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Fartage, "fluor ban"... La glisse au cœur des difficultés d'Emilien Jacquelin, Quentin Fillon Maillet et autres Bleus ?

Simon Farvacque

Mis à jour 23/01/2024 à 14:26 GMT+1

Dimanche, Quentin Fillon Maillet a manqué le podium à cause d'un dernier tour cauchemardesque, lors de la mass start d'Anterselva. Comme s'il était collé à la piste. Une désillusion que Loïs Habert décorrèle des problèmes de fartage des Français, qui se murmurent dans le microcosme du biathlon en cette saison (décevante) du "fluor ban". Notre consultant relativise leur potentiel déficit de glisse.

Fillon Maillet, 22e temps du dernier tour à 41"9 : comment le podium lui a échappé

Même Vebjoern Soerum s'est senti "un peu désolé pour lui", quand il a avalé Quentin Fillon Maillet dans le final ce dimanche. Pourtant sorti du pas de tir avec 20 secondes de marge sur Soerum et plus de 30 sur Johannes Dale, "QFM" a vu les deux Norvégiens l'éjecter du podium de la mass start d'Anterselva (4e), à cause d'un dernier tour qui a viré au calvaire, glisse en berne. Le vainqueur du gros globe 2022 a semblé impuissant, malgré son 20/20.
"Il faut appeler un chat un chat, il avait de mauvais skis", a tranché Tarjei Boe (6e), comme rapporté par le média norvégien NRK, qui cite également le vainqueur, Vetle Christiansen : "[Fillon Maillet] disposait d'un moins bon matériel que nous." Au micro de la chaîne L'Equipe, le principal intéressé a fait le même constat : "Pas besoin d'expliquer où je perds le podium, ou peut-être même la victoire (…) C'est sur un point que je ne contrôle pas.
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Course parfaite, mais 4e à l'arrivée : Fillon Maillet impuissant face aux Norvégiens

Ce qu'il s'est passé dimanche est une erreur de fartage (…) pas forcément liée au 'no fluor'
Quentin Fillon Maillet a "senti dès le premier tour que la glisse n'était pas excellente" et l'ultime boucle a donné des airs d'euphémisme à cette alerte : 22e temps de ski à 41"9 de Dale. "Des nations qui se plantent c'est rare, mais ça arrive", estime Loïs Habert. Selon lui, "il faut sans doute remonter à Nove Mesto en 2020, quand Martin Fourcade jouait le dossard jaune face à Johannes Boe", pour trouver trace d'un camouflet similaire en la matière.
Est-ce le point d'exclamation d'un problème profond ? "Il ne faut pas tout confondre, arrête notre consultant. Ce qu'il s'est passé dimanche est une erreur de fartage des techniciens qui ne reflète pas leur niveau général et n'est pas forcément liée au 'no fluor'". Sandrine Bailly a partagé la thèse du "one-shot" durant Chalet Club – "les jours d'avant, ça allait" – et Simon Fourcade, coach de l'équipe de France masculine, a évoqué "un cas isolé".
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Les Norvégiens et les Allemands ont toujours un léger avantage sur nous sur la glisse
Cet acmé des déboires tricolores sur la piste est un miroir grossissant, voire trompeur, de leur ampleur. Toujours est-il que le bannissement du fluor dans les produits de préparation des skis est un des facteurs avancés pour expliquer la terne saison (aucun podium individuel) – unique en ce siècle – que traverse le collectif bleu. "Les Norvégiens et les Allemands ont toujours un léger avantage sur nous sur la glisse", a ainsi déploré Emilien Jacquelin, le 17 décembre.
"Dès le premier tour, je me fais décrocher en arrivant sur le pas de tir alors que je suis à l'aspiration (…) Parfois, c'est comme si vous freiniez en même temps que vous pédaliez", avait-il développé, avant de préciser qu'il ne récitait pas un pamphlet : "Jamais je ne tirerai sur les techniciens. Ils effectuent un travail exemplaire, tous les jours, ils sont sur les skis à partir de 8h du matin. Ils font des bornes et des bornes, presque plus que nous."
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Dernier tir qui relance tout, Jacquelin un peu court, Dale supersonique : le final de la poursuite

Avoir un "coût" d'avance

Pas seulement une mesure de politesse, d'après Loïs Habert, pour qui il est question d'argent et non de compétence. "La Norvège et l'Allemagne ont développé des structures de test, de développement, de chimie, en amont des marques, tandis que la France s'est concentrée sur la relation qu'elle avait avec les marques de fartage, raconte-t-il, concernant l'anticipation du 'fluor ban'. Les Français n'ont pas les moyens de développer de telles structures."
"C'est impossible à quantifier, mais de ce que l'on entend du milieu du biathlon et de ce que je vois : les Norvégiens, en tête, et les Allemands sont un petit cran au-dessus en termes de glisse, en grande partie grâce à ce changement de norme, qu'ils ont mieux négocié", poursuit notre expert, qui n'invalide donc pas l'argument exposé par Jacquelin. En revanche, il le relativise : "On parle de problème de fartage, mais il n'y a pas uniquement ça."
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Quand je vois skier Emilien et Quentin, je ne retrouve pas le dynamisme qu'on a pu leur connaître ces dernières années
"Quand je vois skier Emilien et Quentin, je ne retrouve pas le dynamisme qu'on a pu leur connaître ces dernières années. Ils ne sont pas dans leur meilleure forme", considère Habert. Surtout, parler de fiasco total en matière de glisse serait difficilement intelligible : "Quand on voit comment ça marche chez les filles, c'est un peu désarmant (…) Ce sont les mêmes techniciens qui ont les mêmes liens avec les structures, les marques etc."
Dimanche dernier, la course des rois a eu lieu avant celle des reines, qui a accouché d'un doublé pour la délégation hexagonale : Julia Simon - Lou Jeanmonnot. Opérer un correctif entre deux épreuves étant possible, il n'y a rien eu d'incohérent à voir les Françaises mieux glisser que les Français. Mais en élargissant le spectre à une demi-saison, la théorie d'un fartage très en-dessous de la moyenne chez les messieurs paraît réfutable.
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Question de concurrence

Cependant, Loïs Habert souligne que Julia Simon ou autre Justine Braisaz-Bouchet – parmi les cinq meilleures fondeuses du circuit – ne font pas face à la même concurrence : "Les équipes féminines de l'Allemagne et de la Norvège sont beaucoup moins fortes que leurs homologues (Denise Herrmann, Tiril Eckhoff et Marte Olsbu-Roeiseland ont pris leur retraite, ndlr)." Un léger déficit contre Johannes Boe et sa bande ne s'annihile pas aussi aisément.
"[Les Français] sont un peu moins bien physiquement et ils ne sont peut-être pas les meilleurs en fartage", résume Habert. Un grain de sable de plus dans un cercle vicieux qui oblige à "sortir des schémas" : "Les gars sont en surfréquence, ils appuient… mais ils sont derrière (…) A partir du moment où un truc ne tourne pas rond, ce n'est plus le même biathlon qu'ils font." Un biathlon qui conduit à envisager le 100% au tir comme un prérequis. Sans garantie.
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