Avant Lille - Toulouse : Dupraz et Antonetti, de la dynamite "au pays des mièvres"

"On est un pays de mièvres, quand t'es mièvre, tout le monde t'applaudit, tu dis rien, tu baisses la tête". La sentence est de Pascal Dupraz, entraîneur fort en gueule de Toulouse, comme son homologue de Lille, Frédéric Antonetti. Les deux hommes vont se croiser mardi soir en Ligue 1 (19h00).

A Toulouse, Dupraz a tout de suite détonné, donnant un bon coup de fouet en matière de communication à un club bercé depuis des années par la relative discrétion médiatique d'Alain Casanova et de Dominique Arribagé.

"Je suis pas dans le calcul, j'ai envie d'être celui que je suis tous les jours. J'ai beaucoup de défauts, j'espère avoir un peu de qualités. Que les personnes chargées comme vous de faire leur travail, aient envie de considérer que je suis nul, que je l'ouvre trop, c'est normal, mais ça me touche pas, ça ne me fera pas changer ma manière d'être", a-t-il martelé lundi.

"Il a un fort caractère, on n'a pas trop envie de rigoler avec lui, on fait attention", confiait ainsi au printemps dernier le milieu Pantxi Sirieix. Mais "il sait faire vivre son vestiaire". Surfant sur la même dynamique, Toulouse est parti du bon pied cette saison et occupe une prometteuse sixième place. "Nos joueurs sont ambitieux mais ici dans notre pays quand tu es ambitieux, fatalement t'as le cigare. Comme s'il fallait être mièvre", regrette le Savoyard. Ce qu'il n'est pas.

Comme Antonetti ne l'est pas non plus, même si lors de sa présentation en novembre dernier, le Corse avait déclaré que son image de sanguin n'était pas forcément justifiée et qu'il s'était assagi durant les deux années où il n'avait pas entraîné. "Il y a l'image et il y a la réalité. L'image ne correspond pas toujours au quotidien. J'ai fait des erreurs mais pendant deux ans j'ai réfléchi. Je manage avec passion. Parfois ma passion m'a fait faire des excès. J'espère qu'avec l'âge ça disparaîtra... mais il ne faut pas rêver non plus !", avait-il lancé malicieusement aux journalistes.

En dix mois à Lille, ses dires se sont vérifiés... Jusqu'à la semaine dernière. "Certains qui ne jouent pas toujours sont trop bavards (...) L'année dernière quand on a commencé à gagner, les mêmes joueurs se taisaient parce que l'équipe gagnait. Aujourd'hui, au lieu de se remettre en question, ils remettent en question les choix de l'entraîneur", a-t-il déploré jeudi.

"On est en crise de résultats, de jeu, de mentalité, de partout. Je pense qu'on a besoin de se reprendre mentalement", a-t-il balancé samedi après la défaite à Lorient, la troisième en cinq matches de L1 cette saison.

En plus de leur bouillant tempérament, les deux techniciens ont aussi en commun d'avoir redressé des situations très compromises la saison dernière, effectuant deux 'remontadas' sur les bancs du LOSC et du Téfécé.

Antonetti, arrivé fin novembre au chevet des Dogues, alors relégables, les a menés en finale de Coupe de la Ligue (perdue face au Paris SG) et à la 5e place de Ligue 1 grâce à un sprint final splendide ponctué de huit victoires et deux nuls.

Dupraz, lui, a débarqué dans la ville rose début mars, à dix journées de la fin de la saison et alors que le TFC pointait à dix longueurs du premier non-relégable. Il a insufflé alors à son groupe un nouvel état d'esprit et ses méthodes ont payé au-delà de toutes les espérances puisque les Violets ont enregistré cinq victoires, trois nuls pour seulement deux défaites (face à Lyon...et Lille) et se sont sauvés à la dernière journée. Alors, qui va gagner mardi le duel des "grandes gueules" ?