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Ligue des champions - Face à la Premier League, la Liga ne tient plus la cadence

Antoine Donnarieix

Mis à jour 13/02/2023 à 20:30 GMT+1

Classées comme les deux meilleures nations européennes à l'indice UEFA, l'Angleterre et l'Espagne se livrent une bataille depuis plus d'une décennie pour exercer leur souveraineté sur le Vieux Continent. À la fois épique et indécis sur le terrain, le combat penche désormais en faveur des clubs de Premier League, notamment grâce à leur moyens illimités. Récit d'un duel qui bat de l'aile.

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Dans le football moderne, la conférence de presse est une rengaine à laquelle les romantiques du football doivent dorénavant se plier. Les émotions importent relativement peu, seule compte l'information. Le 25 octobre dernier, Unai Emery a ainsi décidé de casser son contrat de façon unilatérale à Villarreal, en plein déroulement de la saison 2022-2023 de Liga. Aux côtés du tandem Roig, père et fils, le Basque s'est expliqué sur son choix : "Mon départ est lié à une décision professionnelle que je devais prendre. Je suis venu à Villarreal pour réussir des objectifs que le club avait presque atteint et que j'avais déjà réalisés. Je les remercie de cette confiance et je crois que nous avons été à la hauteur. Cela permet de nous retrouver ici, de cette manière, lors de cet adieu."
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Unai Emery et Julen Lopetegui lors de Aston Villa - Wolverhampton en Premier League, le 4 janvier 2023

Crédit: Getty Images

La fuite des talents

La longévité d'un entraîneur au sein d'un club étant devenue une exception dans ce marché du football lancé à pleine vitesse, l'aventure d'Emery chez les Amarillos peut être cataloguée comme un succès inscrit dans le temps. Vainqueur de la Ligue Europa en 2021 puis demi-finaliste de la Ligue des Champions en 2022, le tout dans une ville de 50000 habitants, Emery a apporté son savoir-faire pour devenir l'architecte d'une performance sportive extraordinaire. Mais à l'heure où les feuilles tombaient des arbres, l'information de ce départ n'a pas ému grand monde. Pire : cela s'est fait dans une certaine indifférence symbolique de l'emprise actuelle de la Premier League, la poule aux œufs d'or du football européen. Après avoir refusé les avances de Newcastle United un an auparavant, Emery a choisi Aston Villa, pourtant classé seizième à un petit point de la zone de relégation lors de son arrivée. Cela peut surprendre à première vue, mais le cas Emery est loin d'être isolé pour évoquer les relations entre la Liga et la Premier League.
En plus du coach déjà passé par Arsenal en 2018-2019, trois autres entraîneurs espagnols évoluent dans le championnat anglais (Pep Guardiola à Manchester City, Mikel Arteta à Arsenal, Julen Lopetegui à Wolverhampton), ce qui en fait la nationalité la plus développée du championnat dans ce domaine derrière les Britanniques (7). À cela s'ajoutent les footballeurs issus de Liga, dont les arrivées se sont comptées à la pelle depuis l'été dernier : Casemiro à Manchester United, Alexander Isak à Newcastle, Philippe Coutinho et Alex Moreno à Aston Villa, Pierre-Emerick Aubameyang et João Félix à Chelsea, Renan Lodi à Nottingham Forest... Même la Championship fait quelques courses en Liga avec le transfert de Matthew Hoppe de Majorque à Middlesbrough. Dans le sens contraire, le transfert de Matt Doherty à l'Atlético de Madrid connaît un léger écho, mais cela ne pèse pas bien lourd dans une balance largement favorable à l'exportation vers le championnat d'Angleterre.
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Pep Guardiola (Manchester City) avec le trophée de la Premier League, le 22 mai 2022

Crédit: Getty Images

Romeu : "J'ai aimé chaque match que j'ai pu jouer en Premier League"

À vrai dire, cette propension des footballeurs de Liga à immigrer vers la Premier League n'est pas un phénomène récent, chez les joueurs confirmés comme les jeunes pousses. En 2003, un certain Cesc Fàbregas avait montré la voie d'une intégration réussie outre-Manche en passant de la Masia barcelonaise à l'équipe première d'Arsenal avec, en point d'orgue, une finale de Ligue des champions perdue en 2006 contre… le FC Barcelone.
Cinq ans plus tard, le canterano Oriol Romeu a choisi Chelsea pour quitter le Barça de Guardiola, alors référence de l'époque et champion d'Europe en titre. La saison suivante, Romeu a remporté la C1 à Munich au terme d'une séance de tirs au but face au Bayern. Et même si le milieu défensif n'a disputé que trois matchs dans cette campagne européenne 2011-2012 victorieuse des Blues, sa décision d'avoir signé chez un top club du football anglais s'est avérée payante sur le plan pécuniaire, mais également le côté purement sportif puisqu'il cumule aujourd'hui 239 matchs dans l'élite anglaise.
"En Premier League, cela ne fait aucun doute que l'aspect financier est très important, confie l'actuel milieu de terrain du FC Gérone, pensionnaire de Liga. Dès lors, il est plus facile de convaincre des footballeurs et des entraîneurs pour rendre le championnat plus intéressant et attractif. Mais dans le fond, il n'y a pas que l'argent. Là-bas, tout est fait pour vivre pleinement le football. Quand vous observez les matchs, vous vous rendez compte de l'intensité, de l'atmosphère. C'est incroyable ! Sincèrement, j'ai aimé chaque match que j'ai pu jouer dans ce championnat. Et je crois que d'une certaine manière, c'est aussi cela qui permet de convaincre de plus en plus d'acteurs du football. Bien sûr, d'autres projets sont intéressants et la Liga espagnole en fait partie. Mais pour être honnête, la Premier League est maintenant au-dessus des autres championnats."
Oriol Romeu avec Chelsea en 2014

C1 : le Real Madrid seul contre tous

Au moment d'ouvrir le deuxième volet de la Ligue des Champions 2022-2023, le constat est limpide. Du côté des clubs anglais, les quatre clubs équipes initialement engagées dans la compétition sont toujours en lice pour débuter les huitièmes de finale. Leur bilan est quasiment parfait puisque trois clubs sur quatre ont terminé premier de leur poule. Pour l'Espagne, seul le Real Madrid, tenant du titre, a survécu à la phase de groupes. Malgré la vente d'une partie de ses actifs à l'intersaison, le FC Barcelone a manqué le coche pour la deuxième fois consécutive et jouera les seizièmes de finale de la Ligue Europa contre… Manchester United, deuxième de sa poule en C3 derrière la Real Sociedad. Victime d'un début de saison catastrophique, le FC Séville est tout de même reversé en Ligue Europa grâce à sa troisième place, tandis que l'Atlético de Madrid a d'ores et déjà terminé sa saison européenne.
Un seul représentant espagnol dans le tableau final de la C1, c'est une première depuis la saison 2003-2004, une époque où le football espagnol dominait encore au coefficient UEFA devant les Anglais. Depuis la saison 2006-2007, ces deux nations sont aux deux premières places du football européen. Et depuis 2021, l'Angleterre a repris la main et continue de creuser l'écart face à son dauphin ibère. Faut-il en conclure que la Liga dans son ensemble a baissé de niveau ? L'affirmer serait dénigrer la progression de clubs à la gestion pérenne comme Villarreal ou le Real Betis.
En revanche, il est clair que le Real Madrid est la seule grosse cylindrée espagnole à avoir construit son effectif en vue de performances européennes sur le long terme, à l'image de l'émergence progressive de Federico Valverde, Vinicius ou Rodrygo déjà au courant de la recette pour remporter la Ligue des Champions. Face aux Blancos, la horde anglaise est plus que jamais prête à sortir ses meilleurs éléments pour faire tomber la Maison Blanche. Chelsea, Manchester City et Liverpool ont une revanche à prendre sur la saison dernière…
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