Le Mans en première ligne

Qui l'eut cru ? Avec les départs successifs de Sessegnon, Basa, Romaric, Yebda, Matsui et De Melo, le MUC 72 semblait condamné à vivre une saison de tous les dangers. Promis à jouer plus le maintien que le haut du classement, Le Mans surprend pourtant à chaque journée, et fort d'un second succès à domicile, les hommes d'Yves Bertucci s'offrent une place sur le podium inespérée, faisant la preuve de la qualité de leur recrutement.

Avant la rencontre, les Manceaux faisaient figure de favoris face à une formation de Nancy méconnaissable et reléguée en queue de peloton en raison d'une ribambelle de matches nuls, cinq en huit journées. Malgré les faveurs des pronostics et peut-être en raison de l'enjeu, les Sarthois peinent pourtant en début de rencontre à trouver la bonne carburation. Partagés entre l'envie de préserver leur cage inviolée et de répondre aux attentes des supporters de Léon-Bollée, Thomas et ses troupes déjouent totalement se heurtant à une formation lorraine bien en place.

Avec un dispositif en 5-3-2, l'ASNL quadrille parfaitement le terrain, donnant une véritable leçon tactique à une formation mancelle perdue et privée de munitions (60% de possession de balle en faveur de Nancy au cours de la première période). Incapable d'aligner trois passes consécutives, gêné par Calvé et Brison, omniprésents sur les ailes et logiquement sifflé par un public frustré, le MUC ne semble pas en mesure de trouver la faille dans la cuirasse lorraine avant que Berenguer, soucieux de dégager en corner, n'expédie le cuir dans son propre but (33e, 1-0).

Mis en confiance par ce coup du sort, Le Mans montre enfin son vrai visage au cours de la deuxième période. Bien aidés par une formation nancéienne marquée psychologiquement et obligée de prendre plus de risques, les hommes de la Sarthe mettent le pied sur le ballon et profitent des nombreux espaces libérés en milieu de terrain pour jaillir en contre. Dans le sillage du combatif Stromstad, véritable homme à tout faire dans l'entre-jeu, les troupes de Bertucci font le siège du but de Bracigliano. A la suite d'une relance ultra-rapide, Maiga, parfaitement décalé sur le coté droit, sert Lamah qui scelle le sort du match en poussant le ballon dans le but vide (66e, 2-0). Saoulé de coups, Nancy ne sort que très rarement la tête de l'eau. Nettement moins à l'aise quand il s'agit de prendre le jeu à son compte, la formation lorraine s'est éteinte au fil des minutes, consciente que sa saison s'annonce difficile, très difficile même contrairement à celle du MUC 72.

"C'est un match bizarre. On avait décidé de jouer avec quatre attaquants en première période mais ils étaient trop alignés. Avec Gervinho, j'ai préféré ne pas prendre de risque car il a ressenti une pointe. Mais l'entrée de Stromstad ne me dérangeait pas tactiquement car on a mieux tenu le ballon. Cela fait plaisir d'être dans le haut du tableau. On est assez efficace depuis le début de saison et j'espère qu'on le restera. On a progressé dans le jeu. Ce soir, j'avais envie d'essayer une autre formule car j'ai plusieurs solutions. J'avais envie que chacun ait sa chance, j'avais envie de la percussion de Lamah dans le couloir gauche et je suis content de son entrée. En revanche, j'ai trouvé qu'il y avait moins de percussion que les années précédentes à Nancy même s'ils sont toujours embêtants sur coups de pied arrêtés. Est-ce-que c'était un manque de jus? Je ne sais pas."