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Rami : "Parfois, on pense que je suis perdu… et je reviens"

Maxime Dupuis

Mis à jour 20/12/2016 à 14:06 GMT+1

Samedi soir, Adil Rami a conclu 2016 par une victoire et… une expulsion face à Malaga (4-1). Une drôle de sortie au terme d’une année pas comme les autres. L’international français (33 sélections) sera passé par toutes les émotions lors de ces douze derniers mois. Un peu comme durant sa carrière, finalement. Nous en avons longuement discuté avec l’ancien Lillois, qui nous a reçus jeudi.

Adil Rami face à l'Irlande

Crédit: AFP

Depuis quelques années, en Liga, la troisième force du pays s'appelle l’Atlético Madrid. La trêve intervient et, cette saison, c'est le FC Séville qui tient tête aux deux géants, le Real et le Barça… Est-ce parti pour durer ?
Adil Rami : On est fiers d'être troisième, au contact du Barça et cinq longueurs devant l'Atlético, qui est une pointure. Mais on est réalistes : ça va être dur de rester parmi les grands, même si on est plein d'ambition. On garde la tête sur les épaules, on sait que ça va être très difficile.
Vu de France, le FC Séville fait fantasmer. Vous venez d'éliminer Lyon, vous avez remporté les trois dernières Ligue Europa avec des moyens qui ne sont pas ceux du Real ou du Barça mais qui se rapprochent des grosses écuries françaises. Quel est donc le secret de Séville ?
A.R. : Je ne sais pas s'il y a un secret. On joue simplement tout à fond avec du plaisir à disputer toutes les compétitions. On a réussi à se créer une identité au contact des grands clubs de Liga et, en Europe, Séville a désormais sa petite réputation. Je ne sais pas si c'est parce que les clubs français n'arrivent pas à la gagner, mais par rapport à ce que je vois et j’entends, j'ai l'impression qu'on a un petit peu tendance à ne pas respecter la Ligue Europa en France. La culture espagnole est complètement différente. Pourtant, quand je vois Lyon, je me dis que c'est une équipe qui peut la gagner : c'est une équipe jeune, rapide, forte partout. La différence, pour moi, c'est juste d'y croire. Si une équipe comme l'OL se met en tête qu'elle peut y arriver, c'est possible. Une finale de C3, c'est magique.
Quand Didier Deschamps a quitté ma chambre, j'ai eu les larmes aux yeux
Cette année aura aussi été magique pour vous. La C3, la naissance de jumeaux et, évidemment, ce retour en équipe de France pour disputer l'Euro. Vous ne sembliez pas dans les plans de Didier Deschamps au mois de mai. Le 10 juin, vous vous retrouvez titulaire face à la Roumanie…
A.R. : J'y pense encore et je me dis que cette histoire-là reflète ma vie et ma carrière. Je suis toujours là où l'on ne m'attend pas. Parfois, on pense que je suis perdu… et je reviens. 2016 sera une année que je n'oublierai jamais : il y a eu Séville, mon retour à un niveau assez correct, j'ai participé à six finales sur la saison et failli être champion d'Europe avec l'équipe de France. Ajoutez à cela, dans ma vie personnelle, la naissance de mes jumeaux…
L'Euro aura été pour vous un ascenseur émotionnel incroyable. Même pas réserviste quand Didier Deschamps annonce sa liste, vous incorporez les 23 et le onze de départ dès le début de la préparation. Et vous terminez la compétition sur le banc. Quel été…
A.R. : Participer à l'Euro a été magique. J'ai rendu fier toute ma famille et ma maman. Mais c'est vrai que lorsque j'ai appris que je ne jouerais pas contre l'Allemagne, en demi-finale [suspendu en quart, il a perdu sa place au profit d’Umtiti, NDLR], ça a été un sacré choc. Mais sans me forcer, mes premiers mots pour le sélectionneur ont été de dire : ce n'est pas grave, il ne faut pas que je montre que je suis triste, je ne dois pas ramener d'ondes négatives. Parce que si la France gagne l'Euro, j'aurai aussi apporté ma pierre à l'édifice. Quand Didier Deschamps a quitté ma chambre, j'ai eu les larmes aux yeux. Mais en descendant à la collation, j'ai tout de suite cherché à faire des blagues pour apporter des ondes positives à l'équipe.
