Coupe du monde - Deux duels au sommet pour le Graal de cristal : "C'est du 50-50 dans les deux cas"

La Coupe du monde est de retour. Il reste trois semaines, autant de manches et sept courses pour déterminer le nom des vainqueurs du gros globe de cristal, chez les hommes comme chez les femmes. Des deux côtés, un duel qui s'annonce serré, entre Johannes Boe et Sturla Holm Laegreid d'une part, Franziska Preuss et Lou Jeanmonnot de l'autre. Faites vos jeux !

Quatre biathlètes pour deux globes.

Crédit: Quentin Guichard

C'est l'heure de la dernière ligne droite pour la Coupe du monde de biathlon. Une longue, très longue ligne droite. Car les apparences sont trompeuses. Si la saison sera pliée dans trois semaines, il reste en réalité encore un tiers du calendrier à couvrir en nombre de courses. 14 ont été disputées, 7 sont encore à venir. Il y aura de tout : un individuel, deux sprints, deux poursuites et deux mass-starts. Avec, chez les hommes comme chez les femmes, un duel annoncé pour le gros globe de cristal. Sturla Laegreid vs Johannes Boe d'un côté, et le match Franziska Preuss – Lou Jeanmonnot de l'autre.
Il n'est pas si commun que le classement général soit encore aussi ouvert à double titre à la sortie du grand rendez-vous international de l'hiver, qu'il s'agisse des Mondiaux ou des Jeux. C'est même rarissime. D'autant que cette fois, il s'agit de "vrais" matches. "Parfois, il y a eu des duels en termes de points, mais on savait qu'il y en avait un ou une qui avait l'ascendant sur l'autre, note le consultant d'Eurosport, Loïs Habert. Là, moi, je mettrais un 50-50, tant chez les garçons que chez les filles. On a des athlètes qui ont des compétences et des qualités différentes mais ça peut basculer d'un côté comme de l'autre. Je serais bien incapable de dire qui va remporter le général."
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22 v'là Boe, Perrot sur la boîte : le dénouement de la poursuite

Video credit: Eurosport

Tant mieux. C'est tout le charme et l'attrait de ce mois de mars. 48 points séparent les deux Norvégiens chez les messieurs. Preuss, elle, bénéficie d'une marge un peu plus conséquente sur Jeanmonnot (92 points), soit une grosse victoire d'avance, mais elle n'est pas pour autant à l'abri. Le jeu reste ouvert et il le sera sans doute jusqu'au bout.

Preuss résiste à tout

Chez les hommes, si Johannes Boe part de derrière, dans l'esprit de chacun, le meilleur biathlète du monde, c'est toujours lui. Comment pourrait-il en être autrement ? "Dans l'imaginaire des gens, cette perception est tout simplement liée aux faits, juge Loïs Habert. Laegreid, c'est l'éternel second face à Johannes Boe. C'est un gars qui aurait gagné énormément de Coupes du monde s'il n'y avait pas Johannes. Il a fait deuxième du général plusieurs fois, il compte beaucoup de deuxièmes places derrière Boe, donc c'est évident pour tout le monde que le numéro un, c'est Johannes." Même si le classement général dit aujourd'hui le contraire.
Est-ce que tout repose sur le plus capé des deux Nordiques ? En grande partie, en tout cas. Quand il est motivé à 100%, Boe n'a pas d'équivalent. Mais quel est son véritable état d'esprit à trois semaines de la retraite ? "Cette motivation, elle ne se commande pas, rappelle notre consultant. Ce qui est certain, c'est que chaque fois qu'il prend un peu de repos, il revient et il gagne. Ça a toujours été sa marque de fabrique. Même l'année des JO, en 2022, quand il n'est pas très bien, il rentre chez lui, il revient, il éclate tout le monde." Or, après les Mondiaux, où il a conquis trois nouvelles médailles en solo, dont deux en or, il y a eu une petite coupure, qui pourrait être à son avantage.
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Laegreid devant les Boe : les temps forts de la poursuite en vidéo

