NBA - Zion Williamson (New Orleans Pelicans), le prophète oublié qui peut retourner la ligue

C’est une torpille de 130 kilos qui passe sous les radars. La bombe Zion Williamson s’apprête à frapper la Conférence Ouest des Etats-Unis sans que personne ne semble s’en soucier. Les New Orleans Pelicans et sa superstar avancent cachés, avec un statut d’outsiders qui leur est à peine reconnu alors que cette équipe est l’une des meilleures dans sa moitié du pays depuis quelques mois.

Si la franchise de Louisiane est moins souvent médiatisée que d’autres formations moins bien classées comme les Phoenix Suns, les Dallas Mavericks, les Los Angeles Lakers ou les Golden State Warriors, c’est d’abord parce que la cote de popularité de Williamson est descendue à vitesse vertigineuse. La faute à des blessures à répétition. Les absents finissent par être oubliés. Et il a été très souvent forfait.

L’intérieur All-Star de 23 ans – dix-huit mois de moins que Luka Doncic et deux ans d’écart avec Shai Gilgeous-Alexander – n’a disputé que 114 matches sur 308 possibles au cours de ses quatre premières saisons dans la ligue. Forcément, ça n’incite pas à l’optimisme. La "hype" autour des Pelicans a fini par s’estomper, et ce malgré une campagne de playoffs courageuse en 2022… évidemment sans Zion.

Mais New Orleans reste une équipe très excitante et surtout terrifiante quand il est là, ce qui est arrivé trop peu souvent pour que ce soit suffisamment ancré dans les esprits de tout le monde. Elle a par exemple gagné 20 de ses 32 matches en 2024, avec un différentiel de +7 sur 100 possessions. Le meilleur à l’Ouest et le troisième de la ligue derrière Boston et Cleveland sur la même période. Les Pelicans sont classés dans le top-5 des attaques les plus prolifiques et dans le top-5 des défenses les plus solides depuis le réveillon du nouvel an. C’est la marque des candidats au titre.

Ça commence avec Zion Williamson, même si ça ne se ressent pas forcément en lisant les chiffres. Ses statistiques sont moins impressionnantes que par le passé par exemple. Il tourne à un peu plus de 22 points par match, avec moins de 6 rebonds, alors qu’il en collait autour des 27 lors des deux saisons précédentes. 22 points, ça peut presque sembler banal dans une NBA de plus en plus portée sur l’attaque avec des superstars qui enchaînent régulièrement les cartons et les triple-doubles.

Mais avec lui, il faut voir pour comprendre. Sa relation avec Brandon Ingram – dont les moyennes sont aussi en baisse – est nettement meilleure sur le terrain. Chacun score moins mais tout en faisant plus pour l’équipe. L’impression visuelle dégagée par Williamson est aussi très encourageante. Il n’a pas retrouvé toute son explosivité, et ce ne sera sans doute jamais complètement le cas, mais il se rapproche de l’état de facilité déconcertante qui était le sien à la fac ou à ses premiers pas chez les pros.

Le meilleur exemple, c’est les contres. Il a quasiment triplé sa moyenne (de 0,5 à 1,2 par soir) de blocks depuis le break du All-Star Weekend. Il est même à 1,4 sur 5 matches en mars. Ses genoux le laissent enfin un peu tranquille et il peut à nouveau décoller du sol. Et un Zion Williamson aérien est un Zion Williamson quasiment inarrêtable. Peu importe qu’il ne rentre pas ses tirs extérieurs, qu’il ne prend même pas d’ailleurs, puisque personne n’arrive à le ralentir une fois lancé. Il est l’un de ses rares athlètes qui n’a même pas vraiment besoin d’espaces pour manœuvrer.

La place, il se la créé en déboulant pleine balle dans la raquette. Avec des changements de direction véloces et instinctifs et surtout une capacité exceptionnelle à absorber les contacts pour finir près du cercle quoi qu’il arrive. C’est toujours une force de la nature. Il est un peu moins explosif tout de même, mais c’est presque pour son bien. Cela l’a aussi forcé à débloquer une partie du reste de son jeu, à commencer par le playmaking. Les Pelicans – qui n’ont pas de vrai meneur de métier – le laissent prendre les commandes de l’attaque. Il a atteint ou dépassé 11 fois la barre des 7 passes décisives depuis le premier janvier. Pour 9 victoires de New Orleans.

Cette équipe est dangereuse. Elle est cinquième à l’Ouest et elle s’est un peu détachée du reste de la mêlée. Sauf catastrophe, elle sera qualifiée directement pour les playoffs. Avec une vraie chance de passer un tour, même sans l’avantage du terrain. L’effectif est profond et les Pelicans sont finalement plus expérimentés que le Thunder et n’ont pas grand-chose à envier aux Timberwolves.

Surtout, elle a une superstar pour la guider. Une étiquette presque décollée de Zion alors qu’il a longtemps été perçu comme un talent générationnel. Le prospect le plus suivi depuis des lustres avant l’arrivée de Victor Wembanyama. Le dernier phénomène avant Wembanyama même. Il a depuis été relégué au second rang par beaucoup de jeunes stars mais il reste, en quelque sorte, le vrai espoir de relève des Américains aujourd’hui. C’est ironique qu’il ne figure pas dans la liste des joueurs présélectionnés pour les Jeux Olympiques de 2024.

Il a le talent, le potentiel marketing et le type de jeu dominant pour prendre la ligue à son compte. Il faut juste que son corps tienne le coup… et qu’il en ait envie. C’est le cas cette saison. Préparez-vous pour l’impact, ça va faire mal.