Formule 1 | Lewis Hamilton chez Ferrari : le fantasme devient réalité

Longtemps, la Formule 1 était un film dans lequel Lewis Hamilton et Ferrari étaient des acteurs de dragouille. Ils se regardaient, timidement, se titillaient de temps en temps, et l'attraction était parfois si bien jouée qu'on mourait d'envie de les voir s'unir dans le vrai monde.

De l'été de l'année 2008, où le père d'un Lewis Hamilton encore jeune et fougueux avait été grillé par le Times en pleine discussion secrète avec Stefano Domenicali - alors patron de la Scuderia - jusqu'au printemps dernier, on avait toujours eu l'envie d'y croire.

Là, le sujet s'était même invité en conférence de presse. Le sensuel et blagueur : "Hello Lewis !" envoyé par Charles Leclerc à l'encontre du septuple champion du monde, après que le Monégasque avait été interrogé sur les spéculations entourant l'autre baquet de la Scuderia, avait à peine séduit Hamilton.

"Il y a une certaine personne dans cette pièce qui a écrit cette histoire, avait-il répondu en conférence de presse. Peut-être qu'en raison de l'annulation du précédent Grand Prix, il s'est ennuyé. [...] Mais nous sommes presque sur le point de signer le nouveau contrat avec Mercedes." Rideau.

Tout juste trois mois plus tard, l'écurie allemande et sa star officialisaient la suite de leur relation pour deux saisons de plus. Tant pis pour l'histoire que beaucoup rêvaient secrètement de voir. Hamilton était un fidèle parmi les fidèles et en s'engageant pour deux saisons supplémentaires à l'âge de 38 ans, il avait étouffé la dernière étincelle. Pensait-on.

Il y avait alors, d'une part, le plaisir de l'imagination : un fantasme ne doit son existence qu'au fait de ne jamais se matérialiser. Après tout, certaines légendes de ce sport n'ont jamais poussé la porte de la Scuderia et en cela, Hamilton s'inscrivait dans la même ligne qu'Ayrton Senna, dernier des géants à ne pas avoir porté la combinaison rouge. Ce n'était peut-être un hasard. Et cela avait même son charme.

Il persistait, quand même, une certaine amertume : comment le magnétisme n'avait-il pu jamais opérer entre ces deux aimants ? "Pendant des années, dès que je venais à Monza et voyais les fans, je les entendais dire : 'Viens chez Ferrari !', racontait le septuple champion du monde à Sky Italia, en 2021. Ça me réchauffe le cœur et c'est assez incroyable que je n'aie jamais couru pour Ferrari après tant d'années. Car c'est un rêve pour tout le monde, un objectif à atteindre. Cela n'a jamais vraiment été possible, et je ne saurai jamais précisément pourquoi."

Le plus grand pilote de l'histoire et la plus grande écurie de l'histoire ne pouvaient achever la scène sans se lier. Comme un twist digne des plus grandes œuvres cinématographiques, Hamilton et le Cheval Cabré ont annoncé leur future alliance au moment où l'on s'y attendait le moins. Le "King" Lewis va rejoindre le "Prince" Charles pour former une "Dream Team". Qui, quoi que l'on pense de la qualité de l'un et de l'autre, porte divinement bien son nom.

Après deux saisons d'une immense froideur, durant laquelle le très peu romantique Max Verstappen a écrasé le scénario, le spectateur avait besoin de rêve. C'est parce que la saison 2024 avait toutes les chances de ressembler à 2023 qu'il n'était pas pressé de la vivre. Désormais, il a déjà hâte qu'elle se termine.