointe de l'attaque pour d'excellents résultats. Dans le coeur du jeu, les solutions sont légion et l'OL retrouve même une certaine assise défensive, qui lui permet d'oublier le douloureux carton encaissé à Montpellier (5-1). Reprenant le contrôle du ballon, le surnombre offert par le losange dans l'axe permet à l'OL de libérer soit son n°10 (Gourcuff), soit ses latéraux en fonction de la réponse proposée par l'adversaire. Bedimo excelle notamment dans son rôle de dynamiteur côté gauche.
L'OL se redresse mais le travail ne s'arrête pas là pour l'entraîneur. Le nouveau système devient une base de travail, déclinée dans les équipes de jeunes. Tactiquement, Garde s'appuie sur sa ligne de trois au milieu de terrain pour se créer de nouvelles options : sans bouger cette base - généralement autour de Gonalons -, il fait jouer son équipe en 4-3-3 et en 3-5-2. Le déplacement à Bordeaux est un bel exemple de cette progression sur le plan tactique. Démarrant en 3-5-2, Garde se rend rapidement compte que son équipe est en difficulté face au pressing bordelais. En changeant de formation (du 3-5-2 au 4-4-2 en losange avec Lacazette derrière les deux attaquants), il permet à son équipe de reprendre la main sur la rencontre avant de finalement arracher la victoire dans les dernières secondes.
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Rémi Garde lors du derby Saint-Etienne - Lyon

Crédit: Panoramic

Malgré les absents, le système demeure

Quelques semaines plus tard, l'OL se retrouve face à la Juventus, double championne d'Italie. Privés de la plupart de leurs cadres, tous blessés, les Gones sont promis à un véritable enfer 180 minutes durant au moment du tirage au sort. S'ils ne se créent que peu d'occasions, ils parviennent à faire bonne impression collectivement. Les jeunes Tolisso et Ferri parviennent à faire oublier les absents. En bout de banc en début de saison, Mvuemba et Malbranque se fondent eux aussi sans difficulté dans le nouveau collectif lyonnais.
Dimanche dernier, beaucoup ont expliqué le revers du PSG face à Lyon par l'absence de Zlatan Ibrahimovic. Pourtant, en face, l'OL était encore plus amoindri puisque privé de cinq cadres : Gourcuff, Grenier et Fofana étaient blessés, tandis que Bedimo et Lacazette avaient débuté la rencontre sur le banc. Un exemple supplémentaire de l'impact que peut (doit ?) avoir un entraîneur sur son groupe : conserver une cohérence dans la performance et le projet de jeu, malgré les blessures et suspensions qui émaillent toujours une saison. C'est là la deuxième grande victoire de Rémi Garde en cette année 2014 : avoir réussi à fédérer l'ensemble de son groupe autour d'un nouveau système de jeu. Une réussite qui n'est pas donnée à tout le monde, même au plus haut niveau.
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