La finale face au Portugal, j'imagine que vous y pensez encore… N'avez-vous pas envie d'une revanche en Russie ?
A.R. : Juste après l'Euro, je suis parti en vacances et tous les Français que j'ai croisés m'ont fait sentir qu'ils étaient fiers de nous, heureux de notre parcours. Je me suis parfois senti un peu mal à l'aise car on pouvait leur apporter encore plus en gagnant la coupe. Maintenant, il y a la Coupe du monde en Russie. Je ne sais pas si je vais tenir jusque-là mais c'est un objectif que je me suis donné. Quoi qu'il en soit, j'espère que les Bleus gagneront le Mondial. Et je ne dis pas "aller en finale" car en perdre une, c'est très dur.
Je n'ai jamais été jardinier, c'est une légende !
Comme l'année 2016, votre parcours footballistique est tout sauf commun. Vous n'avez pas fait de centre de formation, vous étiez à Fréjus quand Lille est venu vous chercher… A quel moment vous êtes-vous dit : "finalement, je vais peut-être y arriver" ?
A.R. : J'ai toujours eu ça dans la peau même s'il a été dur d'y croire. J'ai commencé à travailler à 16 ans. Je n'ai jamais été jardinier, c'est une légende ! J'ai commencé en tant que mécanicien. Mais j'étais très nul. Après, dans un quartier, il y a toujours besoin d'un mécanicien donc je me rendais utile. Ensuite, j'ai travaillé à la mairie de Fréjus. J'ai vraiment commencé à y croire un jour où je revenais de Cannes. Sur l'autoroute, j'ai eu un accident de voiture avec un ami. Je fais des tonneaux… Mon véhicule était sous crédit, il termine à l'épave. L'entraîneur de Fréjus Daniel Bréard me convoque le lendemain matin, je pensais qu'il allait m'engueuler et il me montre un courrier. Il me demande de le lire devant lui. J'ouvre la lettre et je vois le logo de Lille. Ils veulent me prendre à l'essai. En sortant du bureau, j'ai compris que j'avais une chance d'accéder à mon rêve.
Hormis peut-être durant l'Euro 2012 qui avait été compliqué sportivement parlant, on a souvent l'image d'un Adil Rami enjoué. Cette attitude a-t-elle quelque chose à voir avec votre parcours ?
A.R. : Je ne sais pas si c'est grâce à mon parcours que j'ai le sourire. J'ai toujours été comme ça, même quand j'étais mécanicien. Mais plus je vieillis, plus je me renferme. Aujourd'hui, on est regardé, filmé… Beaucoup interprètent les choses comme ils en ont envie. Je fais attention à ce que je dis, à certaines blagues, etc. Je n'ai jamais changé, c'est le regard des gens qui a changé. Je reste un gamin qui aime rigoler.
Le gamin a quand même 30 ans. La retraite n'est pas pour demain mais elle approche. Commencez-vous à penser à la suite ?
A.R. : Bien sûr que j'y pense. Je sais que le principal de ma carrière est derrière moi mais je ne me considère pas comme un joueur âgé. Je pense que je peux tenir encore 4, 5… allez 6 ans si je m'accroche (rires). J'ai encore du jus.
Ces six dernières années, vous vous voyez les vivre à Séville ou dans un autre championnat, comme l'Angleterre ?
A.R. : J'y pense, parfois… Mais là, je me sens au top. On est au cœur du mois de décembre, vous voyez la qualité de vie que l'on a ici à Séville [il montre le ciel, NDLR]. Je joue dans un club respecté au niveau européen, je suis titulaire, je prends du plaisir avec mes coéquipiers, mon entraîneur et les supporters. Même si l'Angleterre m'attire beaucoup, je n'ai pas trop en tête d'aller voir ailleurs. La Liga, c'est jouer contre Messi, Ronaldo, Bale, Griezmann. C'est THE championnat. Leur tenir tête, c'est magique.
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