Coupe du monde de biathlon | Au Grand-Bornand, le défi des pensées parasites : "Parfois, en course, je me laisse déborder"

Que se passe-t-il dans la tête des biathlètes lorsqu'ils se retrouvent face aux cibles ? Au Grand-Bornand, nous avons interrogé les Bleus sur leurs astuces pour tenter de se défaire, autant que faire se peut, de ces pensées parasites qui font du biathlon un sport complexe. La méthode parfaite n'existe pas. Mais certains outils peuvent être particulièrement efficaces.

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Elles sont le pire ennemi de biathlètes qui, bien souvent, ne les appellent même pas par leur nom. Les pensées parasites ne pouvaient pourtant pas être mieux qualifiées : elles sont là, prêtes à envahir la tête et l'esprit, et à perturber un effort qui demande une concentration optimale pour envoyer une balle dans une cible de 45* ou 115** millimètres.
S'en débarrasser à jamais est tout bonnement impossible. Parce que l'Homme est ainsi fait et que ces pensées adorent resurgir quand les athlètes les attendent le moins. "À l'entraînement, j'arrive très bien à me concentrer, observe Fabien Claude. Et parfois, en course, je me laisse déborder par tout ce qui peut se passer autour, notamment quand il y a un contexte ou une course particulière, comme ici au Grand-Bornand, avec l'excitation, ce public, etc...".

Recentrage et séquence mentale

C'est l'autre très grand défi de l'arrivée sur le pas de tir. Dans le corps, il faut faire le vide - ou le plein, selon la préférence - d'air. Dans la tête, il faut trouver un juste milieu. "Aujourd'hui, assez peu de personnes peuvent dire : 'je tire sans penser à rien', assure Claude. Personnellement, je sais que si je ne pense à rien, c'est que je manque de concentration."
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"J'ai le secret pour m'en débarrasser, nous assure Éric Perrot avec ironie. Mon astuce, c'est de vraiment vouloir mettre les balles. Ça peut paraître bête dit comme ça, mais quand on est face à la cible, il y a beaucoup de choses qui tournent dans nos têtes. Se remémorer concrètement pourquoi on est là à ce moment précis, ça permet de nous déconnecter de tout : le contexte, le public, ce qui se passe autour...".
Dans le domaine de la préparation mentale, l'outil utilisé par le biathlète de Peisey-Vallandry est une technique de recentrage. Une autre clé, appelée séquence mentale, est également très répandue. "L'idée, c'est de focaliser l'attention sur une routine technique, détaille Fabien Claude. On va bien se concentrer sur la position de la carabine, la visée ou le serrage de la main droite par exemple."
Des fois, on se fait quand même avoir par le jeu
"Elle permet au cerveau de ne pas partir dans tous les sens, confirme Valentin Lejeune. Mais après, on sait aussi que 20 000 personnes vont crier à chaque balle...". "Des fois, on se fait quand même avoir par le jeu", admet Oscar Lombardot. Car la méthode n'est pas infaillible : l'athlète doit aussi s'adapter en tenant compte de certaines variables comme le vent, l'ambiance ou l'imprévu, et ne pas rendre cette routine trop rigide, au risque d'en faire une source de stress.
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"L'idéal, c'est de ne pas rendre la bulle imperméable afin que ça ne devienne pas trop oppressant, et que la bulle se referme sur nous, explique Simon Fourcade, le coach des Bleus. Il faut vraiment réussir à laisser entrer ce qu'il y a de positif, comme ce qui se dégage des tribunes ici au Grand-Bornand." L'équilibre est fragile.
"Il est impossible de faire totalement abstraction du public, en particulier celui-ci [au Grand-Bornand, NDLR], développe Quentin Fillon Maillet. Quand on arrive au pas de tir, il faut se dire : 'il y a les supporters ici, mes adversaires là', essayer de conscientiser. Puis revenir à soi-même et développer tout ce qu'il faut pour faire un beau tir." Et prendre ce temps peut en faire gagner beaucoup.
* Pour le tir couché.
** Pour le tir debout.
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