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Roma : Andreazzoli s'est acheté la "paix sociale"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 17/03/2013 à 09:44 GMT+1

Avec Aurelio Andreazzoli à sa tête, la Roma a repris sa marche en avant. Grâce à son management plus souple, notamment. Mais les nuages sont toujours là...

Serie A 2012/2013 Roma Andreazzoli

Crédit: Panoramic

Comment va la Roma ? Sur le plan comptable, elle va mieux. Après avoir débarqué Zeman et nommé le novice Andreazzoli, travailleur de l'ombre mais apprécié des joueurs, la Roma a amorcé un double virage : sur le plan du jeu, d'abord, qui se révèle particulièrement laborieux, mais également dans la vie du groupe où Andreazzoli est proche de ses joueurs, là où Zeman préférait des relations plus froides et distantes. Si le nouvel entraîneur affiche une belle moyenne de deux points par match, il s'agit de la seule satisfaction de ce changement brutal à la tête de l'équipe.

Le calme retrouvé

La Roma a tous les inconvénients d'un grand club sans en avoir les avantages. Parmi les défauts, un management aléatoire et pas aussi efficace, dans sa communication et dans sa gestion, que peut l'être celui du Milan ou de la Juve. C'est ce qu'avait expliqué Zdenek Zeman en conférence de presse, quelques jours avant de se faire virer : "Les joueurs ne savent pas ce qu'ils ont le droit de faire ou non. Il n'y a pas de règles écrites, les joueurs font ce qu'ils veulent." Pourtant, la Roma n'a jamais été aussi structurée : un président, un CEO, un administrateur délégué, un directeur général et un directeur sportif. Bref, du monde en théorie mais personne en pratique lorsqu'il s'agit de gérer les joueurs et soutenir l'entraîneur. Zeman n'a pas été suivi dès le début par ses dirigeants sur l'attitude et les règles qu'il souhaitait imposer à ses hommes. Dès lors, les joueurs ont senti qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient sans risquer quoi que ce soit. Osvaldo a séché le stage aux USA début janvier, Stekelenburg s'est lâché dans la presse sur son concurrent direct, Pjanic a insulté Zeman en plein derby, Marquinho l'a également critiqué ouvertement, certains évitaient les séances physiques du lundi et prétextaient des petites douleurs pour arriver à leurs fins… À Trigoria, les joueurs sont rois.

La première mesure d'Aurelio Andreazzoli à son arrivée a été de supprimer les deux entraînements quotidiens, sources de mécontentement chez plusieurs joueurs. La Gradinata Nord du Genoa, au moment d'une menace de grève des joueurs de foot, avait publié un communiqué dont l'extrait suivant est tiré : "Supporter l’idée qu’un groupe de jeunes milliardaires, avec leurs luxueuses Ferrari et leurs caleçons Dolce & Gabbana, osent faire une grève est indigne. En fait, il nous vient même la nausée quand on entend le mot 'grève' dans la bouche de gens qui n’ont jamais vraiment travaillé sérieusement." C'est un peu ce qu'on ressenti de nombreux tifosi de la Roma au moment de cette réorganisation d'Andreazzoli. Dans une ville sinistrée par le chômage, voir des joueurs se plaindre et contribuer activement au renvoi d'un entraîneur parce qu'ils ne voulaient pas travailler deux fois 1h30 par jour, n'est pas vraiment passé.

Toujours est-il que cette décision d'Andreazzoli a fait le bonheur des joueurs qui ne s'en sont pas cachés publiquement, sans une once de pudeur, à travers plusieurs interviews. Mais le nouvel entraîneur n'en est pas resté à ce simple changement. Il a également décidé de ne plus parler des joueurs de façon individuelle mais de toujours évoquer le collectif. Ainsi, quand les demandes pleuvent sur les cas De Rossi et Osvaldo, Andreazzoli répond toujours "je ne vais pas parler des individualités mais du collectif, de l'ensemble de l'équipe." Là où Zeman disait toujours ce qu'il pensait (manque de psychologie ou honnêteté, deux camps s'opposent), n'hésitant jamais à titiller certains joueurs, le nouveau Mister joue à fond la carte de la langue de bois. Et les joueurs en raffolent. Ce qui n'a pas empêché l'insaisissable Osvaldo (encore lui) de rentrer directement au vestiaire après son remplacement contre le Genoa, avec un regard noir envers son entraîneur et son adjoint. Mais là encore, aucune sanction, aucune remise en question, rien. Face au manque de discipline, la Roma applique une recette dangereuse : le laisser-faire.

