La grâce Arakawa

Il ne lui manquait qu'un titre. Celui récompensant la meilleure patineuse lors de Jeux Olympiques. Irina Slutskaya ne le décrochera probablement jamais. La Russe, deuxième après le programme court, n'a pu terminer qu'à une décevante troisième place après le libre. L'or olympique est allé à la Japonaise Shizuka Arakawa tandis que l'Américaine Sasha Cohen s'est parée de la médaille d'argent, malgré deux grosses chutes.

Première à l'issue du programme court, Cohen s'élance en deuxième position dans le dernier groupe. Inconfortable comme situation puisque sa plus grande rivale, Irina Slutskaya, foulera la glace en dernière. Sur son premier triple Lutz, l'Américaine chute lourdement. Puis récidive sur le suivant. Sur un programme long de quatre minutes et trente secondes, commencer par une chute est parfois moins préjudiciable que de le terminer ainsi. Cohen se reprend. Enchaîne les petits pas et autres pirouettes rapides. Un triple Lutz suivi de deux triples Salchow passent mais le mal est fait. Néanmoins, elle ne désunie pas. Sa grâce plaît. Au public mais également aux juges. Sasha Cohen le sait. Malgré ses deux grosses fautes, elle se classe en tête du classement provisoire avec un bon score (183.36).

La Japonaise Shizuka Arakawa, championne du monde 2004, est la suivante à fouler la glace. Sa prestation est solide. Sans risque démesuré. Avec même un peu de retenue. Deux triple-sauts sont remplacés par des doubles mais aucune chute ne vient pénaliser la Nippone. Techniquement, il n'y a rien à dire mais artistiquement, Arakawa semble légèrement en-dessous de Sasha Cohen. Deux chutes séparent néanmoins les deux patineuses et au classement, ça se voit rapidement : la Japonaise prend le commandement avec un total de 191.34 points. De quoi voir venir avant le passage des trois dernières concurrentes.

Sa compatriote Fumie Suguri ne vient pas l'inquiéter mais son nom est à retenir tant cette jeune Japonaise semble pétrie de talent. La vice championne des Etats-Unis, Kimmie Meissner (17 ans) ne vient pas perturber la hiérarchie non plus. Dernière à s'élancer, la Russe Irina Slutskaya sait que c'est une chance pour elle de patiner à ce moment-là. Elle sait aussi ce qu'elle doit faire pour oublier la terrible désillusion de Salt Lake City (elle avait manqué l'or d'un rien). Le titre olympique est le seul qui manque à la quintuple championne d'Europe et double championne du monde. Sur les deux grosses difficultés (deux triples Flip), la Russe transforme le premier en double et chute lourdement sur le second. Ses rêves d'or olympique s'envolent mais Slutskaya poursuite son programme. La fin de son libre est solide et sans bavure.

Dans la zone "Kiss and Cry", le couperet tombe. Comme les notes de la Moscovite d'ailleurs. La Russe ne décroche que le bronze (181.44), bien loin de la Japonaise. Dans quatre ans, pour les prochains Jeux de Vancouver, Slutskaya aura 31 ans. Après l'argent de Salt Lake City et le bronze de Turin, il y a donc peu de chances de voir la Russe remporter l'or un jour.