Joan Isaac Cuenca formé à l'école du Barça.

Son terrain de jeu est en bitume. Avant d'endosser le maillot du FC Barcelone, Joan Isaac Cuenca était un footballeur de rue. Un amuseur public, qui épatait la galerie. Un freestyler à la virtuosité époustouflante, révélé par les projecteurs du Web. Sur le Net, ses pitreries techniques ont fait le buzz. Jusqu'à parvenir sur les écrans de contrôle du Barça, en 2002. Cuenca n'est alors qu'un ado de 11 ans. Depuis, il est devenu un ailier longiligne d'1,81 m, aux dribbles dévastateurs, aux passes lumineuses, que Pep Guardiola n'a pas hésité à lancer dans le grand bain.

Ses premiers pas blaugrana sont frais. Ils ont à peine deux semaines. 19 octobre 2011, Camp Nou : le Barça s'achemine tranquillement vers une victoire face aux Tchèques du Viktoria Plzen (2-0). David Villa vient de mettre le champion d'Europe à l'abri. Le goleador espagnol sort à la 88e minute. Guardiola pioche dans la réserve de la Masia. Depuis 2008, il a déjà lancé dix-sept jeunes issus de la formation catalane. Cuenca sera le dix-huitième. Le rêve éveillé ne dure pas longtemps. Trois petites minutes. Juste le temps de conforter son coach dans ses certitudes.

Six jours plus tard, Cuenca est titulaire à Grenade (0-1). Il joue "toute la rencontre". Se sent "à l’aise avec ses coéquipiers, qui lui apportent beaucoup de confiance". Samedi, il leur renvoie l'ascenseur. Le Barça se promène face à Majorque (5-0). N. 39 dans le dos, Cuenca est encore aligné aux côtés de Messi et Villa. Un caviar de Dani Alves lui offre le quatrième but sur un plateau. Son premier avec l'équipe A. Face aux micros, Cuenca se marre. "J’étais tellement heureux que j’avais envie de rire jusqu’au coup de sifflet final." Guardiola loue "l'audace d'un joueur qui a encore beaucoup à apprendre". Et qui a déjà tant appris.

A Barcelone, sa trajectoire a pourtant épousé une courbe sinusoïdale. Cuenca y a posé ses valises depuis trois ans, lorsqu'il retourne dans sa ville natale, à Reus. Trois saisons à vivre dans l'anonymat de la troisième division espagnole, pour s'aguerrir, pour grandir. Puis une autre, toujours en Segunda Division B, avec le CF Damm. Quand il réintègre la Masia, en 2009, sa croissance n'est pas achevée. Le Barça l'envoie en prêt, à Sabadell. Cuenca participe activement à la monté du club catalan en D2 espagnole. Cette fois, les Blaugrana sont conquis.

Cet été, Guardiola l'embarque avec lui pour le stage de pré-saison. Lui offre une mi-temps pour se montrer face à l'Hadjuk Split (0-0). C'est pourtant bien avec le Barça B qu'il débute la saison. Et qu'il marque le 4 septembre, face au FC Cartagena (4-0). Trois mois plus tard, il foule la pelouse du Camp Nou, en Ligue des champions. Cuenca n'est plus le clown de service. Il n'est plus celui dont Luis Enrique ne voulait pas en réserve. Il s'est fondu dans le moule blaugrana. Au milieu des Messi, Xavi et Iniesta, il ne détonne plus. Le Barça tient une énième pépite. Qu'il est urgent de prolonger : son contrat court jusqu'en juin 2012.