Chaque journaliste italien y va de sa petite analyse lorsque vient le temps d'évoquer les différences entre Zeman et Andreazzoli. Certains vont même jusqu'à évoquer que la joie des joueurs sur les buts de la Roma est plus franche, sincère et éclatante qu'avec Zeman. Les psychologues en herbe ne sont jamais à court d'idées. La vérité ? C'est que les bons résultats apportent de la sérénité et qu'avec dix points en cinq matchs, l'atmosphère est plus calme au-dessus de la Roma. N'oublions pas cependant que Zeman détient la meilleure série avec quatre victoires consécutives après le derby perdu en novembre, et qu'à Sienne, la joie sur les trois buts de l'équipe était particulièrement éclatante. Mais ça, les journalistes italiens l'ont déjà oublié, trop préoccupés par la culture de l'immédiateté et l'analyse de l'instant.

Le jeu porté disparu

Si l'ambiance semble meilleure, le jeu, lui, n'en finit pas de décliner. Après la défaite humiliante face à la Sampdoria et la belle victoire contre la Juve, la Roma l'a emporté à Bergame dans un match joué sous la neige, puis de façon très chanceuse contre le Genoa (premier grand match de Stekelenburg cette saison) avant de ramener un nul désespérant d'Udine. Avec sept buts encaissés, on ne peut pas dire qu'Andreazzoli a ramené une stabilité défensive qui faisait défaut lors du passage de Zeman. Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'offensivement, la Roma peine et s'en remet à ses individualités. Là où le "jeu Zemanien" était capable d'apporter un spectacle de toute beauté (Roma-Fiorentina, Roma-Milan, Genoa-Roma, quatre buts marqués à chaque fois), le jeu d'Andreazzoli est souvent stérile. Là où Zeman insistait sur la verticalisation à outrance, Andreazzoli a ramené un peu de possession de balle au milieu de terrain, laissant le temps à l'adversaire de se replacer. La Roma peine à avancer, se crée moins d'occasions et prend toujours des buts.

De Rossi et Osvaldo exaspérants

Comme c'était facile de se mettre du côté de Daniele De Rossi dans la "bataille" avec Zdenek Zeman qui ne le mettait pas titulaire ! Car quand deux personnes n'ont pas la même vision d'un problème, il faut toujours choisir son camp sans essayer d'analyser correctement ce qui a provoqué ce différend. C'est en tout cas comme ça que ça se passe en Italie. Zeman ne mettait pas De Rossi titulaire car il jugeait ses performances très moyennes, en plus de sa difficulté à lâcher rapidement le ballon, qualité essentielle pour un milieu de terrain dans le 4-3-3 imposé par Il Boemo. Et tout le monde lui est tombé dessus en se demandant pourquoi ce Romain, tifoso de son propre club, était aussi mal traité par son entraîneur. Depuis l'arrivée d'Andreazzoli, De Rossi est redevenu un joueur important de l'équipe mais ses performances sont moyennes, voir catastrophiques comme à Udine où il a été le moins bon joueur sur le terrain. C'est sûrement encore la faute de Zeman, à moins que non… Les défenseurs du milieu de terrain de la Roma ne veulent pas y croire : ce joueur serait tout simplement moyen depuis des années, hormis trois excellents mois avec Luis Enrique et un bon Euro 2012.

Du côté d'Osvaldo, à défaut de marquer des buts, il se fait remarquer par ses loupés et son mauvais comportement (Roma-Genoa, mauvaise entente avec l'adjoint d'Andreazzoli). L'Italo-Argentin est maintenant pris en grippe par le versatile public romain qui attend avec impatience le retour de blessure de Mattia Destro, qu'il houspillait il y a encore quelques semaines.

Malgré un calme en apparence retrouvé, il reste encore quelques zones d'ombre autour de la Roma. La lumière vient toujours du même endroit : Francesco Totti. Le "François" le plus important de Rome bat tous les records à bientôt 37 ans. S'il ne multiplie pas encore les pains, le dieu vivant de la Roma brille par son exemple sur et en dehors du terrain. Cela tombe bien, dimanche, la victime préférée de Francesco Totti débarque à Rome. En effet, Er Pupone a déjà marqué seize buts contre Parme dans sa carrière et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin…
Johann CROCHET : Créateur de flashfoot.fr, blogueur, Johann Crochet a l'habitude de dire qu'une bonne journée commence par une revue de presse italienne et qu'une bonne année se mesure au nombre de matches de Serie A vus dans les stades. Par goût, il suit aussi le foot néerlandais et les championnats scandinaves.
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