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Renault avide de retombées marketing en attendant la performance en piste

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 18/03/2016 à 15:25 GMT+1

SAISON 2016 - Avec sa liberté retrouvée de constructeur, Renault reprend ses marques dans le paddock en pensant à amortir déjà ses énormes investissements. Car les résultats n'arriveront que plus tard.

La Renault RS16 dans la livrée 2016

Crédit: Panoramic

Le retour de Renault est pour l'heure une entreprise toute de calcul commercial, loin du roman de ses épopées glorieuses. Depuis la présentation de son programme de compétition, le 3 février dernier dans son quartier général de Guyancourt, le Losange s'évertue à booster la publicité de son retour comme constructeur en Championnat du monde. Au sens défini par la FIA : non pas comme géant de l'industrie présent comme motoriste en F1, mais bien comme fabriquant de châssis en grand prix.
Dans les Yvelines, on a donc appris que le prix de la montée en régime de motoriste à constructeur était de 300 millions d'euros annuels et que le P-DG, Carlos Ghosn, avait lancé ses président et directeur général de la branche F1, Jérôme Stoll et Cyril Abiteboul, dans une course hardie à la notoriété et à l'identification de sa gamme de routières sportives RS. Un curieux procédé en vérité, révélateur d'une ambition ravageuse. Car d'habitude, une équipe s'engage dans la conquête des avant-postes avant de se demander comment tirer la meilleure publicité de ses résultats. Parfois, cela prend des années...

Une déco dans le rétro

Pour Renault, qui renaît de ses cendres dans sa base "châssis" anglaise d'Enstone tel le Phénix à travers son ancienne équipe vendue puis rachetée à Lotus, ça ressemble plus à un faux-fuyant. Carlos Ghosn a assuré qu'il est impossible d'exister au plan médiatique et de développer une notoriété sans faire de podiums. Mais Cyril Abiteboul, en parfait homme de marketing, ne l'entend pas ainsi et continue d'avancer sur le terrain de l'identification. En s'appuyant sur… le passé ; les origines, mêmes. En effet, on a eu droit mercredi à la livrée véritable de la RS16, en préambule au Grand Prix d'Australie. Jaune comme la première "théière" moquée par des Britanniques à force de casser des turbo révolutionnaires en 1977.
Kevin Magnussen (Renault) au Grand Prix d'Australie 2016
Ce jaune est une surprise car s'il a une valeur identitaire et historique, il est plutôt visuellement incommode. Il a d'ailleurs été édulcoré par rapport à la version des bolides de route labélisés RS pour mieux passer à la télé, par tout temps. Y compris sous les spots de Singapour. En vérité, on peut se demander raisonnablement s'il résistera au-delà de 2016. Il reste une pure opération de com, et si l'on se fie aux livrées des machines au Losange dans années 2000, on peut penser que Renault "vendra" sa déco au plus offrant, comme Mild Seven et ING. Sans sponsor titre en 2010 après le scandale du GP de Singapour 2008 (ndlr : le crash volontaire de Nelson Piquet pour favoriser la victoire de son leader Fernando Alonso), Renault en était justement revenu à la parure jaune moutarde de 1977 avant de déguiser sa machine 2011 en Lotus noire et or des années 70 et 80.
Dans tout ça, Renault a peut-être raté l'occasion d'en revenir à la seule livrée la plus populaire qui a fait rêver : celle des années Prost. Du jaune pour la marque avec aussi un noir et un blanc "sport" très pratique pour satisfaire les besoins d'affichage des divers sponsors. Car il serait étonnant que l'équipe puisse imposer son total look comme seul Ferrari est capable de le faire pour perpétuer son ADN. Construire une histoire, c'est aussi établir un fil conducteur.

Magnussen et Palmer, en attendant mieux

Le reste ? Ce n'est pas la peine d'en parler sauf à ne rien attendre d'une équipe en reconstruction, de la même façon qu'elle l'avait été en 2001 au rachat de l'écurie Benetton et à la prise de possession de ses locaux à Enstone. A l'époque aussi, le moteur (à 110°) était un vrai problème mais les pilotes ressemblaient quand même à autre chose avec Jenson Button et Jarno Trulli. Et un Fernando Alonso en patient essayeur.
Pour cette saison, Kevin Magnussen avait surtout le mérite d'être le meilleur pilote libre et Frédéric Vasseur, le directeur de la Compétition, est un peu difficile de suivre lorsqu'il affirme que le Danois a une tête de futur champion du monde. Il était au moins l'un des deux pilotes titulaires de McLaren à Melbourne en 2015 et devrait assurer un minimum le premier week-end. Pour la place d'arrivée, les points annoncés comme un objectif cette saison ne sont sans doute pas dans ses cordes illico. Quant à Jolyon Palmer, un autre junior d'ancien pilote de Formule 1 sans envergure, il avait déjà été signé au rachat de l'équipe. Ils ne sont là que pour la transition. Avec les talents comme Nico Hülkenberg (Force India) et Valtteri Bottas (Williams) à la recherche d'un contrat "usine", les lignes devraient vite bouger.
Pour tout dire, il faut considérer les changements importants de règlement (aéro, pneus, etc) prévus à l'horizon 2017 pour comprendre que Renault ne s'acharnera pas non plus sur la RS16 (sans doute pas au-delà de l'été). Dans tout ça, Renault devrait surtout communiquer sur son moteur RE16 gage de progrès. Il a d'ailleurs été présenté dans une version plus puissante et plus fiable à Melbourne par rapport aux essais de pré-saison.
Kevin Magnussen (Renault) en tests à Montmelo
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