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Il devrait être une vitrine pour la ville, mais le derby de Rome gâche trop souvent son image

Valentin Pauluzzi

Publié 07/11/2015 à 11:08 GMT+1

SERIE A - Des incidents aux alentours du stade au silence actuel qui règne au sein des kops de supporters ultras, le match entre la Roma et la Lazio ne connait pas de juste milieu. Dommage, car ce classique possède un incroyable potentiel technique et culturel.

Radja Nainggolan et Antonio Candreva lors du dernier derby de Roma, le 25 mai dernier

Crédit: Panoramic

Piazza Navona, Fontana di Trevi, Castel Sant'Angelo, Colisée... Et on pourrait continuer cette liste pendant longtemps. Rome ville éternelle, Rome musée à ciel ouvert. De la Rome antique à la Rome catholique. Une destination prisée par les touristes du monde entier pour son poids historique, mais aussi son climat et sa gastronomie. Une spaghettata alla carbonara, une balade digestive au Foro Romano et un derby de Rome au Stadio Olimpico pour finir. Voici ce qui pourrait ou plutôt devrait être le programme d’une journée idéale pour un visiteur étranger, mais je ne saurais trop vous conseiller l'étape finale.

Silence dans le stade

Rome est en ébullition ces jours-ci, pas pour la "stracittadina", mais pour l'important procès mafia-capitale. Une appellation exhaustive, une affaire digne des plus grands polars italien. La rencontre de dimanche entre la Roma et la Lazio passerait presque en second plan s’il n’y avait pas cette grève des supporters ultras. En effet, depuis le début de saison, romanisti comme laziali ont décidé de rester muets en guise de protestations contre les mesures prises par les autorités. Cet été, une barrière a été installée en plein milieu des deux kops (les fameuses Curva Sud et Nord) afin d’en limiter les capacités, mais aussi l’interaction entre des occupants un peu trop énervés au gout du préfet et son équipe.
En Italie plus qu’ailleurs, ces kops sont bien souvent des zones de non-droits, où règne un curieux mélange d’anarchie et hiérarchie pyramidale. Surtout, les barrières latérales séparant ce secteur des autres du stade ont été surélevées afin d’éviter tout franchissement abusif provoquant un dangereux surpeuplement (11 500 au lieu de 8 700 !). En désaccord, ultras stoppent jusqu'à nouvel ordre chants, tifos et banderoles caustiques, soit le plus bel élément de ce classique. Bien conscients des conséquences que peut provoquer cette absence de soutien sur le long terme, les dirigeants des deux clubs ont décidé de subir ces décisions loin de faire l’unanimité. Sans tomber dans l’exagération dialectique des tifosi concernés, j’avoue ne pas totalement saisir la logique de ces mesures restrictives.

Tapage en dehors

Peut-être sont-elles motivées par les énormes problèmes de sécurité que pose le derby de Rome, contrairement à ceux de Turin, Milan, Vérone et Gênes ? Chaque édition, ce sont plus de 1 500 policiers qui sont affectés aux abords du stade pour démanteler des véritables corps armés. "Je trouve que ces chiffres pour garantir le bon déroulement d’un match de foot sont immoraux quand on sait que certaines communes se plaignent de ne pas avoir une patrouille de policiers. Dans un pays sérieux comme l'Italie, ces modalités devraient être dépassées", a affirmé Franco Gabrielli, le préfet de Rome dans une longue interview au Corriere dello Sport qui aura difficilement convaincu les ultras, surtout vue la terminologie de bureaucrates utilisée.
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Incidents au Stadio Olimpico lors du derby de novembre 2008

Crédit: Panoramic

Néanmoins, l'ampleur de ces effectifs est une obligation quand on voit l’arsenal de guerre confisqué. Battes de baseball, barres de fer, explosifs et mêmes armes blanches qui servent pour les fameuses "puncicate" (coups de couteaux) auxquelles ont parfois droit les fans étrangers durant les chocs européens. Des semblants de guerre civile qui ont même stoppé un derby suite à une fausse rumeur d’une voiture de police ayant renversé un enfant, c’était en 2004. La situation n’a fait qu’empirer depuis, et la Ligue italienne a décidé de ne plus programmer aucun Roma-Lazio en soirée dans le but de faciliter le travail des forces de l’ordre face à ces hordes de délinquants. Je précise "délinquants" et non "ultras", l’amalgame étant effectué trop facilement.

Et tension sur le terrain

Car à l’intérieur de l’enceinte, les débordements sont désormais extrêmement rares, mais le climat tendu qui entoure cette rencontre se reflète souvent sur le terrain où coups bas, altercations et mauvais gestes se multiplient entre les principaux protagonistes de la rencontre. Cela va de tacles assassins à un doigt d’honneur de Daniele De Rossi adressé aux supporters adverses lors du derby de mai dernier. Du folklore ? Surtout un triste comportement qui lui a d’ailleurs valu 7 500 euros d’amende. Un contexte électrique qui nuit à un football romain pourtant jamais aussi en forme depuis le début des années 2000, lorsque la Roma avait succédé à la Lazio au palmarès de la Serie A. En toute objectivité, le derby intramuros italien le plus intéressant techniquement se déroule bien à Rome. Mais difficile de faire abstraction de tout ce qui se passe – ou ne se passe pas – autour du rectangle vert.
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