Video credit: Eurosport

La fraicheur, physique et mentale, jouera à coup sûr un rôle déterminant dans ces trois dernières étapes. Les jambes vont devoir tenir. "Il y a de la fatigue en fin de saison. Parfois, même les coaches sont un peu perdus, tu ne sais plus trop comment remettre en forme un athlète, parce que ça ne réagit plus. En début d'hiver, tu fais une séance intense deux jours avant, tu te reposes, ça surcompense et c'est bon. En fin de saison, cette surcompensation, elle ne marche plus aussi bien. Même une semaine de repos ne suffit plus. Ça va se jouer sur le physique", relève Habert.
Franziska Preuss est ainsi apparue par moments un peu courte à Lenzerheide. Mais l'Allemande semble résister à tout cet hiver. A la pression, notamment, alors qu'à 31 ans (elle les fêtera la semaine prochaine), elle est pour la première fois de sa carrière à la lutte pour le gros globe. "On a vu que Lou avait la capacité de finir très bien les saisons. Ce n'est pas encore le cas de Franziska jusqu'ici", veut croire le patron du biathlon français, Stéphane Bouthiaux.
Reste que la grande force de l'Allemande, c'est sa constance. En dehors de l'enchaînement sprint-poursuite à Oberhof (28e et 20e), sur les 12 autres courses de Coupe du monde, elle a fini systématiquement dans le… Top 5. Impressionnant. D'autant que c'est ce qui paie en biathlon.
Je pense que Johannes a un petit ascendant psychologique sur Laegreid
"Le comptage du biathlon favorise le profil de quelqu'un qui ne sort pas des 5. C'est la constance qui rapporte. Là-dessus, Franziska est un petit peu au-dessus de Lou, analyse le consultant d'Eurosport. Avec le système de la FIS, Lou serait plus avantagée. Nous, si tu finis 4e toute l'année, à la fin, tu peux être en tête du général, en fonction de ce que font les autres. Ça, en ski alpin ce n'est pas possible. Tu ne marques pas assez de points par rapport aux gens qui gagnent. Pourtant, à course parfaite égale, je pense que Lou est un petit peu plus forte."
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Video credit: Eurosport

Il y a d'ailleurs une statistique qui pique un peu, révélant la force de la Française et celle de sa rivale. Lou Jeanmonnot compte six victoires cette saison en Coupe du monde. Soit quasiment une toutes les deux courses. Six succès, c'est autant que l'ensemble des neuf autres filles qui composent le Top 10 du classement général. Pourtant, c'est l'ultra-constante Preuss qui porte le dossard jaune. Cela accrédite la théorie de Loïs Habert : à son meilleur, Jeanmonnot est au-dessus. Toutes proportions gardées, et pour ne parler que de cet hiver, elle est un peu au biathlon féminin ce que Johannes Boe est chez les hommes.
Paradoxalement, ce ne sont donc peut-être pas les deux biathlètes les plus forts intrinsèquement qui sortiront grands vainqueurs de cet hiver. La gestion des temps faibles fera peut-être la différence. "Ça va peut-être se jouer sur des contre-performances, prédit Habert. C'est souvent ce qui se passe dans ces cas-là. Celui ou celle qui gagnera, c'est la personne qui aura fait la contre-performance la moins pire."
A l'heure de se mouiller, Habert mise, malgré tout, sur Boe et Jeanmonnot. "Mine de rien, Johannes va être ressourcé après les Mondiaux et je pense qu'il a un petit ascendant psychologique sur Laegreid", dit-il. Et les dames ? "Ce sont deux athlètes que j'aime beaucoup. Lou, évidemment. Mais Franziska Preuss est très humble, calme, posée et c'est tout ce que j'aime chez un biathlète et dans le sport en général. Après, je pense et j'espère que Lou va trouver les clés pour aller chercher ce général." Mais il le répète, "c'est du 50-50, dans les deux cas." Tant mieux.
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