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Julien Gaignard, l'agent

Julien Tissot

Publié 11/06/2015 à 14:56 GMT+2

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Eurosport

Crédit: Eurosport

C’est un homme de l’ombre qui souvent s’exprime peu. Julien Gaignard, agent de joueurs au sein d'AcesGroup a accepté de répondre à nos questions. Il nous parle du marché du poker et du contexte difficile de ces derniers mois.
Comment pourrais-tu définir ton métier ?Mon métier consiste à gérer la carrière professionnelle d'un joueur de poker. A l'instar d'un agent de football ou d'un autre sport, je suis là pour trouver un sponsor à mes joueurs. Mais là où ma fonction va plus loin, c'est qu'elle s'apparente également à celle d'un impresario et d'un team manager. Je m'explique. Via l'agence, nous (Julien Di Pace, créateur d'AcesGroup et moi même) offrons aux joueurs de gérer leur image et leur communication. Nous avons pour mission de faire en sorte qu'ils deviennent inévitables. Ils doivent être incontournables dans le paysage du poker français. C'est pour cela que nous mettons par exemple en avant toutes leurs performances live et online. Ensuite, là où ma mission se rapproche de celle d'un Team Manager, vient du fait que nous ne recrutons que des joueurs, qui ont un gros potentiel cela va de soit, mais surtout qui partagent nos valeurs. Nous cherchons à créer un groupe de joueurs qui s'entendent afin de créer un esprit d'équipe. Le but n'est pas de créer de rivalités entre eux, bien au contraire. L'intérêt c'est qu'une certaine émulation ressorte. C'est pour cela que nous essayons de nous voir tous ensemble le plus souvent possible, ou que nous possédons par exemple un chat skype commun sur lequel nous nous parlons tous les jours. Mon but est de faire en sorte que mes joueurs puissent pratiquer leur métier/passion dans les meilleures conditions possibles.
Comment est née ta passion pour le poker et l'envie d'en faire ton métier ?J'ai découvert le poker comme tout le monde avec les émissions de Bruel sur Canal Plus à l'époque. Puis, je me suis mis à jouer avec des amis, et sur internet. Après mon stage de fin d'année en journalisme, la femme d'un ancien collègue m'a dit que ClubPoker recherchait quelqu'un. Je me suis dit que cela pouvait être un bon moyen de coupler travail et plaisir, et en plus cela se rapprochait de mon domaine de prédilection : le sport. L'entretien a été positif et c'est ainsi que je suis rentré dans l'industrie du poker.
Quels sont les joueurs et joueuses que tu représentes ?L'agence pour laquelle je travaille, AcesGroup, représente 18 joueurs dont 3 joueuses :Julie Monsacré, Aurélie Quelain, Lucille Cailly, Laurent Gauter, Alexandre Réard, Flavien Guenan, Stephan Gerin, Léo Truche, Mikael Fisbein, Quentin Lecomte, Ronan Monfort, Ronan Collet, Valentin Messina, Mario Cordero, Franck Kalfon, Antonio Guerrero, Nicolas Faure et Stéphane Bénadiba.
Quelles sont tes relations avec les rooms ?Mes relations avec les rooms sont très bonnes. Comme je te le disais précédemment j'ai commencé en tant que journaliste poker, et j'ai eu la chance de parcourir le circuit pendant 3 ans avant de commencer mon métier d'agent. J'ai donc eu l'opportunité de me créer un carnet d'adresses conséquent, et surtout de tisser de nombreux liens avec les différents acteurs du secteur.
Que penses-tu de l'état du marché ?On ne va pas se mentir, le marché français n'est pas au mieux. De nombreuses rooms font face à de gros problèmes financiers. Certaines sont même obligées de mettre la clé sous la porte. De plus, la situation fiscale en France que se soit aussi bien vis à vis des joueurs que des opérateurs, n'aide en rien. Le marché n'a toujours pas réussi à se relever du confinement franco-français. Mais je fais partie des optimistes qui pense que la courbe va se redresser et que nous allons réussir à retourner vers l'âge d'or que nous avons connu au début. Mais cela dépendra vraiment des décisions que prendra l’État via son organisme de régulation. Ce qui est sur c'est qu'un regroupement entre différents pays européens pourrait être une vraie lueur d'espoir.La bonne nouvelle tout de même est la bonne santé du poker live. Certes sur quelques tournois l'affluence est en baisse, mais quand on voit un tournoi comme le FPS réunir plus de 800 joueurs à Paris, cela donne bon espoir pour l'avenir du poker.
Les contrats de sponsoring sont de plus en plus rares et courts, cela complique-t-il ta tâche ?Comme je te l'expliquais juste au dessus, le marché online n'est pas au mieux donc forcément les contrats se font moins nombreux, ce qui complique mon métier d'agent. Mais la difficulté ne nous fait pas peur chez AcesGroup, et ce n'est pas parce qu'il y a moins de contrats qu'il n'y a plus d'opportunité. La preuve cette année trois de nos joueurs ont trouvé un contrat : Lucille chez IveyPoker, Quentin chez Unibet, et Ronan qui vient de prolonger chez PokerStars avec un nouveau statut de Team Online.Après comme nous l'avons toujours dit au sein de l'agence, nous sommes persuadés que l'avenir du sponsoring réside dans le fait d'attirer des marques hors poker. Nous considérons le poker comme un sport, et comme tout sport les grandes marques doivent s'y intéresser. Tant que le poker restera confiné à des marques poker, le sponsoring et les revenus publicitaires n'évolueront pas. C'est pour cela que nous avons fait de cette recherche de sponsors extérieurs notre priorité numéro 1.
As-tu des concurrents ?A l'époque, il y avait trois agences de joueurs de poker en France. Désormais nous ne sommes plus que deux. Mais il n'y a jamais eu d'esprit de compétition entre nous. Nous nous connaissons tous et entretenons de bonnes relations. Forcément ils nous arrivent d'être concurrents quand une place dans une team se libère, mais cela se fait toujours dans un bon esprit. On se respecte vraiment, et il y a de toute façon de la place pour tout le monde. Une seule agence ne peut pas s'occuper de tous les joueurs français. Si on prend l'exemple du sport, il n'y a pas qu'un seul agent de joueurs dans le football. Donc il n'y a pas de raison que ce soit différent dans le poker.
Quels sont les joueurs qui t'impressionnent le plus en ce moment ?Je pourrais te faire une réponse très corporate en te disant que les deux petits génies Quentin et Flavien sont impressionnants, qu'Alexandre Réard crush constamment l'ACF en ce moment, que le petit nouveau de l'agence Nicolas Faure revient à fond sur le devant de la scène avec sa victoire sur le HighRoller du Barriere Deepstack, que Franck Kalfon a signé de très beaux Hold'em Series avec deux podiums, que Ronan a réalisé une très belle année justement récompensée par sa reconduction ou encore que nos 3 joueuses sont ce qui se fait de mieux au niveau du poker féminin français. Mais pour être plus neutre, au niveau français, j'ai été assez impressionné par le niveau de jeu de Paul-François Tedeschi cette année. Sa technique est très bonne mais surtout sa tenue de table est impressionnante en dépit de son jeune âge. Au niveau international, Davidi Kitai reste pour moi au sommet de la hiérarchie. Comment ne pas être également impressionné par un joueur comme Philipp Gruissem qui crush tous les HighRoller du circuit. Après la liste pourrait être longue mais ce sont vraiment ceux qui m'ont marqué cette année.
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