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Cette Roja est née en 2009

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 01/07/2012 à 16:18 GMT+2

Il y a trois ans, Del Bosque a profité d'une défaite face aux Etats-Unis pour bâtir une Espagne plus équilibrée que celle d'Aragones.

Spain's Vicente Del Bosque, Xabi Alonso and Sergio Busquets

Crédit: Reuters

"Un accident". Ou plutôt, "un petit pas en arrière". Voilà comment, en ce 24 juin 2009, Vicente del Bosque qualifiait à chaud l'improbable défaite de sa Seleccion. L'Espagne venait de s'incliner face aux Etats-Unis (0-2), en demi-finale de la Coupe des Confédérations. Pour les médias espagnols, ce revers - le premier après une série de 15 victoires et une invincibilité de 35 matches - fut une "leçon d'humilité". Un mal pour un bien, qui a mis le doigt où ça faisait mal. "Le jeu à une touche de balle n'a pas fonctionné et il y a eu trop de précipitation", soulignait alors le quotidien madrilène Marca. Sport, son homologue catalan, dressait sensiblement le même diagnostic : "Quand la dernière passe n'aboutit jamais, il est très difficile de marquer." Pour une fois, le sélectionneur national partageait l'analyse. Et elle l'a conduit à repenser l'équilibre général de son équipe. La finale de l'Euro, dimanche soir, face à l'Italie, sera l'aboutissement de cette mutation profonde. Car l'Espagne version Del Bosque n'a plus grand-chose à voir avec celle de son prédécesseur. En 2008, Luis Aragones avait conduit la Roja sur le toit de l'Europe en misant sur un 4-1-3-2 audacieux. Et c'est précisément dans ce système que la Roja a sombré face aux Etats-Unis.
Ce soir-là, l'Espagne est apparue déséquilibrée. Asphyxiée par le pressing américain, elle a même été domptée dans la maîtrise collective. "Nous ne les avons pas laissés respirer, avait confirmé Jay Demerit, le robuste défenseur US de Watford. Il fallait les prendre à la gorge." Del Bosque a ainsi pu mesurer combien Xabi Alonso, seule sentinelle du milieu, semblait livré à lui-même. L'ancien coach du Real Madrid a alors renié le passé. Exit le 4-1-3-2 d'Aragones. Place à un 4-3-3 censé rééquilibrer les forces au profit de l'entrejeu. Quitte à sacrifier la percussion et l'efficacité offensives sur l'autel de la maîtrise collective. Les chiffres le confirment : sous l'ère Del Bosque, il y a eu un avant et après 24 juin 2009.
Infographie Espagne 1 (compo face aux Etats-Unis, en 2009)
La nouvelle hégémonie du Barça, conjuguée à l'émergence de Sergio Busquets, ont favorisé ses desseins. Installé par Pep Guardiola, le milieu de terrain blaugrana s'est aussi vite rendu indispensable aux yeux de Vicente del Bosque. Quelques mois après ses premiers pas internationaux - le 6 février 2009, face à l'Angleterre - Busquets est devenu le garant du nouvel équilibre espagnol. L'alter ego du Madrilène Xabi Alonso. Ce "doble pivote" a accéléré un concept cher à Del Bosque : la "disparition virtuelle" du "numéro 10". "C'est la grande évolution du football ces dernières années, justifiait le coach moustachu sur le site de la FIFA. Les grands milieux de terrain sont des joueurs capables d'évoluer d'une surface à l'autre. La sélection espagnole est au service de ses attaquants. La solution que nous avons trouvée consiste à réunir des milieux de terrain présentant ces caractéristiques, qui soient capables de défendre et de créer. Xabi Alonso, Xavi, David Silva, Andres Iniesta... Nous avons de la chance, tous ces joueurs font partie des meilleurs du monde."
Infographic Espagne 2 (avant et après USA)
Le "doble pivote" est toujours en vigueur. Et il suscite un vif scepticisme de l'autre côté des Pyrénées. Les médias y voient une prudence excessive, l'expression d'une thèse ultra-défensive. Faux, rétorque Del Bosque. "Nous ne sommes pas venus ici pour défendre et nous sommes tout sauf une équipe défensive, disait-il encore la semaine dernière. Xabi et Sergio sont tous les deux des joueurs créatifs. Pas des joueurs de l'ombre, confinés aux tâches obscures." D'une certaine façon, l'activité et la technicité du tandem épousent pourtant la courbe d'une équipe qui n'a jamais autant maîtrisé le ballon que durant cet Euro. Et qui marque beaucoup moins. Une statistique dessine assez nettement cette tendance, qui s'est accélérée depuis deux ans : lors du Mondial 2010, la Roja effectuait en moyenne 544 passes par rencontre, pour une possession flirtant avec les 56%. Durant l'Euro 2012 ? L'Espagne a eu le ballon 60% du temps, pour une moyenne hallucinante de 844 passes par match !
Peu importe si elle évolue avec un avant-centre de métier (Torres) ou un faux neuf (Fabregas), désormais, elle prend un malin plaisir à tourner autour du pot. Elle n'est pas devenue plus solide pour autant. Elle a même perdu en efficacité. Simplement, elle maîtrise mieux son sujet. Le 24 juin 2009 est passé par là.
Infographie Espagne 3
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