NBA – A l’occasion du NBA Paris Game entre les Nets et les Cavaliers, la Ligue prend ses marques en France et en Europe

NBA is in town. Ce jeudi, les Brooklyn Nets et les Cleveland Cavaliers s’affrontent à l’Accor Arena de Paris-Bercy. Donovan Mitchell, Denis Smith Jr, Mikal Bridges, Jarrett Allen et tous les autres vont pouvoir assurer le show. Fixés à des prix variant de 65 à 1875 euros, les 15 000 sièges de l’enceinte ont presque tous trouvé un occupant dès l’ouverture de la billetterie – pas étonnant, quand 50 000 connexions sont recensées dès les premières minutes de la mise en vente.

Tant pis si la rencontre n’a rien d’un choc au sommet, puisque les deux franchises balbutient leur basket depuis le début de la saison régulière, et ferraillent pour accrocher une place en play-offs. Elle constitue le point culminant d’une délocalisation brillamment orchestrée par la National Basketball Association, qui a tout mis en place pour que ce match finalement quelconque sportivement se transforme en un pur morceau d’Amérique.

"Quand la Ligue se déplace, elle n’amène pas uniquement un match, décrypte Bastien Fontanieu, cofondateur de Trashtalk, l’un des médias français les plus connus couvrant la NBA. Elle amène aussi toute la culture américaine." C’est pour cela que ce mercredi soir, au théâtre du Châtelet, un hommage symphonique à l’initiative des Brooklyn Nets a été rendu à Notorious B.I.G., le plus iconique des rappeurs issus du célèbre quartier new-yorkais.

C’est aussi pour cela que l’espace d’une semaine, une "Brooklyn Nets Pizzeria" a ouvert ses portes dans le 11e arrondissement de la capitale. C’est aussi pour cela que du mercredi 10 au samedi 13 janvier, une "NBA House" spécialement conçue pour l’occasion a accueilli les fans de la Ligue au Carreau du Temple, dans le 3e arrondissement. "La NBA crée un lieu où ses fans peuvent se retrouver, où ils vont trouver des produits, des animations, des joueurs qui vont passer (Tony Parker ou Ian Mahinmi, entre autres, ndlr)", décrit Bastien Fontanieu.

Lui aussi prend part à la fête ; avec le célèbre streamer Domingo, suivi par plus d’un million et demi de personnes sur Twitch, il s’apprête à animer un live mercredi après-midi sur place, organisé par la NBA elle-même. Pendant trois heures, les deux hommes enchaînent les activités en direct. La réussite est double : "A la fois, la communauté basket qui suit Trashtalk est hyper contente de profiter d’un événement cool. Et en même temps, un public hyper large comme celui de Domingo est sensibilisé à la culture basket." Là tient toute la gymnastique de la NBA loin de ses terres : verrouiller un marché déjà porteur en venant à sa rencontre, et se développer en allant chercher un nouveau public.

"La NBA est certes une ligue de basket, mais c’est aussi une entreprise, une marque, un produit qui doit s’exporter et qui s’exporte très bien, abonde Bastien Fontanieu. Elle ressemble plus à Apple qu’autre chose." Son fonctionnement même de ligue fermée pousse ses acteurs à travailler et à croître ensemble, à la différence d’autres compétitions sportives, qui profitent de l’aura de certains géants. "Le fait que les propriétaires des franchises dirigent ensemble la Ligue (ils composent le conseil d’administration de la NBA, ndlr) rend le championnat particulier. Tout le monde profite de la dynamique", complète Pierre Rondeau, économiste du sport et codirecteur de l’Observatoire du sport.

Comme c’est apprécié sur les parquets de NBA, bombons donc un peu le torse : c'est la troisième fois en cinq ans que la Ligue jette ainsi son dévolu sur Paris, pour poser ses valises hors des Etats-Unis. En fait, depuis son retour en janvier 2020 avec un match entre les Milwaukee Bucks et les Charlotte Hornets, seuls la France et le Mexique ont eu l’honneur d’accueillir une rencontre de saison régulière de NBA. Un choix qui ne laisse rien au hasard, puisque les aventures qui font dépasser aux franchises les frontières nord-américaines se chiffrent au compte-gouttes.

Les fans français peuvent même se réjouir d’avance, puisque le patron Adam Silver a annoncé mercredi devant les journalistes qu’en 2025, Paris recevrait très probablement une rencontre. Avec, bien entendu, les Spurs de Victor Wembanyama, si tout se déroule comme prévu. L’accueil fantasmagorique qu’a reçu outre-Atlantique le numéro 1 de la dernière draft constitue le meilleur symbole de la belle relation qu’entretiennent la NBA et la France. D’un côté, il n’y a jamais eu autant de joueurs français en NBA (14, ce qui en fait le troisième plus gros pourvoyeur de joueurs derrière les Etats-Unis et le Canada) ; de l’autre, la Ligue a fait de l’Hexagone son plus gros marché européen.

En 2021, c’est en France que la NBA a écoulé le plus de produits dérivés sur le continent ; c’est en France que ses comptes YouTube et Instagram étaient les plus suivis. Pas très étonnant, donc, d’entendre le commissionnaire de la NBA Adam Silver dévoiler les plans d’un accord bipartite entre la Ligue et la France, ce mercredi. Un accord prévoyant notamment la création d’une ligue "Jr. NBA" à Paris, ou la diffusion d’un match de Betclic Elite par semaine sur la plateforme de diffusion officielle du championnat américain. A Paris comme à Los Angeles, à Mexico comme à New York, à Abu Dhabi – là où la NBA est allée disputer quelques matches de présaison – comme partout ailleurs, un mantra reste un mantra : business is business.