Solberg tient tête

Champion du monde en titre, Petter Solberg vire donc en tête à l'issue de la première étape aux Antipodes. Mais le Norvégien se trouve néanmoins sous la menace des Peugeot 307 des Finlandais Harri Rovanperä et Marcus Grönholm. De la Ford Focus de l'Estonien Markko Martin également. Sans un tonneau dans le dernier virage juste avant l'arrivée de l'ES6, là-même où plus tôt dans la matinée il avait été crédité du meilleur temps ex aequo avec Solberg, Grönholm aurait d'ailleurs viré en tête. Mais...

"L'an dernier, on était passés à cet endroit sur deux roues , confiait le copilote Timo Rautiainen. J'avais dit à Marcus: un jour ça ne passera pas. Vendredi, ça n'est pas passé..." Voiture chiffonnée, les mécaniciens allaient devoir réaliser un exploit pour remettre à neuf la 307. Deux portes, capot moteur, radiateur et phares à changer, ailes avant et arrière à redresser, liquide à remettre: tout était en état de marche en moins de vingt minutes, temps imparti pour l'assistance au parc de Paparoa, à 150 km au nord d'Auckland.

Avant de glisser sa grande carcasse dans la voiture pour le long chemin menant à Manukau, les deux dernières super-spéciales du jour, Grönholm, large sourire aux lèvres, applaudissait son équipe de mécaniciens, imité immédiatement par la foule massée aux abords de l'aire Peugeot. Les hommes en rouge méritaient bien cet hommage pour ce ballet réglé au millimètre, à la seconde, autour d'une 307 en piteux état bientôt transformée en véhicule quasiment neuf. Comme par enchantement, d'un coup de baguette magique.

En dépit d'une grosse trentaine de secondes perdues par le Finlandais, de la frayeur engendrée par ce tonneau, la bonne humeur régnait dans le clan Peugeot. Cette journée venait de confirmer l'exceptionnel potentiel de la dernière née du constructeur français, une efficacité redoutable matérialisée par un doublé dans une spéciale, l'ES7, la plus longue du rallye, le premier depuis la mise en service de cette 307 CC WRC au Monte-Carlo fin janvier.

Avec un deuxième scratch consécutif, Harri Rovanperä avait même pris l'espace d'un instant les commandes devant Solberg pour une petite seconde. Avant que ce dernier ne reprenne la tête au terme des super-spéciales du soir. "C'est un formidable sentiment de se retrouver à nouveau en tête d'un rallye. La confiance revient. Mais il reste du chemin à faire", confiait cependant Rovanperä.

L'ambiance était un peu moins enjouée chez le cousin Citroën. Loeb avait eu à souffrir de sa position sur la route, son rôle d'ouvreur, de "balayeur". Carlos Sainz, pour sa part, s'était retrouvé aux prises avec des problèmes de freins. Une journée difficile pour les deux hommes qui avaient concédé de grosses poignées de secondes. Si l'évolution 2004 de la Xsara ne connaissait pas un début en fanfare, la "nouvelle" Ford Focus s'en sortait mieux, en dépit des mauvais choix de pneus de Martin, de l'inexpérience de François Duval, néanmoins sixième entre les deux Citroën.