Chamagne, "un second père"

Cela faisait un moment qu'il n'était plus vraiment dans l'ombre de Gaël Monfils. Patrick Chamagne est désormais sous le feux des projecteurs pour de bon. A tour de rôle homme de confiance, préparateur physique, conseiller, psychologue, ami... ce proche du N.1 français avait un peu toutes les casquettes. Sauf celle d'entraîneur, poste tenu jusque là par Roger Rasheed depuis trois saisons. Ce week-end en Allemagne, le joueur tricolore a tenu à changer les choses de façon aussi officielle qu'abrupte. "Avec Roger, on était arrivés à la fin d'une belle histoire, raconte Gaël Monfils dans le journal L'Equipe. Depuis Wimbledon, il y a eu de petites tensions, des choses banales, comme dans un couple. Je me suis donné le temps de réfléchir."

De ce couple à trois, Roger Rasheed a été débarqué sur la volonté du Français, sans préciser si l'Australien avait posé lui-même un ultimatum. "C'est moi qui ai impulsé la décision et qui arrête avec lui, confirme Monfils. Roger reste mon ami. Je lui suis très reconnaissant. Il m'a appris plein de choses. C'est un grand professionnel." En juillet 2008, Gaël était entre la 31e et la 39e place mondiale. Il le quitte au 7e rang, son meilleur classement en carrière, mais avec deux titres ATP de plus (Metz 2009 et Montpellier 2010) en huit finales jouées, dont le Masters 1000 de Paris-Bercy. "Il faut arrêter de faire croire que du temps de Roger je n'intervenais pas sur le jeu de Gaël, tient à préciser Chamagne. Quand Roger était son coach, il a gagné deux tournois, dont un à Metz quand j'étais tout seul avec lui. L'an dernier, ici à Stuttgart, quand il va en finale, c'est avec moi."

Le choix de se faire entraîner par Patrick Chamagne, au C.V. peu fourni en la matière, peut tout de même laisse perplexe. "Pat connaissait très bien le tennis avant d'être avec moi, intervient Monfils pour défendre le sixième coach officiel de sa carrière. La plupart des gens du milieu le prennent pour une bille. Depuis que j'ai parlé de cette idée, Pat a pris de sales réflexions." "De toute façon, il ne faut pas surestimer le rôle du coach", relativise Chamagne. "Mon rôle sera de lui mettre un sourire sur le visage tous les jours." "Patrick est un second père, oui. Mais ça ne l'empêche pas de m'en mettre plein la gueule quand je déconne. L'an dernier, il m'a pourri après ma défaite à Cincinnati contre Falla."

Pour Henri Leconte, qui connaît bien Patrick Chamagne, ce choix reste crédible et positif. "Il faut savoir qu'avant leur annonce c'est Patrick qui s'occupait de tout pour Gaël. C'est un préparateur physique qui est très droit. Il a une grande force de caractère et une bonne psychologie, surtout pour s'occuper d'un oiseau si particulier comme Monfils. Il m'a été d'une grande aide en 1991 pour me remettre d'aplomb avant de jouer la finale de Coupe Davis à Lyon. Il a une grande expérience pour permettre au joueur de se surpasser. Et je pense que cela servira à Gaël."

Fort de sa nouvelle étiquette, Chamagne annonce la couleur d'ici la fin de saison : "Nous avons l'ambition qu'il se qualifie en Masters Cup. (...) Il n'y a qu'un seul Nadal, mais je pense que Gaël a un plus grand potentiel que Nadal. A nous de faire qu'il l'exploite à fond." Leur aventure débutera donc à Stuttgart, sur le tournoi de terre battue où Monfils est inscrit la semaine prochaine. Finaliste l'an passé, le 7e mondial affrontera le Roumain Victor Hanescu au 1er tour. De son côté, Roger Rasheed a déjà trouvé une nouvelle idylle ailleurs. Il s'est engagé avec Andy Murray qui cherchait toujours un entraîneur depuis la fin de ses collaborations avec Miles Maclagan et Alex Corretja. Lui non plus ne mettra pas très longtemps à tourner la page.