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Ligue des champions - La fermeture, c'est pour demain

Maxime Dupuis

Mis à jour 18/09/2016 à 08:56 GMT+2

Dès 2018, la Ligue des champions sera constituée à 50% de clubs issus de Liga, Premier League, Serie A et Bundesliga. Une réforme lancée en catimini cet été par les puissants du Vieux Continent. Un mauvais coup pour le football. Et, aussi, la France qui va perdre gros dans la bataille.

Le Real vainqueur de la Ligue des champions

Crédit: AFP

L'été est la saison de tous les possibles. Le moment d'y croire. De se lancer à corps perdu dans toutes sortes d'entreprises. Même les plus audacieuses. Ça doit être lié aux ondes positives accompagnant ces journées ensoleillées qui s'allongent indéfiniment. Un jour, il faudra demander à Karl-Heinz Rummenigge ce qu'il en pense. Le boss du Bayern Munich, 60 printemps au compteur, n'a jamais été du genre à douter. Hiver comme été. Mais force est de constater que le Ballon d'Or 1980 a attendu le retour des beaux jours pour lancer son intrépide offensive et sa refonte très personnelle du football européen d'élite.
Les mauvaises langues diront aussi qu'il a profité, non pas des vacances, mais de la vacance du pouvoir à l'UEFA pour passer en force et imposer une réforme qui aura des conséquences majeures sur le foot continental, dès 2018. Et pour trois ans au minimum. Mais probablement plus longtemps. Malheureusement.
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La Ligue des champions à Milan

Crédit: Panoramic

Patron de l'Association Européenne des Clubs - organisme qui a succédé au G14 et représente plus les puissants que les clubs à proprement parler -, l'Allemand n'avait pas goûté, mais vraiment pas, à la double confrontation entre la Juventus Turin et le Bayern Munich l'hiver dernier. Pourquoi ? Non pas parce qu'elle fut une formidable publicité pour le football. Ni parce que les Bavarois s'étaient brillamment qualifiés. Mais parce que la Juve, autre géant du ballon rond, sortait dès les huitièmes de finale. Et, pour "Kalle", c’est insupportable.

Pas de SuperLeague mais...

Rummenigge aime bien le football. Mais pas l'incertitude qui est censée l'accompagner depuis sa création. Il faut dire qu'il a une entreprise à faire tourner. Pour faire simple et - à peine - caricaturer : il préfère quand les riches gagnent et que les petits restent à leur place. A savoir derrière la porte. Il dit oui à Bayern - Juventus. Mais en finale ou en demie. Pas avant. Il sera un jour exaucé.
En attendant ce coup de grâce, à défaut d'imposer une Ligue européenne fermée, Rummenigge a réussi à faire passer une réforme qui referme petit à petit la Ligue des champions et, au final, la rapproche un peu plus de la SuperLeague rêvée.
A partir de 2018, les quatre pays les mieux classés au coefficient UEFA qualifieront directement quatre clubs. Plus de barrage. Direct en poules. L'héritage Platini ? Balayé d'un revers de la main.
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Rummenigge : ''Pas une révolution''

La phase de groupes de la C1 sera donc constituée à 50% de clubs espagnols, italiens, anglais et allemands. Soit 16/32 qualifiés, voire 17 même, si le vainqueur de la Ligue Europa est issu de l'une de ces associations.
50% d'engagés qui proviennent de quatre pays alors que l'UEFA est constituée de 55 nations. En matière d'élitisme, difficile de faire mieux. A mes yeux, c'est totalement inacceptable. Sportivement. Financièrement, c'est autre chose. Mais j'aime le football pour le rectangle vert. Pas pour les billets verts qui circulent dans ses arcanes.

La France condamnée à rester petite

Ça ne vous a pas échappé : la France n’a pas été conviée au banquet. Compte tenu de ses résultats sportifs et de son attractivité actuelle, le contraire eut été miraculeux. Mais c'est assez dramatique pour elle. Le cercle vertueux dans lequel l'Italie a pris place est vicieux pour la France. Heureusement, la quasi-totalité des clubs de l'élite s'en est alarmé. Sauf… Lyon et Jean-Michel Aulas. Avant d'assurer qu'il n'était pas au courant des intentions de l'ECA, le patron de l'OL s'était réjoui de cette nouvelle donne.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, dont une majeure : Lyon, comme les autres clubs tricolores qui auront à disputer les barrages, ne pourront plus tomber sur l'un des gros du Vieux Continent. Par conséquent, les Français accéderont plus aisément à la C1 et à ses revenus. L'argumentaire de JMA se tient. A ceci près qu'il faudra quand même batailler au cœur du mois d'août et que, pour le commun des clubs français, la glorieuse incertitude du sport a toujours cours. L'OL a déjà payé pour le savoir.
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Thiago Motta avec Thiago Silva et Serge Aurier lors de Manchester City - PSG (2016)

Crédit: Panoramic

Néanmoins, et quoi qu'en dise le président Aulas, cette réforme ne fait en rien les affaires du football français. A long terme, la Ligue 1 est condamnée à rester en dehors du quatuor des nantis espagnols, anglais, italiens et allemands. Il fallait prendre ce wagon. Maintenant que la locomotive est lancée, bon courage pour la rattraper.
En 2018/2019, les clubs français auront toujours droit de s'asseoir au banquet mais ils seront priés de débarrasser le plancher avant le dessert, PSG excepté. Car les écarts financiers, et donc sportifs, ne vont faire que s'accroitre entre les invités d'office qui seront toujours assurés d'une manne conséquente, et le reste de la troupe. C'est pour cette raison que Bernard Caïazzo, président de Première Ligue (ndlr : le syndicat des clubs de L1), est monté au créneau sans mâcher ses mots. A raison.
La France du football, qui n'était déjà pas bien grosse, parait condamnée à rester dans l'ombre de l'Espagne, de l'Angleterre, de l'Allemagne et de l'Italie qui, tous les ans, enverront quatre représentants en C1. Les clubs élus, bienheureux, vont engranger des revenus et une puissance qui va un peu plus les démarquer du reste de la "meute" édentée. Pour vous la faire courte, les gros seront toujours un peu plus puissants. Les maigres, toujours un peu plus faibles. C'est binaire. Manichéen. Tout ce que vous voulez. Vous avez raison. Et ce n'est pas pour déplaire à Karl-Heinz Rummenigge.
A terme, la C1 deviendra-t-elle une ligue totalement fermée ?
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