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MONDIAUX EUGENE 2022 - Quatre records du monde en 13 mois : McLaughlin, une fusée sans limites sur 400m haies

Maxime Ducher

Mis à jour 23/07/2022 à 11:01 GMT+2

MONDIAUX EUGENE 2022 - Un 400m haies pour l’histoire. Un de plus pour Sydney McLaughlin. A 22 ans, l’Américaine a repoussé les limites du réel, samedi, en remportant la finale des Mondiaux d’Eugene en 50”68, soit 7 dixièmes de moins que son précédent record du monde. Auparavant, elle avait déjà effacé la meilleure perf’ mondiale par trois fois en à peine plus d’un an. Géant.

JO de Tokyo - Course haletante et record du monde explosé : revivez la finale du 400m haies

Certains records sont faits pour durer. Les 100m d’Usain Bolt et de Florence Griffith-Joyner sont de cette trempe, même si leurs marques historiques ne sont plus si loin qu’auparavant, (mais c’est une autre histoire). D’autres en revanche sont de matière à évoluer bien plus fréquemment, car des athlètes venus d’une autre dimension s’en emparent.
Sydney McLaughlin s’est attaquée à la deuxième catégorie. Samedi à Eugene, la native du New Jersey a pulvérisé son propre record du monde de sept dixièmes, un saut chronométrique monumental pour passer sous la barre des 51 secondes (50”68). "C'est irréel", a-t-elle réagi à même la piste du Hayward Field. "J'ai couru à fond, évidemment ça fait mal", a-t-elle ajouté.
"C'est la meilleure performance que j'aie jamais vue", s'est enthousiasmé le double champion du monde du décathlon (2009 et 2011) américain Trey Hardee. "Ca remplace le 800m de (David) Rudisha en finale olympique à Londres (en 2012). Ce n'est que le début pour ‘Syd’." Qui pouvait penser que l’on puisse trouver plus impressionnant encore que les 45”94 de Karsten Warholm lors des derniers Jeux Olympiques ? Personne avant un long moment, et pourtant c’est chose faite.
Je ne peux pas qualifier cette course de parfaite
Si l’histoire de McLaughlin s’est écrite en plusieurs étapes, il ne lui a fallu qu’à peine plus d'un an pour en rédiger l’immense majorité. En juin 2021, la jeune Américaine, alors tout juste majeure (21 ans), se présentait sur la piste emblématique d’Eugene (Oregon), la même que ces Mondiaux, dans le cadre des sélections olympiques américaines. Un 400m haies plus tard, un premier chapitre s’écrivait. Pour la première fois de l’histoire, une femme passait sous la barre symbolique des 52 secondes (51”90).
Un exploit phénoménal, surtout à un si jeune âge, qui a laissé l’ancienne détentrice de ce record du monde Dalilah Muhammad (52”16) loin derrière elle. Pour un début de carrière, difficile de taper plus fort. Mais McLaughlin a en réalité peut-être déjà tout d’une légende. Trois mois plus tard, la hurdleuse donne un nouveau coup de griffe : près d’une demi-seconde de moins à son propre record et un nouveau chrono de 51”46 ! Qui plus est en finale des Jeux Olympiques de Tokyo.

Eugene, terre sacrée

L’instant est immense, le cadre glorieux, et la performance enivrante. Mais l’Américaine ne semble jamais rassasiée et remet le couvert en juin dernier avec un troisième record du monde d’affilée (51”41), une nouvelle fois à… Eugene, son temple sacré, lors des championnats des Etats-Unis. Ce n’était alors qu’une répétition générale pour le feu d’artifice qui s'apprêtait à être tiré dans une compétition encore bien plus prestigieuse, les championnats du monde.
“Par rapport à mon record du monde établi en juin (déjà au Hayward field d’Eugene), je savais que cette course serait encore plus propice à un meilleur temps, car en finale des Mondiaux il y a plus de pression. Et j'ai toujours eu une relation incroyable avec le Hayward field, un endroit où j'ai toujours bien couru”, a témoigné la hurdleuse.
J'étais dans une sorte de ‘zone’, j'avais juste à appliquer ce que j'ai appris à l'entraînement
Nouveau tour de piste, nouvelle barre symbolique, celle des 51 secondes. En 13 mois et quatre records du monde, Sydney McLaughlin a donc abaissé la marque de près d’une seconde et demi (de 52”16 à 50”68). Un gouffre stratosphérique. Et elle n’a que 22 ans… Et pourtant : “Je ne peux pas qualifier cette course de parfaite", a lancé la nouvelle championne du monde.
“J'étais dans une sorte de ‘zone’, j'avais juste à appliquer ce que j'ai appris à l'entraînement, sans même y penser, juste à laisser faire les choses, avec ce talent que Dieu m'a donné. Le plus important pour moi était de le faire devant les fans et ma famille, un an après Tokyo où il n'y avait personne", a-t-elle résumé.

Bientôt sur 400m, voire 110m haies ?

Si elle évoque Dieu dans sa réponse, c’est que Sydney McLaughlin accorde une grande importance à la religion dans sa vie : “D'abord c'est ma foi qui m'aide. Ce n'est pas à propos de moi, on m'a donné un talent et une plateforme, mais je ne cours pas pour ma gloire personnelle”, a-t-elle répondu à une question faisant référence à la pression qu’elle subissait depuis ses 17 ans, moment où elle a participé à sa première demi-finale olympique. Ensuite je suis parfaitement entourée par des gens qui me laissent dans le bon chemin. Et enfin c'est moi-même, je limite la pression que je m'applique, je vais peu sur les réseaux sociaux, je me protège."
Le ciel est la limite
Quelle est donc la suite pour celle qui a marqué de son empreinte l’histoire de l’athlétisme à l’instar d’un Warholm ou d’une Rojas ? “Il y a toujours de la place pour faire mieux. Je ne peux pas qualifier cette course de parfaite, j'ai fait des erreurs techniques”, a-t-elle analysé. La barre peut donc encore être abaissée à en croire la principale intéressée.
Mais désormais la hurdleuse voit plus loin, et plus plat. Grâce à son chrono de 50”68, Sydney McLaughlin aurait en effet obtenu la 7e place de la finale des Mondiaux sur le 400m. C’est dire la performance encore une fois. “On a aussi discuté avec mon entraîneur Bobby (Bob Kersee, NDLR) de l'opportunité de changer de discipline. Je ne sais pas si ça arrivera, je vais déjà courir quelques meetings et profiter de la fin de saison. Pourquoi pas essayer le 400m plat ou le 100m haies ? Bobby, qui a toujours de nouvelles idées, parle aussi de doubler (le 400m haies avec une autre discipline). On verra." Avant de conclure : “Le ciel est la limite.”
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