Rennes dérange ?

Rennes commence à s'habituer. Même s'il a été bousculé, le club rouge et noir a enregistré un cinquième succès d'affilée en Ligue 1 qui lui permet de s'installer en tête du championnat en attendant le choc entre l'OM et Lille, dimanche soir. Pour l'équipe qui a remporté le plus de matches cette saison (14 en tout), se trouver au sommet du classement est logique. Solides et réalistes, les Bretons ont le profil d'un candidat au titre. Alors Frédéric Antonetti s'emporte de ne pas voir le nom de son club parmi les favoris pour le titre. "Ce qui me gêne, ce sont les étiquettes de favoris que l'on attribue aux uns et aux autres à travers toutes ces émissions, a dénoncé l'entraîneur à l'issue de la rencontre. Lyon et Marseille ont les deux meilleures équipes, le Paris SG et Lille, c'est pas mal aussi. Mais j'ai l'impression que le Stade Rennais dérange et je ne comprends pas pourquoi. On est un club sérieux de bas en haut, un club structuré, avec une politique sportive ambitieuse."

Les Rennais ont souffert dans l'Hérault. Mais pourquoi la fameuse chance du champion ne s'appliquerait-elle pas à leur cas ? René Girard, l'entraineur montpelliérain, s'est en effet montré un peu agacé. Il a de quoi, tant son groupe a dominé les débats pendant les 25 premières minutes de la rencontre. Rennes a ouvert le score contre le cours du jeu sur sa première véritable occasion. Impossible ensuite pour les Héraultais de recoller au score, malgré de nombreuses tentatives, deux d'entre elles trouvant les montants (35e, 90e+3). "Cette défaite peut être amère quand je vois le match que l'on fait, a pesté Girard. C'est vraiment injuste. Les Rennais ont été plus réalistes que nous. Ce n'était pas notre soir. Je ne voulais pas du scénario comme il s'est déroulé. A savoir prendre un but, puis courir après le score face à une équipe solide, bien en place. On fait une erreur sur le but. Et après on frappe sur le poteau, sur la transversale. Les Dieux du football n'étaient pas avec nous. A l'inverse, Rennes frappe une fois et met la balle au fond des filets".

Frédéric Antonetti s'est défendu : "Ce n’est pas tout à fait un hold-up. C’est vrai qu’ils ont trois belles occasions mais on en a eu autant. Ils peuvent être déçus car ils ont tiré deux fois sur la barre. On a montré beaucoup de résistance face à une équipe qui va en inquiéter plus d’un jusqu’à la fin de saison. Ce qui m’intéresse, c’est la progression dans le jeu". Le jeu, c'est sans doute le principal reproche fait aux Rennais. Mais, là aussi, Antonetti a la réponse. Pour lui, l'impact physique de son équipe doit aussi faire partie des critères qui caractérisent la force de son équipe. "Nous avons résisté dans un gros combat. Entre deux équipes athlétiques, dans un contexte chaud", a-t-il félicité son équipe, même s'il n'oublie pas de noter : "Ensuite, on s'est mis en danger car on recule, on laisse l'initiative à l'équipe adverse. On aurait pu être sanctionné. On a la chance avec nous même si nous avons eu un très bon contre pour réussir le second but."

Antonetti vexé de ne pas faire partie des favoris ? Ce serait un sacré changement de discours pour celui qui répète à l'envi que le Stade Rennais est un "petit". Mais il ne faut pas compter sur lui pour s'enflammer, même si son équipe compte provisoirement trois points d'avance en tête du classement. "Cela ne va pas me donner le vertige non plus. Surtout que je pèse 105 kg, j'ai grossi, plaisante-t-il. Cinq victoires de suite, c'est bien mais il ne faut pas s'arrêter là et progresser notamment à l'extérieur". Du côté du capitaine Kader Mangane, l'ambition reste également mesurée. "Si on veut rester dans le haut de tableau, on doit faire de meilleurs matchs. On doit retenir que l’on a été solide défensivement", avance-t-il simplement. Mais, comme souvent, le mot de la fin revient à Frédéric Antonetti. "Ce qui est important, c'est que le sixième est à 11 points: en début de saison, notre objectif, c'était une place dans les cinq premiers." Mais ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ?