Inter Milan : Après le jet-setteur, voici (enfin) Icardi le buteur

Il y a un temps pour tout. Celui de la jeunesse, des tentations du monde du football, de l’excès, des futilités, des caprices. Puis vient celui de la maturité footballistique qui va souvent de pair avec une vie privée plus sereine. D’autres insistent comme Mario Balotelli et mettent leur carrière en péril, mais ce n’est pas le cas de Mauro Icardi. L’Argentin a compris ses erreurs et retenu la leçon, il est désormais un des meilleurs attaquants en devenir et ne compte pas gâcher son potentiel.

"Quand je négocie une prolongation de contrat avec un attaquant, je lui propose toujours de regarder ensemble son nombre de buts marqués dans les almanachs." Cette sympathique citation est signée Adriano Galliani, dirigeant historique du Milan. En Italie, un avant-centre est jugé avant tout sur ses statistiques, et Icardi s’est parfaitement mis au diapason. Il en est déjà à 20 buts toutes compétitions confondues cette saison en 35 rencontres, la moyenne est exactement d’une réalisation toutes les 135 minutes.

Concernant les clubs italiens, seul son compatriote Carlos Tevez fait mieux : 21 réalisations avec la Juventus. Icardi soigne ainsi ses chiffres sur l’ensemble de sa carrière professionnelle, lui qui a pour le moment revêtu les maillots de la Sampdoria et de l’Inter de 2012 à aujourd'hui. 40 buts en 91 rencontres, un toutes les 155 minutes, dans un Top championnat qui a perdu son lustre d’antan mais où il est toujours très difficile de marquer pour les avants-centres. En début de saison, l’Argentin s’était fixé l’objectif de 20 buts, objectif atteint avec trois mois d’avance !

Icardi fait parler la poudre et il a d’autant plus de mérite qu’il évolue dans une équipe qui retombe régulièrement dans ses travers et peine à trouver son rythme de croisière. Il n’est pas le terminal offensif d’un effectif huilé et rodé et transforme ainsi souvent en but les quelques occasions qu’il a à sa disposition. Les stats concernant la Serie A parlent d’un joueur qui a tiré 66 fois vers la cage adverse, cadrant en tout 30 tentatives. 15 ont été stoppées par les gardiens adverses, 15 ont fini au fond des filets. Inutile de développer sur son efficacité devant les cages, ce serait superflu.

Devant les cages et si possible pas trop loin car Icardi a le profil d’un attaquant à l’ancienne. Un renard des surfaces (zone de vérité où il a inscrit 14 de ses buts en championnat) à la Pippo Inzaghi ou David Trezeguet qui sait se trouver au bon endroit et au bon moment…et qui peut marquer avec toutes les parties de son corps : 8 du droit, 5 du gauche et 2 de la tête. Une espèce en voie d’extinction qui aura cependant du mal à perdurer en 2015 s’il n’évolue pas.

C’est ce à quoi il travaille avec Mancini qui le fait participer à la manœuvre offensive. "Depuis deux mois, il a une implication différente, il a compris qu’il doit bosser sur son jeu hors de la surface", a déclaré l’entraineur des nerazzurri. Ça tombe bien, Icardi s’adapte à tous ses partenaires d’attaque, que ce soit Podolski, Shaqiri ou Palacio et sait aussi régaler la galerie avec des gestes techniques de grande classe, comme sa splendide panenka dimanche dernier contre le Napoli.

Voilà peut-être le plus bel exploit de Mauro Icardi. Jusqu’à il y a quelques mois encore, le natif de Rosario était surtout considéré comme "Monsieur Wanda", du prénom de sa compagne et désormais épouse. Tweets puérils et photos provocatrices ont été son quotidien pendant de trop longues semaines, alors qu’il commençait déjà à soigner sa fiche de stats. On a surement touché le fond lors du Sampdoria-Inter de la saison dernière où il s’est retrouvé face à Maxi Lopez, l’ancien mari de sa Wanda bien aimée, qui refusa de lui serrer la main.

Sans dériver dans le gossip de bas-étage, toute cette histoire lui a collé une étiquette de bad boy dont il a du mal à se débarrasser. Et pourtant, à 22 ans, Icardi doit élever quatre enfants, le sien, né il y a quelques semaines et ceux de son compatriote argentin. Voilà un garçon plus mûr qu’on ne le pense, il faut savoir parfois aller au-delà des apparences, notamment des tatouages et des voitures de course. Maurito est un homme responsable, bien dans sa peau et cela se ressent sur le terrain.

Icardi en victime expiatoire des mauvais bilans financiers de l’Inter ? C’est un scénario plus que plausible, même si Roberto Mancini a insisté pour que l’attaquant argentin soit conservé, lui qui n’est pas du genre à se laisser faire si on lui démantèle son équipe. Dans la foulée, le directeur sportif Piero Ausilio a confirmé que c’était l’intention du club. D’ailleurs, les deux parties négocient pour une prolongation de contrat (qui court jusqu’en 2018) et surtout une augmentation. A l’heure actuelle, Icardi est le 15e salaire du club et gagne moins qu’un Kuzmanovic. Ses honoraires pourraient ainsi être multipliés par trois, ce qui serait plus conforme à son statut dans l’effectif.

Toutefois, cela ne pourrait être qu’une stratégie pour mieux le revendre. Le fair-play financier guette et l’Inter pourrait être contrainte de ne dépenser que l’argent provenant des ventes de ses joueurs. Le joueur le plus "bancable" de l'effectif étant l'attaquant argentin, on le voit difficilement rester à Milan surtout sans qualification en Ligue des Champions comme ce devrait être encore le cas. Recruté pour un total de 12 millions il y a bientôt deux ans, sa valeur a quasiment triplé et quelques cadors seraient déjà sur ses traces, notamment Manchester United et l’Atlético Madrid. Ce ne serait que la prochaine étape logique de la carrière d’un joueur qui a tout pour s’imposer comme l’un des grands attaquants de la prochaine décennie.